Argent facile

C'est à ce moment-là, d'un geste lent qui décuplait son plaisir, que l'homme sortit un pistolet de sa poche. Il en caressa la crosse d'un noir brillant. Son extrémité ternie par la poudre montrait qu'il avait servi plusieurs fois. Puis, de façon plus brutale, avec la rapidité d'un chasseur sur sa proie, l'Homme au chapeau pointa son canon sur la nuque de l'archiviste.
Alexandra Koszelyk - L'Archiviste
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Contenu

Roman - Espionnage

Argent facile

Géopolitique - Arnaque MAJ mardi 27 juillet 2010

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9 €

Donald Westlake
Money for Nothing - 2003
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Natalie Beunat
Paris : Rivages, juin 2010
328 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2120-9
Coll. "Noir", 783
John Archibald Dortmunder

Ce qu'il faut savoir sur la série

John Archibald Dortmunder, chômeur invétéré, est le plus malchanceux des cambrioleurs de New York. Ses plans géniaux sont assujettis aux aléas de la ville. Un magasin qui déménage et c'est une affaire rondement menée qui s'écroule. À ses côtés, sa compagne, May, caissière chez Bohack, et toute une clique de spécialistes des casses qui se réunissent au O.J. Bar & Grill d'Amsterdam Avenue. Là, officie le barman Rollo qui nomme tout ce beau monde par ce qu'il boit. Ainsi Dortmunder se voit affublé d'un "double-bourbon-glacé", pendant que Stan Murch, le chauffeur, est doté d'un laconique "bière-et-sel", parfaite injure au mercantilisme d'un bar : le sel sert à faire mousser une bière que l'on tient à faire durer ! Ensemble, la vie n'est pas banale et le moindre coup prend des proportions dantesques, mais jamais ils ne perdent de vue leur objectif.

Agent dormant contre sa volonté

Josh est à court d'argent. Aussi, quand il a l'agréable surprise de recevoir un chèque de mille dollars d'un certain Agent américain, ses soucis semblent disparaître. D'autant que le mois suivant, c'est un second chèque qui arrive. Si, au début, Josh tente un peu mollement de trouver qui est à l'origine de ce don providentiel, par la suite, il se contente d'encaisser le chèque devenu mensuel. Sept ans plus tard, alors que cette routine est bien rodée, Josh n'a plus de problème d'argent. Marié et père d'un enfant, propriétaire, Josh mène une vie de famille normale. Sa femme et son enfant sont en vacances, et Josh les rejoint chaque week-end. Avant d'embarquer dans un ferry, Josh est accosté par un agent secret qui lui annonce que l'agent dormant qu'il était doit maintenant se mettre en action. Et cet homme est de toute évidence quelqu'un d'une république de l'ex-URSS. Josh doit obéir, sinon sa vie et celle de sa famille sont en péril. L'histoire se complique quand il rencontre l'homme qui l'avait enrôlé. Enfin, enrôlé est un grand mot. Josh était au milieu d'une arnaque. Historiquement, il est agent dormant depuis dix ans. Et il ne touche ses émoluments que depuis sept. Pourquoi ? Parce que son recruteur se mettait son revenu dans la poche, et qu'il est tombé en disgrâce sept ans auparavant. Son successeur n'a fait que son travail : rémunérer les agents dormants. Alors qu'il se doit de dire la vérité à son épouse, Josh se retrouve confronté à une kyrielle de problèmes. Pêle-mêle : une femme fatale investit son appartement transformé en arsenal, un despote d'une obscure république sort de son antre pour se pavaner au Madison Square Garden, un agent dormant est retrouvé mort tandis qu'un autre fait son théâtre en ville.

Il y a du Cary Grant dans ce personnage de Josh. On l'imagine très bien dans un film d'Hitchcock avec un scénario auquel personne ne peut croire alors que lui se démène comme un beau diable pour se dépatouiller de cette situation inextricable. On sent Josh complètement dépassé par les événements, et pourtant, comme il doit réagir, il réagit. Bien sûr, c'est du Westlake pure souche, alors le comique de répétition et de situation est au rendez-vous, mais cette histoire est bien plus triste qu'il n'y parait et la tragédie ne cesse de pointer le bout de son nez. D'une situation ubuesque, car ce sont ses ficelles usuelles, Westlake nous sort un scénario complètement plausible. Chacun rêve un jour d'être un agent secret. Mais quand le rêve devient réalité et qu'il n'est pas l'objet d'une plaisanterie, c'est une autre paire de manches. Argent facile n'est pas seulement un pastiche du roman d'espionnage, c'est un roman d'espionnage à part entière où, malgré l'humour qui prédomine, la terreur et l'angoisse prennent peu à peu le pas, sans que les personnages secondaires rassurants ne puissent grand-chose. Car telle est l'autre facette du génie de Westlake : il nous propose toute une fresque humaine où il ne néglige personne. Son secret ? On sent qu'il est amoureux de tous ses personnages, les méchants comme les gentils. Même quand le gentil éclate la tronche d'un méchant, on ne peut s'empêcher de voir que c'est avec tendresse, mais sans retenue !

Citation

‎- Josh Redmont ? dit-elle avec une délicieuse pointe d'accent.
"Je suis marié", faillit répliquer Josh. Mais il y aurait forcément un moment plus opportun pour cette remarque. Josh en était certain. Il se contenta de répondre :
- Oui, c'est bien moi. J'habite ici.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 27 juillet 2010
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