HS 7244

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mardi 19 mars

Contenu

Roman - Thriller

HS 7244

Social - Prison - Scientifique MAJ mardi 27 août 2019

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Lorraine Letournel Laloue
Paris : Belfond, juin 2019
284 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-8213-6
Coll. "Thrillers"

Car ceci est un homme

Il s'appelait Marius Canon, on veut désormais qu'il s'appelle HS 7244. Simple étape d'un processus de déshumanisation, pour lui et ses frères en infortune parqués dans un camp au fin fond de la Tchétchénie. Tout ce dont il se souvient, c'est d'une soirée bien arrosée avec Camille, l'amour de sa vie, dans un bar en pleine Russie où ils se trouvaient après avoir gagné un voyage. Où est Camille ? Est-il également prisonnier ? Mais le pire reste à venir lorsqu'il s'avère que les détenus sont les cobayes d'un émule de Mengele nommé Julien Homes. Alors que le virus influenza s'étend sur le monde, il est persuadé de pouvoir améliorer l'espèce humaine par ses expériences. Mais pourquoi les détenus sont-ils qualifiés de "terroristes" ? Marius sait bien que ni lui ni Camille n'ont rien fait de mal. Leur seul crime serait-il d'être homosexuels, une "abomination" pour les intégristes de tout poil ? Dans l'espoir de retrouver Camille, Marius va accepter de servir d'informateur au docteur fou. Mais il y a aussi Sylvain, un journaliste infiltré qui espère bien dévoiler à la face du monde ces abominations. Or dans les rouages du pouvoir, le sort en est déjà jeté...
HS 7244 est un premier roman de Lorraine Letournel Laloue inspiré de faits tristement réels qui, une fois de plus, pourrait entraîner l'éternel débat entre fiction et documentaire – ne serait-ce que pour constater que depuis Primo Levi, la barbarie humaine se porte toujours aussi bien... On pourrait aussi relancer le débat sur l'usage de la violence, comme chez Karine Giébel, sauf que là, pas d'ambiguïté possible, on est constamment du côté des victimes et non des bourreaux, et on peut difficilement accuser l'auteure de complaisance. Ce qui est sûr, c'est que pour un premier roman, celui-ci témoigne d'une sacrée maîtrise de l'écriture, et la narration éclatée en plusieurs personnages, chacun ayant ses propres motivations, même dans l'immonde –, est très intéressante. Il n'y a pas de jugement porté sur le fait que le narrateur devient informateur au service des bourreaux, préférant l'éternelle question qui fâche : qu'aurions-nous fait à sa place ? Comme dans tout roman militant, mais s'arrêtant avant de risquer la redite, Lorraine Letournel Laloue fait toucher de façon charnelle et viscérale l'horreur fondamentale de ce terrible sort réservé à des innocents. Et dans un tel contexte, il ne faut pas attendre un happy-end comme dans les films de prison (souvent de femmes) des années 1970... Voilà donc un texte courageux puisque sortant de la doxa du roman de distraction ou "pas prise de tête", et un bel exemple de littérature à l'estomac. Prometteur pour un premier roman...

Citation

Un nouveau condamné est allongé sur le ventre, les mains et les pieds liés. Il présente des marques de piqûres dans le dos. Il se tord de douleur et semble supplier d'être achevé. Si seulement l'infiltré avait le pouvoir de mettre fin à son agonie comme à celle des autres, il le ferait sans hésiter. À leur place, c'est ce qu'il voudrait.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 27 août 2019
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