La Nuit la plus longue

L'enseignement est une vertu qui aigrit. Le flicage est un vice qui enorgueillit. Et comme il est plus facile d'abandonner une vertu qu'un vice, il n'a pas le choix.
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Roman - Noir

La Nuit la plus longue

Ethnologique - Braquage/Cambriolage - Mafia MAJ mercredi 27 juillet 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

L'homme face aux éléments

Récemment, Bertrand Tavernier réalisait Dans la brume électrique avec les morts confédérés, un film adapté d'un roman de James Lee Burke. Il avait décalé l'action temporellement pour la situer en 2005, au moment où le cyclone Katrina, dévastait la Louisiane. Or dans ses romans, James Lee Burke développe souvent les relations tissées entre les hommes et la nature, décrivant ce que les éléments naturels peuvent apporter ou déclencher dans les sentiments et les pulsions humaines. Il était donc intéressant de voir ce que sa vision de Katrina et de ses conséquences sur un endroit qu'il aime pouvait déclencher.

Ce qui fascine dans La Nuit la plus longue c'est combien James Lee Burke a réussi à épurer son texte. Chaque nouveau roman mettant en scène Clete et Robicheaux apporte la preuve que James Lee Burke surprend et enthousiaste tout en restant fidèle à sa ligne de conduite. L'exercice est d'une élégance rare qu'il faut souligner. Là, quelques scènes évoquent les préparatifs des habitants pour lutter contre la tornade qui s'annonce, avant que l'on passe directement aux conséquences. Elles sont évidemment à la fois humaines (il décrit des cadavres au fil de l'eau), matérielles, économiques.... Surtout Katrina va dévoiler le meilleur et le pire de chacun de ses personnages comme ce prêtre junkie qui essaye de sauver ses paroissiens prisonniers dans le grenier de l'église alors que les eaux montent, ou inversement ces petits voyous qui profitent de l'occasion pour se livrer au pillage.

Le pire est sans doute à chercher dans l'après-ouragan lorsque James Lee Burke par petites touches montre la détresse des gens et le manque de réaction et de moyens des autorités, leur veulerie aussi, et les escroqueries nées de la reconstruction. Sur cette solide et forte toile de fond, James Lee Burke inscrit une intrigue classique avec ses héros Clete et Robicheaux aux prises avec un tueur psychopathe chargé de récupérer le trésor illégal que des pilleurs ont volé à un chef de la mafia locale.

Encore une fois, par delà l'histoire très épurée, c'est le parcours des personnages - il y a un agent d'assurance et son épouse dont la fille a été violée, et qui sont encerclés par des pillards qui ressemblent aux agresseurs de leur fille ; un des violeurs qui cherche le repentir -, qui apporte l'essentiel de l'attrait de ce roman. Comme Dans la brume électrique (on y revient toujours), l'histoire flirte avec des éléments naturels et fantastiques (ces lumières blanches qui parcourent les flots dévastateurs), des éléments qui renvoient au final à une allégorie religieuse qui a sous-tendu un roman âpre, porté par le désir de rédemption, nécessaire après une apocalypse vécue.

Récompenses :
Trophée 813 Michèle Witta du roman étranger 2011

Citation

Comme le Candide de Voltaire je voulais juste cultiver mon jardin et ne plus voir personne. Malheureusement, ce n'est comme ça que ça marche.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 26 juillet 2011
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