L'Heure d'avant

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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Thriller

L'Heure d'avant

Énigme - Mafia MAJ jeudi 09 décembre 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17 €

Colin Harrison
Risk - 2009
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Renaud Morin
Paris : Belfond, septembre 2010
24 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-4767-8
Coll. "Noir"

Actualités

  • 14/10 Édition: Parutions de la semaine - 14 octobre
  • 18/02 Édition: Parutions de la semaine - 18 février
    La semaine éditoriale en promet pour tous les goûts et sous de multiples formes.
    Côté grands formats, nous nous arrêterons sur le roman à quatre mains, La Forme de la peur, proposé par Giancarlo De Cataldo et Mimmo Rafele chez Métailié, une plongée noire italienne dans la corruption, les manipulations géopolitiques et les guerres de civilisation.
    Tout autre ton, tout autre sujet aux Presses de la Cité avec un Voyeur observé par Brian Freeman entre policier et thriller. Une affaire de meurtre non élucidé qui ressurgit avec un meurtre similaire des années plus tard. Un thème somme toute commun mais avec une approche et un style qui méritent le détour.
    Enfin, pour ponctuer ces nouveautés, coup de chapeau à Omnibus qui réédite l'intégrale des aventures de Richard Hannay. Le personnage, né de la plume de John Buchan est le principal protagoniste des 39 marches vampirisées par Alfred Hitchcock. Les romans époustouflants n'ont pas pris une ride car ils étaient précieusement protégés par de la naphtaline...
    Signalons pour terminer les éditions en grands caractères de La Sanction, de Trévanian, un roman d'espionnage qui démarre de façon truculente et sur les chapeaux de roue avec un style très caustique et humoristique ainsi que Meurtre dans un jardin indien, de Vikas Swarup. Pour ce dernier, il s'agit d'une enquête classique à la facture indienne avec arrêt sur chacun des personnages liés à un crime. L'Orient-Express en gare de Dehli...

    Grand format :
    La Double vie de Laura Swan, de Benjamin Black (NIL)
    Moisson de sang, de Sharon Bolton (Fleuve noir, "Thriller")
    À pas comptés, de Christophe Bourgois-Costantini (Michel Lafon, "Polar")
    Les 39 Marches et autres aventures de Richard Hannay, de John Buchan (Omnibus)
    Souvenirs du rif, de Michel Claise (Luce Wilquin, "Noir pastel")
    Le Livre des âmes, de Glenn Cooper (Le Cherche Midi)
    Les Silences de Margaret, de Paul Couturiau (Presses de la Cité, "Romans Terres de France")
    La Forme de la peur, de Giancarlo De Cataldo & Mimmo Rafele (Métailié, "Noir")
    Homicide à Saint-Yorre, de Claude Ferrieux (éditions du Petit pavé)
    La Face cachée des miroirs, de Catherine Fradier (Au diable Vauvert)
    Le Voyeur, de Brian Freeman (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
    La Maison en pain d'épices, de Carin Garhardsen (Fleuve noir")
    Templa mentis, de Andrea H. Japp (Flammarion)
    Psychose au 26, de Hervé Jourdain (Nouveaux auteurs, "Policier")
    Marée noire, de Attica Locke (Gallimard, "Série noire")
    Missions interdites : l'homme de Medellin, de Gérald Moreau (Pascal Galodé, "Thriller")
    Chienne d'enquête, de Spencer Queen (Calmann-Lévy)
    Autopsies, de Kathy Reichs (Robert Laffont, "Best-sellers")
    Lieutenant Eve Dallas. 13-14, de Nora Roberts (J'ai lu, "Grand format")
    La Maison du comte, de Jean Satgé (Le Bord du Lot)
    Le Pilleur de tombes, de Violaine Vanoyeke (Le Rocher)

    Poche :
    Sous les bruyères, de Belinda Bauer (10-18, "Domaine policier")
    La Librairie des ombres, de Mikkel Birkegaard (10-18, "Domaine policier")
    Venin, de Sharon Bolton (Pocket, "Thriller")
    La Chasse sauvage, de Laetitia Bourgeois (10-18, "Gands détectives")
    La Colonie des ténèbres, de Jérôme Bucy (Pocket, "Thriller")
    Les Héritiers du mal, de Chelsea Cain (Pocket, "Thriller")
    Le Livre des morts, de Glenn Cooper (Pocket, "Thriler")
    Le Père et l'étranger, de Giancarlo De Cataldo (Métailié, "Suite italienne - noir")
    Aesculapius, de Andrea H. Japp (J'ai lu)
    Sang d'encre au 36, de Hervé Jourdain (Pocket, "Policier")
    Horreur boréale, de Åsa Larsson (Folio, "Policier")
    Le Livre de l'amour, de Kathleen McGowan (Pocket, "Best")
    Le Passager silencieux, de Viviane Moore (Elytis)
    Descendez-le à la prochaine, de San-Antonio (Fleuve noir, "San-Antonio")
    Maigret et les témoins récalcitrants, de Georges Simenon (LGF, "Policier")
    Les Chiens ne mordent pas, de Gunnar Staalesen (Folio, "Policier")
    Au-delà du mal, de Shane Stevens (Pocket, "Thriller")

    Grands caractères :
    La Mort à nu, de Simon Beckett (Libra diffusio)
    L'Enquête, de Philippe Claudel (À vue d'œil)
    Plus fort que le doute, de Nicci French (À vue d'œil)
    L'Heure d'avant, de Colin Harrison (À vue d'œil)
    Au voleur !, de Carol Higgins Clark (Libra diffusio)
    Nous savons tout, de Gregg Hurwitz (À vue d'œil)
    Aesculapius, de Andrea H. Japp (Libra diffusio)
    Le Bon usage des compliments, de Alexander McCall Smith (À vue d'œil)
    On ne peut pas tout avoir, de Ruth Rendell (À vue d'œil)
    Meurtre dans un jardin indien, de Vikas Swarup (Libra diffusio)
    La Sanction, de Trevanian (À vue d'œil)
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Jeux de mains...

