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Album - Guerre

Guerriers de l'enfer

Historique - Social - Musique MAJ lundi 30 mai 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

À partir de 13 ans

Prix: 15 €

Joseph H. Lewis (scénario), Gary Kelley (dessin)
Harlem Hellfighters - 2014
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Fenn Troller
Paris : Les Éléphants, octobre 2019
32 p. ; illustrations en couleur ; 32 x 24 cm
ISBN 978-2-37273-084-6
Coll. "Album"

Europe à la rescousse de la France

Il faudrait lire cet album sous-titré "Ils sont venus se battre de Harlem à nos côtés" en écoutant les morceaux de jazz de James Reese Europe. Écouter ne serait-ce qu'une fois sa Marseillaise endiablée pour comprendre ce qu'ont ressenti les soldats blessés d'Aix-les-Bains ou les villageois libérés de Bitschwiller. Voici donc Guerriers de l'enfer, un magnifique album de J. Patrick Lewis (texte) et Gary Keller (illustrations) ou la rencontre graphique et poétique impromptue entre Miles Hyman et un Edward Hopper perdu dans la Grande Guerre au service du récit des Harlem Hellfighters. Gary Kelley se veut à travers cet album un témoin impartial de cet épisode qui débute dans les rues de New York à l'ombre du Flatiron Building (qui devait encore s'appeler à l'époque le Fuller Building), cet impressionnant immeuble à la forme en fer à repasser qui sera magnifié plus tard par le cinéma. Pour l'heure, dans la rue, un bus à étage circule, enrôlant les "porteurs de valises, majordomes, portiers d'hôtel ou liftiers" alors que sur son toit s'époumonent les musiciens de Big Jim. Nous sommes en décembre 1917.

Après l'agression du Lusitania, les États-Unis n'ont eu d'autre choix que d'entrer dans une guerre qui les a enrichis. Les hommes "de couleur", qui ont déjà combattu pour "gagner" leur liberté pendant la Guerre de Sécession, sont donc également mis à contribution. Ils formeront le 369e régiment d'infanterie pour ne surtout pas se mélanger aux troupes "blanches". Ils font semblant d'en avoir cure. Ils se sont engagé par patriotisme. Et aussi peut-être un peu parce qu'on leur a vendu un rêve embelli et emballé par ce mélange de "jazz primitif, de blues et de ragtime enlevé". Ces "Men of bronze" seront plus de trois cent cinquante mille à venir poser le pied en France. Parmi eux deux mille Harlem Hellfighters qui porteront un lourd tribu : mille cinq cents morts ou blessés. L'album très séquencé aux inspirations des peintres français (Delacroix, Monet, Renoir...), mais aussi de l'iconographie de l'époque (le fameux "I want you" de l'oncle Sam), relate leur histoire sobrement et sombrement (avec quelques petites erreurs historiques sur le conflit en lui-même).

Mettant en avant les absurdités d'un monde dit civilisé entre une guerre sur le vieux continent et une haine de l'autre sur le nouveau. Surtout, il permet de parler d'un pan encore assez méconnu de l'Histoire en détachant deux hommes "ordinaires" dans la Grande guerre. James Reese Europe, donc, brillant musicien, compositeur et pianiste, à la destinée tragique (il n'aura survécu qu'un an au conflit avant de se faire trancher la jugulaire pour un mauvais, mais surtout hypothétique regard) et Henry Johnson dit "Black Death", décoré de la Croix de guerre pour fait de guerre héroïque (à découvrir dans l'album). Mais le plus impressionnant est peut-être la juxtaposition de ces nombreux portraits anonymes des Harlem Hellfighters, qui débutent et clôturent cet album empli d'une douce poésie et de faits tragiques. Les auteurs leur donnent vie. Et l'on comprend à les regarder, à les découvrir, qu'ils ont vécu et donné la leur pour des idéaux (qui étaient les leur) et des gens (qui n'étaient pas les leur et qui ne voulaient pas qu'ils soient des leur). Le retour au pays avec descente sur la 5e avenue sera leur moment de gloire. Le reste ne sera qu'un long chemin non pas de Dames mais de croix (qui n'a rien à envier au précité). Mais les Harlem Hellfighters auront eu le mérite d'ajouter une pierre, et quelle pierre, à l'édifice de l'égalité. "All of No Man's Land Is Ours". Qui a dit que la musique n'adoucissait pas les mœurs ? L'album est à découvrir aux éditions des Éléphants !

Citation

Dans la baie, la pluie et le vent hurlaient. Des éclairs poignardaient la terre la nuit où Jim Europe avait prévue de faire vibrer le sol et crever le plafond de Mechanics Hall. Mais Herbert Wright, un batteur cinglé au tempérament explosif, sortit une lame juste parce que Jim l'avait regardé en fronçant les sourcils et lui taillada le cou.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 30 mai 2022
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