Reine de beauté

À la suite vient le vin d'honneur coutumier. Le Boss a plusieurs fois confié à Gustave qu'il s'agit selon lui des moments les plus importants des campagnes, boire un verre, même si on n'en a aucune envie, pour ne pas paraître bégueule, tenir des discussions animées avec des hommes et des femmes qu'on ne reverra probablement jamais, même si on n'a rien à leur dire, paraître à tout moment intéressé et intelligent, ouvert et souriant, séduire sans être pour autant trop proche, sans pour autant que ça se voie, voilà quelle est la gageure, celle que neuf candidats sur dix ne parviennent pas à surmonter. Les journalistes et les médias n'en ont que pour le fond. Le programme, les idéologies, les idées. Ils oublient que le fond, tout le monde ou presque s'en moque. Ce qui fait le vainqueur, ce qui les départage, c'est uniquement la forme. Le sourire, les bises, les attitudes. La tenue de la fourchette et la façon de trinquer.
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vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Thriller

Reine de beauté

Psychologique - Social - Assassinat MAJ lundi 29 juin 2020

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Amy K. Green
The Prized Girl - 2020
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sarah Tardy
Paris : Belfond, mai 2020
416 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-8205-1
Coll. "Noir"

Gare aux conclusions simplettes

Virginia Kennedy vit séparée de sa famille à Wrenton, une de ces villes de Nouvelle-Angleterre dont les pionniers descendent tous des passagers du Mayflower, mais la retrouve pour l'enterrement de sa sœur Jennifer. Jennifer, treize ans, violée et assassinée dans les bois tout proches. Jennifer, la préférée sur laquelle sa mère alcoolique faisait reposer tous ses espoirs : elle était devenue obsédée par ces concours de beauté que Jenny remportait régulièrement. Pour la police, le coupable est tout trouvé : Benjy, un garçon un peu simplet habitué de ces mêmes concours de beauté. Le fan un brin obsessionnel est-il devenu bourreau ? Pour Virginia, la conclusion n'est pas si claire. Elle sait que Jenny en avait assez d'être paradée comme un singe savant et voulait échapper à cette famille étouffante en compagnie de son ami JP, grand amateur d'armes blanches. Or pour fuir, il leur fallait de l'argent. Jusqu'où était-elle prête à aller pour le gagner ? Une jeune beauté de treize ans attire bien des prédateurs. Serait-ce ce "Gil" de New York avec qui elle semblait avoir correspondu ? Mais tout ceci rappelle à Virginia sa propre adolescence dissolue, lorsqu'à l'âge de Jenny, elle eut une liaison avec un de ses professeurs, lequel est toujours en poste. Et il y a aussi ce coup de fil angoissé que Jenny lui a passé alors que sa grande sœur oubliait son mal-être dans la vodka...
Décidément, les polars anglo-saxons se suivent et se ressemblent. Celui-ci attire au départ par son personnage qui n'est pas une des oies blanches peuplant ce genre de récit, qui ont le droit de commettre les pires crimes avec l'absolution présupposée du lecteur. Deux points de vue alternés sur deux périodes ? Y'a. Le pédophile de service ? Y'a. Le roman aurait dû nettement bénéficier d'un peu plus de sentiments pour convaincre car, en dépit de tout, il est difficile d'éprouver la moindre empathie pour l'un ou l'autre des personnages, certains n'étant là que pour meubler (on ignore quelles sont les motivations exactes des parents, par exemple). Comme il faut noircir de la page, les personnages secondaires se multiplient, et la fin se perd en circonvolutions infinies de moins en moins crédibles là où un peu plus de concision eût été bienvenue. Et si le mobile est léger, le roman suit quand même cette mode très politiquement correcte qui considère que se faire justice soi-même est parfaitement justifiable et qu'un meurtrier peut s'en sortir sans problèmes selon une vision qui relève de la "direction d'intention" moyenâgeuse. Ce n'est même pas vraiment mauvais, juste le tout-venant écrit en cochant les cases de ce qui marche aujourd'hui. Drôle d'époque...

Citation

J'étais en quatrième position dans la file, une file, une vraie, dans laquelle j'étais obligée d'attendre patiemment mon tour pour pouvoir assister à l'enterrement de ma propre sœur. C'était mon choix. Je ne méritais aucun traitement de faveur. Je n'avais pas été une sœur digne de ce nom.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 29 juin 2020
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