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vendredi 29 mars

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Apprendre le polar

Apprendre le polar Il y a plusieurs façons d’être lecteur : occasionnelle, permanente, compulsive, monomaniaque... L’étape suivante, parfois, c’est de développer une addiction. Le lecteur découvre un genre qui lui plaît, y goûte une fois, puis deux, puis toujours. Il lui faut alors l’explorer, commencer par les fondateurs, se pencher sur les précurseurs, les novateurs, les détracteurs, les mythes... Ça n'est pas une obligation, mais chez les Fondus Au Noir, c'est un peu comme ça qu'on vit la chose.
Le genre littéraire se démarque de la littérature générale, dite blanche, par ses codes propres, ses caractéristiques marquées. C’est le cas du polar. Un moyen intéressant de parcourir ce genre est de l’aborder par le biais d’une thématique. L’approche permet de balayer un large éventail de romans et d’auteurs. Débarrassé de ses critères sélectifs habituels, le lecteur s’offre la possibilité de chouettes découvertes. Ainsi on pourra se retrouver à lire les excellents Le Charlatan de Gresham ou Tarot de William Bayer parce qu'on se penche sur le jeu et que dans le jeu il y a les cartes à jouer et que dans les cartes à jouer il y a le "Tarot de Marseille", plus tard on se retrouvera en Afrique avec Simenon et sa "Trilogie africaine" parce qu'on a décidé de voyager depuis son fauteuil au coin du feu. Peut-être que ce seront les détails qui nous attirerons, alors on se retrouvera à lire tous les Manchette ou les ADG en notant scrupuleusement la façon dont ils causent des voitures. On se passionne pour le sport et là surprise (ou évidence) : il n’y a pas qu’Harlan Coben à l’utiliser dans ses intrigues ! Mince, on vient de lire Haruki Murakami, David Peace ou Thierry Marignac.
Un genre peut vite produire des clichés et s'y enfermer tant du point de vue de l'écriture, du style, que du scénario. Ce travers semble assez inéluctable, par le fait même que le genre produit des personnages et des situations qui deviennent comme des règles engendrant ainsi des stéréotypes qui peuvent vite devenir redondants. Pour en sortir et s'ouvrir des horizons, rien de tel que prêter attention à autre chose que le suspens, le crime, le meurtrier. La curiosité permet de ne pas tourner en rond en passant d'une mode à une autre en restant à surfer sur une vague qui va vers où ? Eh bien une autre vague qui conduit vers une autre vague ; tout cela peut vite devenir répétitif et lassant... et conduire tout droit à la dépression. Le monde est vaste, mais notre temps est compté... il vaut mieux bien choisir ses chemins, en lecture comme ailleurs. Affûter son œil, son sens critique, c'est affiner son goût, et tomber sur les rares merveilles que le polar a à offrir, cachées derrière la masse de romans inintéressants qui font comme des sables mouvants où l'on risque de s'enliser. Bien sûr convenons-en, tout dépend ce que le lecteur vient chercher dans le polar. Pour notre part, par exemple, quitte à s'enfiler un vieux pot il vaut mieux un Charles Williams qu'un Carter Brown.

Caroline et Emeric
Fondu Au Noir

NdR - L'équipe de Fondu Au Noir est la première à se prendre au jeu de l'événement k-librien. On ne peut que se réjouir d'accueillir des textes comme celui-ci qui vont, nous l'espérons vous encourager à vous précipiter sur cette merveilleuse revue qu'est L'Indic. D'autant que les collectionneurs doivent faire attention : le premier numéro est déjà épuisé !
Liens : Thierry Marignac | David Peace | Jean-Patrick Manchette | Fondu au noir | L'Indic n° 3
Par La Rédaction



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