Les Brumes du passé

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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Policier

Les Brumes du passé

Historique - Social MAJ mercredi 20 avril 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,8 €

Leonardo Padura
La Neblina del ayer - 2005
Traduit de l'espagnol (Cuba) par Elena Zayas
Paris : Points, janvier 2011
432 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-2183-1
Coll. "Policier", 2530

Cuba Livre

Mario Conde est un ancien flic qui n'a pas perdu son flair, qui n'a pas perdu ses réflexes, et qui n'a pas perdu ses "prémonitions" qui insupportaient tant ses collègues parce qu'elles finissaient toujours par se révéler exactes. Le livre débute par l'une d'elles : Condé, qui s'est reconverti dans l'achat de livres auprès de particuliers désireux de vider leur bibliothèques pour remplir leurs assiettes, se trouve dans la caverne d'Ali Baba du bibliophile : la bibliothèque des Montes de Oca. Il sait qu'il y a ici de l'argent à se faire. Beaucoup d'argent, comme il n'aura plus l'occasion d'en remplir ses poches. Mais il y autre chose. Quoi ? Il ne le sait pas encore mais compte bien le découvrir. Et si cet article de journal trouvé entre les pages d'un livre de cuisine, vantant les mérites de Violeta del Rio dite "La reine de la nuit", chanteuse de boléro cubaine des années 1960 était la clef de cette prémonition ? On s'enfonce alors dans la bibliothèque, on s'enfonce dans la mémoire du Cuba du XXe siècle, dans celui des révolutions, dans celui de la musique, de la grandeur et de la déchéance, on s'enfonce dans la mémoire des Montes de Oca, de Conde et des quartiers oubliés de La Havane.

Leonardo Padura nous gratifie sans aucun doute d'un livre exceptionnel. De ceux qu'on ne lâche pas, de ceux qui font que le roman policier ne peut définitivement plus être rangé parmi les romans de gare, de ceux qui restent. Une traversée de Cuba. Celui des années 1960, de ses musiciens, de ses bars, de ses chanteuses et de ses rêves. Et le Cuba actuel qui semble maudit, ruiné qui reste sonné par des décennies d'une crise qui semble à son paroxysme. Au milieu, un ancien flic qui reste debout grâce à du mauvais café. Et il y a cette voix qui traverse le livre, celle de "La dame de la nuit", tombée dans l'oubli après avoir envoûté le tout Cuba. Conde n'aura de cesse d'aller à sa recherche, comme un Ulysse qui aurait dénoué les liens qui le maintenaient au mât pour écouter le chant des sirènes. Parce que là réside la faille taillée par Padura : il entraîne son héros là où il sait qu'il se perdra, il le précipite à l'endroit même où les hommes trébuchent, où ils ne se relèvent qu'à la force de renoncements et de privations. Mais les privations, à Cuba, on connaît bien, si bien que les premiers billets venus de la vente des livres des Montes de Oca sont pour Conde l'occasion de célébrer la gastronomie, l'amitié et la littérature. Les Brumes du passé nous envoûte à la manière d'une chanteuse de boléro qu'on aurait rencontré au hasard d'un bar cubain et dont on n'aurait pu s'empêcher de tomber amoureux. On la suit, on la traque et on sait qu'elle nous perdra et qu'elle restera là, quelque part en nous. Morte ou vive.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°30 |La Tête en noir n°141

Nominations :
Prix du meilleur polar des lecteurs de Points 2011

Citation

Je suis flic, Conde, rien qu'un flic : je ramasse la merde, je ne distribue pas les repas...

Rédacteur: Gilles Marchand lundi 11 avril 2011
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