Le Pic du diable

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jeudi 28 mars

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Roman - Policier

Le Pic du diable

Tueur en série MAJ lundi 03 janvier 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8 €

Deon Meyer
Devil's Peak - 2007
Traduit de l'anglais (Afrique du Sud) par Estelle Roudet
Paris : Points, octobre 2008
524 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-1076-7
Coll. "Policier", 2015

Trouver le Cap

Griessel est un inspecteur en Afrique du sud. Tout va mal pour lui. Jusqu'à présent il se tenait mais là, dans une crise alcoolique, il a battu sa femme. Elle vient de le mettre à la porte de chez eux, et il doit regagner sa confiance au moment même où il est chargé d'une enquête délicate car un tueur en série d'un genre particulier commence à se manifester. En effet, ce tueur ne s'en prend qu'aux tueurs ou agresseurs d'enfants ! Dans le même temps, une travailleuse du sexe doit se débrouiller avec un client particulièrement jaloux qui est en même temps un grand bonnet de la drogue...
Avec l'Apartheid, la littérature sud-africaine était sous-représentée, mis à part André Brink, autant connu pour ses prises de positions politiques que pour la qualité de ses histoires. Avec Deon Meyer, c'est le polar qui est entré dans la cour internationale. Il ne s'agit pas d'une série, stricto sensu mais plutôt d'une comédie humaine où les personnages prennent plus ou moins le devant de la scène. Dans un roman précédent, c'était le supérieur de Griessel qui était le personnage principal et dans le suivant c'était un ancien espion que l'on retrouve ici dans un rôle important.
Même si l'arrière-plan politique est présent, et révèle des côtés qui peuvent paraître étranges (car la nouvelle configuration fait que la discrimination positive joue à l'inverse et empêche la promotion de certains Blancs), le roman décrit aussi une société où les blessures subsistent encore, où les gens ont peur, et un système politique qui, en s'alignant sur les démocraties à l'anglo-saxonne, a pris aussi leurs défauts : recherche d'un bouc émissaire, d'un lampiste pour pallier les incompétences. Une partie du roman tourne autour de manœuvres sournoises de la guerre des polices. En voulant coincer un homme impliqué dans les violences pour enfants et s'en servir comme appât pour le tueur, Griessel vient marcher sur les plates-bandes d'une autre enquête. Les autres policiers refusent de coopérer et cachent même des indices...
Ce qui fait la grande force de ce roman noir, c'est aussi qu'il traite des addictions. Toutes les pensées de l'inspecteur sont tournées vers l'alcool puis vers ses tentatives pour devenir abstinent. C'est en même temps l'occasion de nous présenter son parcours intérieur afin de découvrir pourquoi il boit et de suivre les méandres de son cheminement décrits de manière extrêmement convaincante. En parallèle, il y a cette jeune femme qui se dit obsédée par le sexe et le pouvoir qu'il procure, et qui est devenue call-girl. Mais tout cela n'est que poudre aux yeux et Griessel, qui va mentir pour couvrir un crime, ne fait que révéler la terrible réalité : tout le monde passe son temps à mentir pour couvrir ses propres turpitudes, pour accroitre son bonheur. Le tueur en série croit purifier le monde en assassinant des bourreaux d'enfants et au final, il aura tué autant de véritables coupables que d'innocents. Deon Meyer réussit en nous transmettant la confession de sa call-girl à décrire le parcours d'une jeune fille avant in fine de tout retourner comme une crêpe et ainsi de nous présenter des personnages perdus qui cherchent à survivre dans un monde qui a oublié l'humain.
Roman très noir, se permettant de grands moments de lumière et d'humanité, contrastant avec des moments d'une rare violence (un final où Griessel règle ses problèmes de manière sauvage), Le Pic du diable dresse le portrait rude d'une société qui se cherche, avec le regard aiguisé que savent porter les grands auteurs du polar.

Citation

Alors avant que ça n'arrive, mieux vaut se mettre à nu. Se détruire. Parce qu'en le faisant soi-même, au moins, on garde un certain contrôle sur ce qui se passe.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 31 décembre 2010
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