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Ma vie des autres (243)
Courts récits de 1000 signes. 243 : l'amour, des hauts et des bas surtout. Elle me dit qu'elle m'aime moins. Elle m'aime donc peu désormais, mais elle m'aime encore un peu. Je ravale ma tristesse et je cache mon bonheur perdu sous le tapis pour le regarder plus tard. Nous continuons malgré tout notre train-train. Au passage, je remarque que l'expression train-train a deux wagons reliés par un crochet. Ce qui correspond bien à ce que nous sommes aujourd'hui. Et moi, est-ce que je l'aime moins, et encore moins depuis qu'elle m'aime moins ? Je ne peux que répondre que je l'aime telle qu'elle est aujourd'hui et comme elle pense. J'aime donc qu'elle m'aime moins, qu'elle m'aime peu, mais qu'elle m'aime encore un peu. Je suis heureux qu'elle m'aime encore un peu car elle pourrait ne plus m'aimer du tout. C'est une chance dans ce monde d'être encore aimé un peu. Je connais des personnes qui ne sont pas aimées du tout et que moi-même je n'aime pas d'ailleurs. En fait, être aimé un peu me comble de joie. Ma tristesse disparaît et je récupère mon bonheur enfoui sous le tapis. À mon tour, je lui dis que je l'aime moins pour lui faire partager mon bonheur. Je lui explique que je l'aime peu désormais, mais que je l'aime encore un peu. C'est sûr, on va de nouveau se tomber dans les bras.
Mille signes. Autant de preuves de vie adressées à autrui que de caractères dans chaque fiction. Chacun à mille existences et chacun est en miettes. "Ma vie des autres" collecte ces miettes et en fait un chemin de cailloux blancs ou noirs qui mène forcément quelque part.
Jan Thirion
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