Rictus

Si j'hésitais plus longtemps, mes nerfs allaient lâcher ou j'allais m'évanouir de fatigue. Je n'avais plus beaucoup de jus, mais je n'allais pas abandonner, pas encore. Il fallait en finir. Je devais mettre un terme à tout ça. Alors je pris une profonde inspiration, puisai le peu d'énergie qui me restait, m'efforçai d'oublier les douleurs qui me parcourait le corps.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Policier

Rictus

Arnaque - Vengeance - Assassinat MAJ vendredi 31 décembre 2010

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9 €

Jean-Pierre Ferrière
Paris : Plon, octobre 2010
182 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-259-21242-7
Coll. "Noir rétro", 4

Attention à la réaction !

Mathieu, trente-quatre ans, est hébété. Il a reçu un véritable coup de massue quand le docteur Tristan lui a annoncé qu'il avait un cancer inopérable. D'après le médecin, son espérance de vie est de six, sept mois, moins d'un an. La nouvelle l'abasourdit et il erre dans Chartres. Il rencontre Sandra, qui fait du racolage. Il la suit jusqu'à sa chambre et parle de son état. La conversation s'engage. Le père de la femme est veilleur de nuit dans l'entreprise où travaille Mathieu. Celui-ci fait part de ses soucis pour les siens. Il va laisser Jeanne, sa femme, qui élève François, son fils de deux ans, sans ressources. Face à son désarroi, Sandra lui conseille de trouver de l'argent par tous les moyens : cambriolage, kidnapping... "Tu n'as rien à perdre." ajoute-t-elle. S'il pouvait finir de payer la maison, au moins sa famille serait à l'abri. Quelques jours plus tard, en rentrant du travail, il remarque qu'une voiture le suit. C'est le lendemain que la conductrice ose l'aborder. Il reconnait la secrétaire du Dr Tristan. Elle est informée de la situation de Mathieu et, après bien des hésitations, lui propose une grosse somme d'argent pour... tuer un homme. C'est un sale type, un escroc qui a mené ses parents à la ruine et à la mort. Il tue l'homme et découvre quelques temps après qu'il n'a pas de cancer. Le Dr Tristan a disparu...
Jean-Pierre Ferrière met en scène des personnages ordinaires, presque insignifiants, des "gens d'en bas" qui se débattent dans les difficultés de la vie quotidienne. À un moment donné, sous la pression de circonstances, leur existence bascule et ils passent dans un autre univers. Dans Rictus, Mathieu est un ouvrier qui n'a d'autre ambition que sa famille et sa maison. Le portrait de Jeanne est encore plus frappant. L'auteur l'a décrit comme : "Jeanne la sage, Jeanne l'économe." Mathieu l'appelle même : "Ma fourmi". Mais, une maladie implacable chamboule le petit monde où il évolue. Jean-Pierre Ferrière décrit, avec une justesse de ton remarquable, les réactions de son héros et leur succession : l'incompréhension, le refus, voire la négation de la maladie et de son inexorable conclusion. Puis, c'est un sentiment d'injustice et de révolte qui se fait jour : "Pourquoi moi et pourquoi maintenant ?" C'est aussi l'angoisse de laisser les siens sans ressources. Jeanne sera obligée de reprendre un emploi, de mettre François à la crèche et de déménager.
L'auteur décrit les détails de la vie quotidienne de ces gens modestes de façon très réaliste, avec finesse, pudeur, sans tomber dans la caricature.
Autour de ces personnages, Jean-Pierre Ferrière construit une intrigue captivante, riche en rebondissements. Les phases s'enchaînent avec naturel, et la tension croit jusqu'à un final parfaitement orchestré. Son écriture fluide, son art de la narration, l'apanage des grands conteurs, contribuent à rendre ce roman encore plus attrayant. La réédition de Rictus s'imposait. Sa relecture prouve, a postériori, que la collection "Spécial police" du Fleuve noir, compte nombre de bijoux romanesques ignorés.

Citation

... mais aujourd'hui qu'il se savait condamné, injustement condamné, il estimait que cela lui donnait certains droits, y compris celui de se conduire comme une fripouille dans le but d'assurer l'avenir de sa famille.

Rédacteur: Serge Perraud dimanche 12 décembre 2010
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