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Roman - Policier

Revolver

Historique - Urbain - Procédure MAJ lundi 24 février 2020

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

Duane Swierczynski
Revolver - 2016
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Sophie Aslanides
Paris : Rivages, janvier 2020
378 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-4938-8
Coll. "Noir"

Les hommes passent, le crime demeure

Le roman policier est souvent aussi une vue en coupe franche de l'histoire et de la politique, des évolutions de la société. C'est aussi le cas avec ce nouvel ouvrage de Duane Swierczynski qui va brasser (sans entrer dans les détails historiques) les cinquante dernières années des États-Unis.
Il s'agit d'abord d'un récit sur l'Histoire et sur les convulsions sociales du pays. Donc, en 1965, nous avons George et Stan, deux policiers de Philadelphie, qui sont des coéquipiers. L'un est blanc et l'autre noir, et ils interviennent dans les quartiers chauds de la ville. Ils participent à la surveillance et des actions contre des manifestations violentes de révoltes urbaines. Dès le début de cette intrigue, ils cherchent à en apprendre plus sur les réels commanditaires de ces actions et seront abattus dans un bar de la ville, alors qu'ils font une pause et attendent un indic qui ne viendra jamais, mais sera finalement inculpé du meurtre. Là dessus, le temps défile et nous arrivons en 1995. Le fils de Stan est à son tour entré dans la police. Mais à présent, les criminels sont des violeurs qui laissent leur proie morte dans la rue. Il doit enquêter sur la disparition d'une jeune femme, retrouvée assassinée dans les rues de la ville. En même temps, il doit se libérer du temps pour poursuivre sa propre mission : surveiller et liquider l'homme qui a été arrêté trente ans plus tôt pour le meurtre de son père et qui vient d'être libéré. Lorsqu'il s'approche de la vérité pour le viol et le meurtre de la jeune femme, on retrouve l'ancien condamné mort d'une overdose provoquée. Nouveau défilement temporel. Nous sommes maintenant en 2015. C'est l'heure des commémorations. C'est aussi le moment où la vérité s'écroule sous les "révisionnismes" divers. Les deux policiers morts en 1965 vont avoir une plaque à l'endroit où ils furent abattus. L'occasion de retrouvailles familiales. Audrey, représentant la nouvelle génération, féminine et déterminée (femme enceinte sans père alors que les femmes précédentes attendaient leurs maris à la maison), veut entrer dans la police, mais par le biais des séries télévisées, elle se destine à la police scientifique. Pour un mémoire de travail, elle décide de revenir sur l'affaire de 1965 et découvre une nouvelle piste en étudiant les lieux du crime (qui ont juste été recouverts par des plaques de bois pour habiller un nouveau comptoir de bar... mais, même réhabilité, c'est un décor où la vérité n'est pas toujours belle à voir)...
Trois époques, trois façons de lutter contre le crime, par trois générations qui s'opposent, se complètent. De nombreuses difficultés se profilent car on verra que les criminels eux aussi sont générationnels. À travers une série de personnages décrits en quelques lignes mais avec une densité intéressante, c'est une évocation de trois périodes précises de la ville de Philadelphie et de ses services de police, des implications de la politique la plus crasseuse qui suit, des complots et des magouilles qui éclatent au grand jour in fine. Construit par l'alternance des trois périodes, tissant, de manière sensible et quasiment invisible des liens forts, Revolver, de Duane Swierczynski, dévoile comme un effet miroir à la fois une histoire familiale, celle d'une ville et celle d'un pays. L'auteur a publié en France chez Rivages quelques romans qui sont tous des petites réussites, en changeant d'intrigues et presque de "sous-genres" à l'intérieur du polar, mais toujours en s'inscrivant dans la qualité et la réussite. C'est encore le cas avec celui-ci.

Citation

Ils sont en civil mais toute personne qui entrerait dans le bar les repérerait immédiatement. À North Philly, jamais un Blanc ne trainerait avec un Noir, à moins que ce soit de la flicaille sous couverture.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 24 février 2020
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