Les Étranges talents de Flavia de Luce

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mardi 16 avril

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Roman - Policier

Les Étranges talents de Flavia de Luce

Assassinat - Victorien MAJ mercredi 16 juin 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit



Prix: 17 €

Alan Bradley
The Sweetness at the Bottom of the Pie - 2009
Traduit de l'anglais (Canada) par Hélène Hiessler
Paris : Jean-Claude Lattès, mai 2010
356 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-3089-4

Miss Marple en culottes courtes

L'Angleterre des années 1950. La campagne. Un propriétaire de manoir, veuf et dépressif. Ses trois filles dont la dernière Flavia, jeune chimiste de treize ans. Une nuit, un cadavre est découvert dans le jardin. Flavia qui a peur que son père ne soit le coupable va essayer de démêler les fils de cette intrigue complexe car y a-t-il un rapport avec un oiseau retrouvé mort sur le pas de porte ? Et surtout qui a volé un bout de tarte dans la cuisine ? Y a-til un lien entre les deux événements ?
La couverture burtonienne trompe un peu son monde car les talents de Flavia ne sont aucunement monstrueux. Bradley est canadien, mais s'est employé avec force et joyeuseté à reconstituer l'atmosphère délicatement désuète et surrannée que les grandes heures de la littérature policière classique anglaise nous ont proposé. Le roman se situe dans la profonde campagne, où l'on se déplace à bicyclette, où les postières connaissent tout sur leurs clients, et observent tout mine de rien. Derrière les façades sombres des manoirs, des gouvernantes veillent au grain sur les enfants, et les parents et cuisinent des tartes indigestes. Le nobliau local, ancien vétéran de la guerre, utilise un homme à tout faire un peu fou et se distrait en collectionnant des timbres. À proximité un collège anglais dont l'un des professeurs s'est suicidé en se jetant du toit avec toge et robe, et où tous ont appris les bonnes manières.
Dans ce monde rural, les vengeances se préparent en déposant des oiseaux morts, en remuant des passés anciens qui ressurgissent comme des volcans mal éteints. Les méchants et les cadavres viennent de pays lointains comme la Norvège ou les États-Unis.
Mais l'exercice serait un peu vain si Bradley ne renouvelait pas quelques éléments : ici, il a décidé que son enquêtrice serait une petite peste de treize ans, très douée pour la chimie (elle passe son temps à essayer de créer des poisons indétectables, des poisons pas forcément mortels mais qui feront grossir les lèvres de sa sœur) et aussi curieuse que les vieilles dames qui tricotent derrière leurs rideaux. Sur sa vie flotte l'image d'une mère morte, ce qui laisse beaucoup de liberté à l'héroïne pour aller et venir. Même si elle cherche à sauver son père qui ferait un coupable idéal, elle s'occupe surtout de cette histoire comme d'un nouveau jeu, une nouvelle variable pour accompagner l'ennui normal et nécessaire de cette campagne anglaise, et elle utilise toutes les ressources de son intelligence et sa connaissance approfondie de la chimie pour essayer de résoudre l'énigme de ce cadavre apparu comme par enchantement dans ses plates-bandes. Un cadavre qui dans la bonne tradition fait revenir à la surface d'autres crimes oubliés. Et ainsi Bradley nous offre avec les yeux pétillants et pleins de malice d'un enfant ce que Christie ou Wentworth nous offraient à travers leurs vieilles dames.

Citation

Je bondis de ma chaise et quittai la pièce, en larmes. Ce n'est que le lendemain matin que je songeai au poison.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 16 juin 2010
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