Roger Corbett était un homme sans histoire. Un ancien de Wall Street ruiné comme il y en a beaucoup à New York, mais pas sans moyens – juste moins riche qu'il ne l'a été au temps de sa splendeur. Sa mort aussi aura été sans histoire, et sans mystère : trop absorbé par ses pensées, il s'est laissé faucher par un camion-benne en sortant d'un bar, au milieu de la nuit. Il n'y a rien de suspect ; c'est un accident et l'affaire est vite classée. Pourtant la mère de Roger engage un détective privé, un dénommé Hicks, pour enquêter. Oh, non pas sur les causes de la mort de son fils – c'est un authentique accident et elle ne conteste pas les conclusions du rapport de police. Non : ce qu'elle veut savoir, c'est ce que faisait son fils dans ce bar, pourquoi il y a passé les quatre dernières heures de sa vie. Le détective obtient des résultats, mais qui ne suffisent pas à sa commanditaire. Elle demande donc à George Young de reprendre les recherches au point où Hicks les a arrêtées.
George Young, la cinquantaine tranquille, marié-père de famille, lui aussi sans histoire, employé depuis de longues années du cabinet d'avocats fondé par feu l'époux de Mme Corbett. Sans histoire et sans éclat particulier, mais M. Corbett père l'avait à la bonne. Et George était très attaché à son patron. Alors oui, il accède à la demande de la vieille dame.

Avec pour tout bagage une "grande enveloppe verte" contenant les rapports de Hicks et quelques autres informations concernant le défunt, George Young commence à chercher. Ses investigations peu à peu envahissent sa vie et prennent un tour presque obsessionnel. Sans doute la rencontre avec Eliska, la maîtresse de Roger, y est-elle pour beaucoup – énigmatique Eliska, avec sa silhouette tout en longueur, ses yeux pâles et son parler émaillé d'erreurs syntaxiques... Eliska la Tchèque, "mannequin de détail" dont seules les mains sont starifiées et qu'elle ne montre jamais que gantées... Derrière ces mains hypnotiques, qu'Eliska habille et dissimule comme la vérité, soigne et entretient comme ses mensonges, George Young entrevoit de minces fils qu'il entreprend de suivre. À la clef ? de vagues lumières, fragiles, qui épaississent le mystère au lieu de le dissiper.

L'Heure d'avant a d'abord été un feuilleton publié par le New York Times Magazine à raison d'un épisode par semaine, avec toutes les contraintes d'écriture que cela suppose – calibrage du texte, insertion dans la trame du récit de rappels permettant aux lecteurs de rattacher dans leur souvenir les épisodes entre eux, etc. Au prix de quelques adaptations – sur lesquelles l'auteur s'explique ici – les quinze épisodes feuilletonesques d'environ deux mille mots chacun sont devenus un roman en douze chapitres. Un roman où l'on ne devine plus trace de cette première vie (sauf peut-être des récurrences un peu insistantes à propos des mains d'Eliska, qui peuvent aisément passer pour l'expression de l'emprise qu'elles exercent sur le narrateur) et qui fonctionne à la perfection : la transmutation est une réussite.
Outre que la matière noire en elle-même est intéressante parce que sous ses nuances mafieuses elle convoque un objet de trafic pour le moins intriguant, elle est modelée avec un art consommé de la narration : les chutes de chapitres sont aussi acérées qu'une lame de sabre, et chaque élément nouveau glané par le narrateur s'intègre au récit en apportant, avec ses éclaircissements, des questions inattendues. Et puis sous la matière noire, subreptices, des indices esquissent une autre affaire... dont il convient de ne rien dire à moins de vouloir briser la coquille de ce qu'il faut, dans une chronique, préserver d'un texte. Toutes caractéristiques qui signalent un excellent roman "à énigme" et celui-ci a, de plus, les attraits du récit "psychologique" : écrit à la première personne, il fait la part belle aux introspections du narrateur, qui s'emballent sous l'effet de ce bouleversement intervenu de façon si surprenante dans son existence confortable mais plate.

C'est donc entendu : on a affaire à un polar excellemment conçu. Qui prend un charme accru quand on a, avant lui, fréquenté d'autres romans de Colin Harrison. On constate alors combien l'auteur est maître de sa technique narrative : en moitié moins de pages qu'à son habitude, il parvient à construire un récit où l'on retrouve sa propension aux digressions et aux descriptions mais ramenées ici à des proportions parfaitement ajustées à une "distance" romanesque abrégée. Les connaisseurs auront surtout plaisir à retrouver, dans L'Heure d'avant cette singulière étrangeté si particulière aux livres de Colin Harrison. Une étrangeté qui n'est rien autre que rareté ou incongruité, qu'un rien suffirait à précipiter dans le fantastique ; une étrangeté qui, peut-être, reflète ce que communique à l'écriture du romancier la "personnalité" si j'ose dire de New York, cette ville qui a tant d'importance dans ses histoires, cette ville où il vit et où évoluent ses personnages, dépeints comme s'ils étaient transfusés par quelque sérum urbain propre à la Grosse Pomme...

Citation

Ces mains-là ne saisissaient plus, ne pinçaient plus, ne grattaient plus ; elles évoquaient l'immortalité et la perfection.

Rédacteur: Isabelle Roche mercredi 02 mars 2011
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