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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Séverine Quelet
Paris : Les Escales, février 2019
370 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-36569-400-1
Coll. "Les Escales noires"
Enquête en manque de coup de fouet
Southampton, une ville anglaise que l'on pourrait croire dans la moyenne des villes anglaises. Pourtant, elle dispose aussi de ses milieux interlopes, de son monde de la nuit complexe et fascinant, du moins pour un entomologiste ou pour une auteure de romans noirs comme M. J. Arlidge. Dans cette ville, une boite de nuit spécialisée dans le sado-maso coule des jours paisibles, entre coups de fouet et bondage. Aussi, la tension s'élève lorsque l'on découvre un cadavre dans une pièce réservée aux "amateurs éclairés", et que la police se rend compte qu'il ne s'agit pas d'un jeu érotique ayant mal tourné mais d'un véritable meurtre. La commissaire Helen Grace est chargée de l'enquête. Certes, elle est sans doute la plus brillante enquêtrice du commissariat, mais cela peut s'avérer dangereux, car elle a un secret. Afin de se soulager de la tension nerveuse de son travail, elle pratique elle même le sado-masochisme et la victime a été par le passé l'un de ses dominateurs. Lorsqu'une deuxième victime est trouvée et qu'elle a, elle aussi, des liens avec la commissaire, celle-ci commence à s'inquiéter. Autour d'elle, ses deux adjointes sont en guerre permanente pour s'attirer les bonnes grâces de leur chef. Les policiers sont prêts à dépasser le cadre légal pour trouver des preuves. Réprimandées par leur chef, ne risquent-elles pas de mal réagir si des indices semblent justement diriger vers la commissaire ? Une journaliste, également en délicatesse avec Helen Grace, et le responsable de la police, inquiet, car elle pourrait le poursuivre pour harcèlement, pourraient, eux aussi, chercher à la déstabiliser. Helen Grace ne sait alors plus si les victimes sont des étapes vers sa propre mort ou s'il ne s'agit pas d'un piège encore plus diabolique.
Nouveau volet d'une série qui se développe, Oxygène risque de frustrer un peu le lecteur car à la fin comme dans une saison télévisée, il ne s'arrête pas sur une solution entièrement aboutie, mais sur un cliffhanger, une pirouette. Si l'énigme est quand même résolue, il est impossible de prouver quoi que ce soit, et Helen Grace se retrouve dans une situation on ne peut plus difficile à gérer. Pour le reste, le récit se construit comme une tragédie. Au fur et à mesure que l'enquête avance, des faux pas de la commissaire, des non-dits, risquent de lui jouer des tours et de la priver d'alliés importants au moment où elle en aura le plus besoin. Des indices confus permettent d'attirer l'attention sur un suspect qui voit sa vie détruite par les soupçons, la rage des journalistes pressés de faire les gros titres. La volonté de créer une histoire qui tient en haleine et qui appelle à ne pouvoir quitter la série permet, sans trop de longueurs, de décrire une enquête minutieuse et toutes ses implications : corruption policière, marchés avec les journalistes, découvertes d'indices sur les scènes de crime, descriptions du monde journalistique pour obtenir des informations vendeuses. Cet aspect est sans doute le côté le plus intéressant de cette série, qui reste de facture classique dans son déroulement et dans son style.
Citation
Il ressemblait à un ange déchu. Son corps musclé, dénudé, paré d'ailes argentées, se balançait d'avant en arrière dans les airs au bout de l'épaisse chaîne qui pendait du plafond. Les doigts tendus vers le sol, où il tentait d'attraper à tâtons la clé qui le libérerait mais qui restait cruellement hors de portée.