En ce sanctuaire

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dimanche 10 novembre

Contenu

Roman - Noir

En ce sanctuaire

Hard boiled - Urbain MAJ vendredi 03 décembre 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 14,5 €

Ken Bruen
Sanctuary - 2008
Traduit de l'anglais (Irlande) par Pierre Bondil
Paris : Gallimard, octobre 2010
200 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-012576-0
Coll. "Série noire"

Actualités

  • 17/12 Radio: Et deux épisodes de plus, deux... (Ondes noires, de la Noir'rôde)
    La onzième saison d'Ondes noires - "L'émission polar la plus rock de la bande FM" - s'est il y a peu enrichie de deux épisodes supplémentaires que l'on peut écouter au bout de ce lien. Retour sur ondes...

    Épisode 4 - 17 novembre
    L'on a coutume d'écouter en première partie d'émission des chroniques et, cette fois, c'est un entretien qui ouvre le bal, une conversation téléphonique avec Hervé Delouche, qui vient d'être réélu président de l'association 813. Ce n'est pas cette reconduction qui vaut à 813 d'être l'objet d'une attention particulière de la part de la Noir'rôde mais le trentième anniversaire de l'association. Petite remontée aux origines, présentation de la revue et des Trophées éponymes sans oublier le site internet : Hervé Delouche brosse un beau portrait en abrégé de cette association qui est aujourd'hui un acteur déterminant dans le petit monde du noir/polar.
    Baptisée d'après le titre d'un des romans de Maurice Leblanc ayant Arsène Lupin pour héros, elle a vu le jour en 1980, dans le prolongement du premier festival français dédié aux littératures policières qui s'est déroulé à Reims. Et ses premiers membres étaient, sinon des auteurs de romans policiers, du moins des amateurs très éclairés, voire des spécialiste d'un genre alors ignoré quand il n'était pas méprisé. Même si l'horizon du paysage polar s'est considérablement modifié les raisons ne manquent pas qui justifient que l'on se mobilise encore pour défendre un genre que beaucoup continuent de snober.
    813 c'est aussi une revue. D'abord bulletin de liaison entre les membres de l'association, elle a peu à peu évolué vers l'outil de référence. Elle est, à ce jour, l'une des plus denses avec ses dossiers thématiques, ses interviews d'écrivains et autres études de fond. Un numéro spécial a été édité pour ce trentième anniversaire, où sont recensés les "cent polars préférés" des huicenttreizistes. Une petite bible pour qui voudrait débuter une "bibliothèque noire idéale" mais aussi pour le lecteur boulimique qui découvrira là deux ou trois perles ignorées de lui.
    La seconde partie de l'émission se déroule aussi au téléphone, avec au bout du fil Jean-Marc Lahérrère - on peut lire ses chroniques sur son blog Actu du noir - qui vante les mérites d'un roman argentin paru aux éditions Rivages, Patagonia Tchou-tchou*.
    "Pas vraiment un polar, plutôt un roman d'aventure, un roman social" explique Jean-Marc Laherrère, que l'on qualifierait de "road movie" s'il s'agissait d'un film au lieu d'un livre, et si l'action se déroulait sur route plutôt que sur rail. Disons, alors, que l'on a affaire à un "train novel" ?
    Raúl Argemi, Patagonia Tchou-tchou (traduit de l’espagnol – Argentine – par Jean-François Gérault), Rivages "noir", octobre 2010, 272 p. - 8,50 €

