L'Affaire Myosotis

Avec les années on s'habitue, et il vaut mieux, car les hommes entre eux ne sont pas meilleurs que les bêtes, surtout ne pas croire, ne pas espérer qu'ils viendront aider le plus faible quand ils attendent de lui enfoncer la tête pour le noyer plus sûrement.
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Roman - Espionnage

L'Affaire Myosotis

Politique - Social - Assassinat MAJ vendredi 17 février 2023

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Luc Chartrand
Paris : Le Seuil, mai 2022
504 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-149892-9
Coll. "Cadre noir"

Gaza noir

Lorsqu'un cadavre criblé de balles est découvert sur une place de Gaza, intervient Mohammed Hanyeh, un des rares policiers de carrière de tout le territoire. De toute évidence, le mort était un ajnabi, un étranger, ce qui signifie que les autorités politiques vont s'en emparer. Pour Paul Carpentier, un Canadien installé en Palestine, attiré par sa patronne et amie Sarah Steinberg de la fondation Steinberg pour la paix entre les deux États, l'affaire prend un tour personnel. Le mort s'appelait Pierre Boileau, et a été le professeur de droit international de Carpentier avant de devenir haut fonctionnaire à l'Agence canadienne pour la démocratie. Comment cet homme honnête et intègre a-t-il pu finir truffé de plomb dans une ruelle de Gaza ? D'après Sarah Steinberg, il se savait menacé et avait pris rendez-vous avec elle. L'Agence avait été victime d'une véritable épuration et Boileau lui-même accusé des pires horreurs. Car il est facile d'accuser d'antisémitisme quiconque ose critiquer la politique de l'État d'Israël, à défaut de sa légitimité... Mais pour les politiques, la question est plutôt de savoir si Boileau était là à titre privé ou au nom de l'État canadien. De plus, les fonds de l'agence semblent avoir servi à financier l'ONG Myosotis, un groupe d'entraide pour les enfants psychologiquement marqués par les conflits. Une ONG irréprochable jusqu'à ce qu'elle s'occupe des Gazaouis... Mais si la clé était plutôt à chercher dans les dessins d'un enfant ayant vu l'armée "la plus morale au monde" en action ?

On souhaite à l'auteur de ne pas connaître le même sort que son protagoniste, tant il soulève des vérités qui dérangent. En l'occurrence comment les accusations d'antisémitisme brandies à tort et à travers (de façon de moins en moins convaincantes) font taire toute critique de la politique israélienne – et s'il montre bien que de nombreux juifs s'élèvent contre cette politique, les brutes islamistes en prennent également pour leur grade... Autant dire que comme le montrait l'indispensable Te retourne pas, Handala (dont on a dit tout le bien qu'il faut en penser), ce sont tous les non-extrémistes d'un côté comme de l'autre qui servent de dommages collatéraux. Mais si le côté thriller politique est essentiel à ce roman touffu, aux nombreux personnages, il convoque plutôt l'espionnage moderne (donc débarrassé de ses visées propagandesques), réussissant à créer ce vertige propre au genre qui donne l'impression de toucher du doigt l'actualité, même si l'on n'y comprend pas forcément tout. Certes, il faut s'accrocher pour se souvenir de qui est qui et s'attendre à un parti-pris de réalisme plus que de l'action à la Jason Bourne, mais si la résolution est très simple, le voyage en vaut largement la peine...

Citation

La tombée du jour à Gaza n'avait rien de semblable à celle des villes fonctionnelles où s'allument les réverbères et les néons colorés. Ici, la ville semblait plutôt s'éteindre et ses habitants se transformer en fantômes.

Rédacteur: Thomas Bauduret vendredi 17 février 2023
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