Les Souliers bruns du quai Voltaire

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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

Les Souliers bruns du quai Voltaire

Historique - Assassinat MAJ mardi 20 septembre 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 8,6 €

Claude Izner
Paris : 10-18, septembre 2011
360 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-04918-6
Coll. "Grands détectives", 4449
Les enquêtes de Victor Legris, 10

Ce qu'il faut savoir sur la série

Les enquêtes de Victor Legris débutent en juin 1889, alors que l’Exposition Universelle bat son plein. La tour Eiffel, qui vient d’être inaugurée, en est la principale attraction. Victor est libraire rue des Saints-Pères. Passionné par son métier, il est également attiré par la photographie naissante et par la résolution d’énigmes. Il devient enquêteur pour protéger Kenji, son associé, qu’il considère comme son père.
Pour cette série, forte en 2009 de huit volumes, les auteurs s’appuient sur des faits divers étranges, en général étonnants mais réels, qui nourrissent une intrigue, d’une excellente facture, impliquant de près ou de loin des proches de Victor. Parallèlement à ces enquêtes, Claude Izner développe une véritable saga domestique avec une augmentation significative du microcosme familial. Chaque livre est aussi le prétexte pour explorer un quartier pittoresque, pour en faire une visite très documentée. Cette série se distingue par la qualité et la précision quant à la reconstitution de l’époque, par la richesse des descriptions. Le style, l’écriture, la richesse du vocabulaire et des images lui donnent une tonalité particulière, une authenticité peu commune.

Victor Legris et les bouquinistes

Le 31 décembre 1897, Sosthène Larcher, un libraire en chambre, est assassiné par une personne porteuse de souliers bruns. Amadeus recherche un précieux recueil volatilisé en 1792. Chez Larcher, il n'a pu subtiliser que la première page d'un manuscrit de 1830 qui évoque Le Milieu du Monde.
Raoul Pérot quitte son emploi de commissaire pour vivre sa vocation. Il s'installe bouquiniste, au numéro 11 du quai Voltaire.
Georges Moizan, un voisin de quai de Raoul, est assassiné le 9 janvier. Le tueur recherche une monographie qu'il aurait achetée, dans un lot, à Larcher.
À cinquante-sept ans, Philomène mène enfin la vie de ses rêves, grâce à l'héritage de son cousin. La réalisation de confitures en occupe une grande place. Euphrosine Pignot, la mère de Joseph, lui a prêté, sans le dire à son fils, un Traité des confitures, un ouvrage rare emprunté dans les rayons de la libraire Elzévir. Philomène lui a rendu un ouvrage insipide qui avait la même couverture. Pour satisfaire son fils qui réclame ce princeps anonyme de 1755, elle décide d'aller le rechercher et de faire l'échange. Arrivée au domicile, elle trouve la femme morte, la tête dans une bassine. Terrorisée, Euphrosine s'enfuit et va trouver Victor. Elle lui raconte ce qu'elle vient de vivre. Elle presse le jeune homme de l'aider. Celui-ci veut l'assistance de Raoul Pérot. Tout le quartier est en révolution, secoué par la Une de L'Aurore, signée Émile Zola.
Victor a promis à Tasha de ne plus s'exposer, mais l'attrait du mystère est le plus fort, d'autant que les crimes se multiplient : un corps décapité est retrouvé dans la boite d'un bouquiniste...

Les deux sœurs qui signent Claude Izner placent la nouvelle enquête de Victor Legris dans le milieu des bouquinistes, sur les quais de Paris. Elles dépeignent un microcosme qu'elles connaissent bien, avec ses usages, ses traditions, les liens entre ses membres, les amitiés et les inimitiés, comme dans tout groupe humain. Avec Raoul Pérot, elles créent un lien avec le secteur de la librairie, un pont entre ces deux façons de faire vivre le livre.

Elles concoctent une intrigue qui touche de près la petite communauté réunie autour de la librairie Elzevir, en mettant le meurtre au cœur de leur univers. Le récit distille une tension qui croît au fil des pages, avec la mise en danger, une fois encore, de la famille des enquêteurs amateurs. Les auteurs multiplient les rebondissements innovants et des péripéties ingénieuses. Elles intègrent dans leur intrigue une large part d'enquête de type policier, pimentée de fantastique. Elles signent, sur ce dernier thème, un épilogue savoureux et très humoristique. Elles imposent à leur récit un rythme soutenu, presque trépidant, passant par de courts paragraphes d'un acteur, d'une scène à un autre. Elles le font avec beaucoup d'habilité. Le lecteur n'est jamais dérouté, dubitatif, à se demander : "Où suis-je ? Qui est ce personnage ?"

Un travail remarquable de documentation étaye leur récit de faits puisés au plus près de la réalité historique. Elles livrent, d'ailleurs, une synthèse chronologique de leurs données en fin de volume où sur vingt-quatre pages, elles reviennent sur les événements qui ont marqué l'année 1898. Elles l'illustrent de placards publicitaires dont certains sont déjà aussi fallacieux que ceux d'aujourd'hui.
Leur saga s'enrichit de nouveaux personnages et d'un approfondissement des caractères de leurs héros. Elles les rendent encore plus accessible, plus humains.

L'enquête menée lors de l'année 1898, ne pouvait faire l'impasse sur l'un des événements majeurs de cette période : l'éditorial de Zola, le 13 janvier, à la Une de L'Aurore. Elles font une description plus que convaincante de son impact, la stupeur, les réactions paroxystiques des tenants et des adversaires de Zola et de Dreyfus. Elles donnent, à travers leur microcosme, les arguments, les tenants et les aboutissants de cette affaire. Elles décrivent le déferlement de haine qui accompagna cette publication, au point que Victor n'hésite pas à mettre dehors, définitivement, une cliente aux opinions si contraires aux siennes.

Ces enquêtes sont l'occasion de suivre l'existence quotidienne d'un groupe de personnes, qui composent ce qu'on peut appeler le Peuple, dans cette dernière décennie du XIXe siècle, une période particulièrement riche en évolutions fondamentales. Elles permettent de découvrir une multitude de métiers et d'activités aujourd'hui disparus.

La lecture des Souliers bruns du quai Voltaire, est un ravissement. La dixième enquête de Victor, et de son entourage, est une réussite totale, une heureuse immersion dans un monde si proche et si lointain.

Citation

Une mince monographie, mi-vélin, mi-papier chiffon, à la couverture marbrée de rouge et bleu. Je sais qu'elle est passée entre tes mains. Larcher a craché le morceau.

Rédacteur: Serge Perraud jeudi 04 août 2011
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