    Épisode 5 - 1er décembre
    Une première partie "tout à Jacques" qui, d'abord, adresse un beau coup de chapeau à Sébastien Gendron, dont il salue deux romans, Taxi, take off & landing – un roman soi-disant "aérien" qui débute dans un aéroport mais, en réalité, plutôt une sorte d'OVNI livresque bien difficile à étiqueter – et Mort à Denise, contribution de l'auteur à la vaste saga du "Poulpe" alias Gabriel Lecouvreur. Ainsi Jacques emboîte-t-il le pas à Bob Garcia qui, sur une autre station de radio – TSF Jazz – avait déjà fait savoir combien l'OVNI "aérien" l'avait désopilé... Avec citations et extraits à l'appui – par exemple cette description de la promise du héros : "grosse, chiante comme un CD de Florent Pagny et peu portée sur le chichi" - Jacques ne peut qu'emporter l'adhésion de tout auditeur ayant quelque envie de se décrisper les zygomatiques. Quant à l'épisode du "Poulpe", il a son zeste de références révolutionnaires – on y croise paraît-il le Che, et Fidel, mais dans un esprit plus proche des Picaros d'Hergé que de la dialectique marxiste – et semble se vouloir plus poulpesque que ses pairs : chaque chapitre porte en titre celui, détourné, d'un film fameux, par exemple "La dernière tentation du Poulpe"... Pour relever encore son enthousiasme pour Sébastien Gendron, Jacques rapproche sa plume de celle de Jean-Bernard Pouy. Peut-on ne pas être, à son tour, gagné par l'envie de se plonger dans ces deux livres ?
    Pour clore la première partie, il passe de Gendron à Chainas… via "Le Poulpe" puisque Antoine Chainas a lui aussi "fait son Poulpe", 2030 : l'odyssée de la poisse.
    En seconde partie d'émission, Corinne s'entretient avec Anne-Marie Mancels, comédienne et ancienne fonctionnaire de l'État, fondatrice des éditions Porte-voix. Elle édite des "livres à lire avec les oreilles", dont l'idée lui a été soufflée si l'on peut dire par le côtoiement de non-voyants au cours d'ateliers de lecture avec des non-voyants qu'elle a animés. Elle a ainsi découvert que beaucoup d'entre eux ne connaissent pas le braille et se fondent essentiellement sur l'écoute, d'où cette initiative de mettre des textes à leur portée en les leur proposant lus par ses soins et enregistrés sur CD. D'emblée la jeune éditrice a voulu créer deux catalogues, l'un généraliste et le second "tendance noire", centré sur la littérature de la région marseillaise. Pour l'heure, trois titres ont paru dont deux polars, Tueuse d'Annie Barrière, et Bonne mère de François Thomazeau.
    Jacques et Corinne concluent ce cinquième épisode en chœur pour saluer un auteur qu'ils affectionnent particulièrement, Ken Bruen. Ils ont donc beaucoup apprécié l'initiative des éditions Fayard - l'une des deux maisons qui éditent Ken Bruen en France, la seconde étant Gallimard - qui ont rassemblé en un recueil intitulé Une pinte de Bruen 1* quelques-uns des premiers textes de l'auteur, de ceux qu'il a écrits avant de connaître la gloire littéraire. L'on trouve dans ce recueil deux courts romans d'environ cent cinquante pages et des nouvelles dans lesquels, explique Jacques, se lisent déjà les grands traits qui caractérisent la "patte" de ce romancier irlandais. Un auteur qu'on ne lit pas pour se mettre du baume au cœur mais pour jouir "d'une très belle écriture", dit Corinne. On aura donc grand profit à acquérir ce recueil, soit pour découvrir un auteur soit pour approfondir ce que l'on sait de ses livres...
    Mais l'on pourra aussi préférer aborder un texte plus récent, par exemple la septième "affaire" de Jack Taylor, En ce sanctuaire, soigneusement présenté par Corinne.
    * Ken Bruen, Une pinte de Bruen 1 (traduit par Simone Arous), Fayard "Noir", mars 2010, 380 p. - 19,50 €.
    Liens : Patagonia Tchou-tchou |2030 : l'odyssée de la poisse |Tueuse |Maurice Leblanc |Raúl Argemí |Antoine Chainas |Ken Bruen |Sébastien Gendron |François Thomazeau |Anne Marie Mancels |La Noir'Rôde |813 |813

God save the Ken

Jack Taylor, détective privé de son état, reçoit une lettre étrange égrenant une courte liste de personnes qui ne tardent pas à mourir les unes après les autrs. Pourquoi a-t-il reçu cette liste ? Quel mystère recèle-t-elle ? Entre ses démons personnels et la ville dont il semble connaître tous les habitants, Jack Taylor a bien du mouron à se faire.
Ken Bruen est à présent bien connu des amateurs pour ses deux séries policières noires mettant en scène la vie irlandaise et ses remous. Si l'une est plus centrée sur la figure du policier, En ce sanctuaire met en avant l'autre personnage récurrent de l'auteur : Jack Taykor. Digne fils de Marlowe, c'est un détective privé qui a érigé le cynisme en art de vivre, un cynisme qui cache mal son empathie naturelle avec le monde. Pour occulter tous ces faux-semblants qui empoisonnent sa vie, Jack Taylor se détruit par tous les moyens possibles : il use des alcools forts, qu'il ponctue de séances de désintoxication, histoire de reprendre encore plus fort ; il avale médicaments et drogues dures comme d'autres des pastilles Vichy ; il se met en délicatesse avec son ancien supérieur hiérarchique, resté dans la police et qui a les moyens de lui en faire voir de toutes les couleurs. Il cultive la rancune et le masochisme à un degré inégalé dans le roman noir. Dans ce volume, alors qu'il est censé faire ami-ami avec un policier, une fois que se sont arrangés certains malentendus, il le frappe sauvagement.
Centré sur le détective, l'intrigue n'est qu'un prétexte - ici, réussi - pour nous entraîner sur les pas du personnage central, dans sa longue dérive, décrite avec un soin extrême du détail, ne s'arrêtant pas seulement la joie alcoolique mais également et plus longuement sur ses lendemains. Le tueur mystérieux est dévoilé rapidement mais son ombre sinistre et secrète plane tout au long du roman comme le remords d'autres affaires irrésolues ou mal conclues. Des intrigues parallèles sont esquissées - la recherche d'un poney, la lutte avec le chef d'un groupe anti-homosexuel -, des personnages récurrents (un prêtre ancienne manière, une policière lesbienne) viennent faire un petit tour puis repartent dans l'anonymat de la ville.
En ce sanctuaire pousse dans ses conséquences les plus justes et noires le récit sombre du détective privé, privé de tout, dans sa ville, en proie à ses démons aussi grands que ceux qu'ils pourchassent ou que ceux qui gangrènent la ville entière.


On en parle : La Tête en noir n°148

Citation

Quand ma vision s'éclaircit et que la douleur s'atténua un peu entre mes jambes, je réussis à distinguer deux pourritures de flics, c'est aux godasses qu'on les reconnait ces enfoirés.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 01 décembre 2010
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