Nothing man

Il possède un puits de pétrole et il est persuadé que parce qu'il a du pognon, il ne pue plus de la bite.
Joe R. Lansdale - Du sang dans la sciure
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Noir

Nothing man

Psychologique - Assassinat - Chantage MAJ jeudi 14 avril 2022

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9,5 €

Jim Thompson
The Nothing Man - 1954
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Julien Guérif
Paris : Rivages, janvier 2021
332 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-5067-4
Coll. "Noir", 1090

Le Tueur ricanant

Clinton Brown est journaliste au Courier de Pacific City, une petite ville aux abords de Los Angeles. Vétéran de la guerre, il a subi un traumatisme physique qui n'a pas amélioré le traumatisme psychique qui va forcément avec. On ne saura exactement avec certitude ce qu'il en est, mais ça touche de toute évidence à sa virilité. C'est la raison pour laquelle il a répudié sa femme, il maltraite Dave Randall, son rédacteur en chef (qu'il appelle "Mon colonel" et l'on peut donc en déduire un chantage déguisé), et il humilie ses collègues. Clinton Brown n'est pas spécialement mauvais. C'est une personne aigrie, désespérée, caustique et nihiliste qui noie son alcoolisme dans son alcoolisme (tout un tableau, tout un programme). Au début de cette intrigue de Jim Thompson, Monsieur Lovelace, son patron, lui demande de faire visiter la ville à Deborah Chasen, avant qu'elle ne reprenne le train. Deborah Chasen n'est pas la maîtresse de Lovelace comme on pourrait de prime abord s'y attendre. C'est une riche veuve paumée, reniée par une classe sociale à laquelle elle n'appartiendra jamais. Entre elle et Clinton Brown, il y a un coup de foudre dans l'air. Mais il y a aussi ce traumatisme physique qui va accoucher du Tueur ricanant, un tueur en série qui dépose des poèmes sur les lieux de ses méfaits.

Écrit sous la forme d'une confession, Nothing man dépeint une descente ordinaire aux enfers d'un homme meurtri par un conflit, et qui refuse toutes les mains tendues. Et elles seront nombreuses (peut-être parce qu'il ne s'agit pas des bonnes).Il y a de la fatalité comme toujours chez Jim Thompson (et là un nihilisme dostoïevskien). Mais il y a aussi une réalité transformée. On lit la confession de Clinton Brown sans la remettre en question. Pourtant, des indices disséminés ici et là, et montrés du doigt par l'auteur nous incitent à la plus grande prudence. Le Tueur ricanant va faire trois victimes et demie. Les trois victimes sont toutes des femmes perdues à différents niveaux (et ce qui est joliment et littérairement réalisé c'est qu'à chaque fois Jim Thompson rend hommage aux crimes insolubles, aux mystères, en nous proposant des crimes parfaits en huis clos à l'ancienne : un meurtre dans un bungalow sur une île un soir de tempête, un assassinat par procuration éthylique, et un drame ferroviaire). Les trois victimes et demie sont : celle rencontrée au début du roman, la femme de Brown, qui se prostitue et une maître-chanteuse qui se cache derrière une éditrice. La moitié de victime en sus c'est Lem Stukey, l'inspecteur en chef de la police de Pacific City, l'ami de Clinton Brown. C'est un personnage important car de secondaire il va devenir finalement principal. Il représente à la fois l'ordre, la corruption et l'amitié. Il est trouble et entier. Le roman est écrit de manière éminemment classique, et comme tous ceux de Jim Thompson, il s'attarde sur la psychologie des personnages lorsque cette dernière percute de plein fouet l'ordinaire du monde. En cela, le personnage de Lovelace est édifiant : il est le marqueur de la morale aveugle. Ce qu'il tait dans son journal n'existe pas. Mais comme toujours chez Jim Thompson, le retour de manivelle est terrible.

Citation

Je n'ai jamais compris pourquoi ceux qui s'engagent dans des missions dangereuses accordent une telle importance à la sobriété. À jeun, on provoque le destin. Ivre, le destin se désintéresse de nous.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 14 avril 2022
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page