San-Antonio et son double

Essai - Noir

San-Antonio et son double

Mieux vaut Dard que jamais

En cette année de commémoration des dix ans de la disparition de Frédéric Dard, les publications, études et rééditions fleurissent. Comme si l'on se rendait enfin compte de la place de cet auteur dans le Panthéon de la littérature. Cette place, Dominique Jeannerod se propose de la définir, en surmontant un paradoxe flagrant : comment expliquer que Frédéric Dard, phénomène unique de l'édition française, en soit également l'un des plus méconnus. C'est que le prisme de San-Antonio aurait presque tendance à occulter l'autre versant de la création dardienne. Alors Dominique Jeannerod convoque tous les écrits de Dard (romans noirs, sous pseudonymes, contes, nouvelles, scénarios radiophoniques, théâtre, télévision...) en les replaçant dans leurs différents contextes historiques et littéraires. Il revient sur les ambitions de Dard et sur ses rapports ambigus avec la "vraie" et la sous-littérature, analyse les stratégies éditoriales de l'auteur et ses frustrations, et fait la part belle à l'accueil critique de l'œuvre en remettant en perspective avec brio la prétendue reconnaissance par ses pairs de San-Antonio.
Admirateurs de Frédéric Dard comme simples curieux ou amoureux des lettres se doivent d'avoir San-Antonio et son double dans leur bibliothèque. Parce qu'il s'agit, à n'en pas douter, d'une étude qui fera date, par son exhaustivité et sa clairvoyance, mais également par sa clarté et sa lisibilité. On comprendra désormais pourquoi, à quelques exceptions près, on avait parfois l'impression que Frédéric Dard était davantage une curiosité critique (un phénomène de foire éditoriale) qu'un écrivain à part entière et que sa vraie place dans le paysage littéraire français était encore à définir. Cet ouvrage contribuera grandement à combler cette lacune.
Il était temps !

Citation

(Extrait de Les Clés du pouvoir sont dans la boîte à gants, de San-Antonio, cité par Dominique Jeannerod) : 'Des années d'écriture m'ont appris que mon métier ce n'est pas d'être écrivain, mais d'être San-Antonio.'

Rédacteur: Maxime Gillio vendredi 21 mai 2010 partager : | |