L'Agent Seventeen

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Roman - Espionnage

L'Agent Seventeen

Tueur à gages - Complot - Trahison MAJ mercredi 08 mars 2023

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

John Brownlow
Seventeen - 2022
Traduit de l'anglais par Laurent Boscq
Paris : Gallimard, mars 2023
504 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-296870-9
Coll. "Série noire"

N'être qu’un numéro

L'agent Seventeen est le meilleur. Avant lui, il y a eu Sixteen. Bien avant eux, il y a eu First. Mais c'est une autre histoire. Demain, il y aura Eighteen. C'est aussi une autre histoire. Officiellement, tous ces numéros n'existent pas. Mais en sous-main, quelque part au fin fond des États-Unis, entre un parcours de golf et des champs de vigne bio, se trouve un domaine où sévit Handler. Handler, c'est un J. Edgar Hoover du XXIe siècle. Quelqu'un qui a des dossiers sur tout le monde, que tout le monde craint et qui ne craint personne et qui peut compter sur le soutien des agences américaines gouvernementales. Surtout, c'est lui qui assigne ses ordres de mission à Seventeen. Comme par exemple d'aller faire un carton dans une salle de réunion d'un immeuble de bureaux de Berlin. Sans se poser de question. Seulement, Seventeen en est à un point de bascule dans sa carrière. Il commence à douter de ses actes, et ses gestes précis d'habitude s'en ressentent. Mais c'est un professionnel, et il se sort de cette mission comme il sait le faire. Son seul tort sera peut-être de s'en ouvrir à Handler. Sa crédulité sera sans doute d'accepter dans la foulée une autre mission à Berlin : l'interception d'un échange entre deux agents pour le compte de l'Iran. Une mission menée là aussi tambour battant mais qui aboutit sur trois faits troublants : un agent iranien qui clame haut et fort dans un tunnel de métro avant de mourir : "Parachute, parachute, parachute" ; une tueuse qui vient l'accoster dans un bar juste après sa dernière mission ; et une troisième mission qui consiste à retrouver Sixteen et à l'éliminer. Car Sixteen est une erreur dans la carrière des agents secrets : il est à la retraite, vivant. Et nul ne sait où il se trouve. Mais il y a une certitude : il écrit des romans policiers très bien informés sous le nom de Kondracky. Seventeen part donc pour une nouvelle mission pleine d'inconnues, la peur au ventre, les certitudes ébranlées et sa paranoïa en mode exponentiel sans se douter une seule seconde que ce qu'il va affronter est bien pire que tout ce qu'il pouvait imaginer.

Cinq cents pages. Presque cent soixante chapitres. Le roman de l'Anglais John Brownlow est un thriller d'espionnage tout en rythme, très visuel, avec beaucoup (parfois trop) d'action. Comme ses prédécesseurs en la matière, l'intrigue joue sur deux éléments-clé : la fomentation d'un complot et l'utilisation d'agents selon un schéma froid qui leur échappe. Avec un style sec, classique et qui manie la causticité, John Brownlow nous propose plusieurs trames narratives. Le présent de Seventeen. Son passé. Celui de Sixteen. Tout ça s'entremêle selon un canevas qui fait que l'on découvre des pans de vie des deux agents progressivement. On finit par connaitre leurs motivations premières, leurs renommées, leurs doutes et leurs espérances. Si au début, il y a une proie et un prédateur, on se doute assez vite que les affaires vont se compliquer, qu'il va y avoir des alliances de circonstance et beaucoup de dégâts. Tout tourne autour du traumatisme américain de la guerre du Golfe et de la volonté des États-Unis de mettre un terme au régime iranien. Mais tout tourne aussi sur la nécessité d'avoir des preuves, vraies ou pas, et d'avoir des agents secrets malléables, corvéables, qui agissent sans penser, pouvant être des pions que l'on sacrifie sur l'échiquier de sa propre vanité. Cependant, à travers les trajectoires plus que similaires de ces deux agents secrets qui ont une génération d'écart, John Brownlow propose aussi une réflexion sur le fameux "Au service de la nation" ; amène des éléments de réponse sur la notion de vérité et, s'il ne dénonce rien, soumet un autre mode de vie, comme une réflexion humaniste, heureusement brouillée par des cartes féminines. Un roman très distrayant à ranger à côté des Tueurs Bannerman, de John R. Maxim, autre œuvre jouissive sur la retraite des agents secrets américains.

Citation

Les types comme nous sont des agents du chaos. Où qu'on aille, on laisse des décombres toxiques dans notre sillage, et puis on se sauve, en s'en remettant au destin pour ne jamais repasser dans le coin. Au fond, nous sommes des lâches.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 08 mars 2023
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