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vendredi 19 avril

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Roman - Noir

Souviens-toi de la lune

Psychologique - Disparition MAJ mercredi 22 septembre 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 14 €

Stéphane Servant
Rodez : Le Rouergue, septembre 2010
304 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-0161-3
Coll. "DoAdo Noir"

La Métamorphose...

Quel univers d'écriture que celui de ce roman jeunesse ! Dès l'exergue, Jim Morrison et David Lynch (celui de Mulholland Drive), excusez du peu. Et puis cette écriture, dévorant à pleine dents les possibilités qu'elle s'ouvre ! Si singulière, effroyablement construite autour de son personnage principal, ce David qui s'abîme en classe dans la contemplation d'un lézard gravé sur son bureau, s'y abîme vraiment, s'y enfonce pour nous faire pénétrer dans un véritable délire textuel. Mais le lézard d'abord (Jim, bien sûr !). Un truc préhistorique. Brut. Cette force sauvage qui s'en dégage. Si violente qu'il s'enfonce la tête dans les chiottes pour vomir, hagard, réalisant soudain qu'il va mourir bientôt. Un prologue en coupe-gorge. David dans son mobil-home, au bout du monde. Carrefour (sic !), chef-lieu du bayou, capitale de l'alligator. David y fait du vélo, s'emmerde, et il écrit. Il écrit pour échapper à la poussière cosmique qui ensevelit chaque jour un peu plus la surface de la terre. Carrefour, une ville fantôme d'États-Unis incertains. Une ville à la frontière du réel, planquée dans les derniers méandres du Mississippi. Carrefour, "juste le bout de la course pour des itinéraires tordus". Et lui, David, lecteur assidu de Kafka. Dans son bahut, onze élèves ont disparu. Tout le monde s'en fiche. Chez lui, il subit son père, mutilé, alcoolique, qui hait les bouquins. Surgit Julee. Elle a tout ce à quoi il peut rêver. Julee, qui repose dans le monde avec toute la force de son évidence. Rien à justifier. Elle est là, depuis toujours. Tenant littéralement le monde à bout de bras, aux yeux de David. Le seul lieu où exister enfin. Ou presque : car il a l'écriture. L'écriture qui le tenaille. Jusqu'au jour où sa prof lui annonce la venue en classe d'un écrivain. David n'en croit pas ses oreilles et forme aussitôt le projet de lui montrer ses textes. Son manuscrit. Qu'il met en œuvre aussitôt : Carrefour. Rien moins. Fiévreux jusqu'au jour J., l'écrivain – Lebreton - débarquant sans fanfare, maussade, jeté dans la fosse au lion. Insipide lors de l'échange, du reste impossible : la foire d'empoigne de soudards qui n'en ont rien à faire des livres. Insipide et mauvais quand David ose lui montrer son manuscrit : "c'est de la merde". Un choc. David effondré. Fou de rage, d'humiliation. De quel droit cette larve... Ne cesse dès lors d'enquêter sur Lebreton, soupçonné un temps de détournement de mineurs. Est-ce lui, les onze disparus ? David fouine, habité par une voix obscure qui l'envahit peu à peu. La Chose, comme il la nomme, la rancœur aidant, le métamorphose jour après jour en monstre. David tout entier saisi par l'écriture, s'y jetant en réfugié d'abord, en hystérique très vite, recouvert de son propre délire, basculant et faisant tout basculer dans le romanesque pour s'ouvrir désormais un horizon tout "fantastique". La Chose, réalise-t-on alors, a tout envahi, a dévoré le texte jusqu'au délire, ce texte soudain peuplé, colonisé par les morts, où David s'est enfermé avec passion et nous avec. Quel roman, qui ose sa singularité et la pousse jusqu'au bout !

Citation

Sous la caravane de Johnson, Saint-Pierre s'est mis à aboyer.

Rédacteur: Joël Jégouzo vendredi 10 septembre 2010
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