Le Poète de Gaza

Mais ce n'était pas suffisant : le notaire a précisé qu'elle devait se rappeler d'une chose, avant tout, c'est qu'il avait aidé sa mère à obtenir ce poste d'agent de service au collège etqu'il pourrait l'aider dans le sens contraire, si tu vois ce que je veux dire, a-t-il poursuivi en jouant avec sa clé de contact, qui s'agitait à l'extrémité de ses doigts, sous les yeux de Clémence.
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Roman - Noir

Le Poète de Gaza

Social - Terrorisme MAJ jeudi 13 janvier 2011

Cette part d'humanité au plus profond de nous

Le narrateur est un agent spécial israélien. Son métier est simple : empêcher les attentats terroristes des Palestiniens. Pour cela, tout est bon : la torture, les pressions et les fausses identités. Sa nouvelle mission est compliquée : gagner la confiance d'une écrivain israélienne et pouvoir ainsi s'approcher d'un poète palestinien. À travers lui c'est son fils, terroriste international, qui doit être retrouvé.
À l'instar de la situation israélienne, le personnage décrit par Yishaï Sarid est dans un état de crise important. L'alternance entre la vie professionnelle et la vie personnelle, le stress que provoque le métier bien particulier du narrateur, ses doutes naissants sur son travail se lient aux doutes sur sa vie de couple. Et lorsque cela se déglingue à un endroit, des fêlures se répercutent immédiatement sur l'ensemble des situations. L'auteur parvient à travers un personnage à décrire toute l'ambiguïté de la situation et du bourbier israélien. Malgré les tensions qui existent et qui devraient/pourraient paralyser les gens ou les placer dans des situations de choix, l'auteur présente également des personnages qui lâchent la rampe, qui ne s'occupent que de leur petit destin individuel.
Le narrateur, de par sa profession, navigue dans les couches de la société israélienne et l'ensemble des données géographiques. Même s'il semble d'ici, que le pays est minuscule, Yishaï Sarid en quelques lignes dresse un portrait de zones riches, commerciales, occidentales, symbolisées par la vie intellectuelle florissante et le dépérissement de maisons squattées par de jeunes Juifs drogués.
À un moment-clé du livre, le narrateur qui jamais ne verbalise une quelconque opposition à la politique poursuivie et les moyens employés, se trouve confronté à un juge qui par souci démocratique veut en savoir plus sur sa façon de procéder. L'on se trouve alors face à un long développement fort et prenant sur la nécessité de se salir les mains et l'obligation pour la société d'en savoir le moins possible sur ceux qui se salissent pour elle.
Le récit alterne avec bonheur des moments liés au quotidien des personnages, que ce soit dans des situations heureuses ou tristes, voire dramatiques. À cet égard, la femme du narrateur à travers quelques scènes courtes acquiert une présence forte. Pourtant jamais le roman ne prend partie. Yashid Sarid réussit à la fois à décrire la situation d'un point de vue très particulier mais en parvenant à garder à distance les affects. Sans approfondir, il décrit en de courtes scènes, la montée d'un sentiment amoureux, d'amitié, la perte de confiance dans un couple, l'affection d'un fils pour son père, la lutte d'une mère pour sauver son fils.
En évitant les scènes choc d'explosion par exemple, en replaçant toujours l'humain au cœur de son dispositif, l'auteur nous oblige à lire en dépassant nos a priori pour découvrir un monde complexe, dense et rendu avec justesse où jouer l'amoureux pour obtenir des informations n'empêche pas de tomber amoureux, où créer une amitié artificielle peut déboucher sur une vraie amitié.... où le véritable ennemi c'est peut-être vous-même.


On en parle : L'Indic n°9

Récompenses :
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2011

Nominations :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2012
Prix Orange/Sauramps 2011

Citation

- C'est un assassin. Je l'ai vu dans ses yeux. J'aurais dû le tuer là-bas, dans le taxi. - Vous êtes tous des assassins.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 13 janvier 2011
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