La Haine qu'il faut

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samedi 20 avril

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Roman - Policier

La Haine qu'il faut

Ethnologique - Social - Assassinat MAJ mardi 15 janvier 2019

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 13,9 €

Paul Salvanès
Paris : Le Toucan, mars 2018
416 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-8100-0818-6
Coll. "Toucan noir poche"

Humanitaire à terre

Bosco débarque au Darfour pour sa première mission humanitaire. Une noble cause, mais qui cache bien des intérêts et des compromissions. Notamment du côté des ONG qui se disputent les subventions internationales pour leur fonctionnement. Car sauver des vies innocentes, c'est aussi un business, à sa façon. Et, pourtant, en dépit de tout, Bosco devient accro à l'adrénaline, à cette forme d'aventure qui le fait côtoyer de près le danger dans un pays en guerre hanté par des "soldats" de seize ans comme Kambale, qui escalade peu à peu la hiérarchie des tueurs. Or, au milieu d'un Congo en guerre, des humanitaires sont assassinés. Simples dommages collatéraux d'un conflit qui ne les concerne pas ? Mais, à côté d'eux, Bosco retrouve le même fétiche africain. S'agirait-il de meurtres rituels ? Ou bien un tueur en série prendrait-il pour cible des ONG, sa tâche facilitée dans cet immense chaos qu'est un pays en guerre ?
On ne peut que louer les éditeurs qui font encore un effort de défrichage au lieu de se reposer sur les valeurs sûres. Par contre, sans aborder les sujets qui fâchent, on reprochera un certain nombre de coquilles et de fautes d'orthographe. Cette page étant tournée, entrons dans le vif du sujet. L'un des problèmes de notre époque, c'est que trop souvent ceux qui devraient écrire, ceux qui ont des choses à dire n'écrivent pas. Après Julien Heylbroek et Merhaba, son roman que l'on conseille et dont l'intrigue nous ramène relativement proche de chez nous, voilà un deuxième roman à traiter de l'humanitaire, à nouveau écrit par quelqu'un qui connaît le système de l'intérieur, loin des fantasmes angéliques ou de la haine des beaufs. Derrière les bonnes volontés, il y a également une industrie qui, paradoxe suprême, à sa façon, se fait également sur le dos de ceux qui n'ont rien. Autant dire que Paul Salvanès, derrière ce titre énigmatique, est loin du plaidoyer pro domo et n'hésite pas à appuyer là où ça fait mal à travers ce livre assez inclassable qui hésite entre document romancé, roman d'aventure moderne et polar. Il incombe par contre de préciser que l'élément purement policier arrive tardivement dans le récit, et n'a qu'une place secondaire dans ce roman. D'ailleurs, au final, sans déflorer, la résolution s'avère relativement simple. Il ne faut donc pas s'attendre à un grand thriller industriel sur fond de guerre, même si Paul Salvanès y ajoute l'argument choc : un style vivant, dégraissé et non dépourvu de petits bonheurs, d'une maîtrise impressionnante pour un premier roman.

Citation

Diffusément, il commençait à sentir que son chemin d'humanitaire ne s'arrêterait pas là. Que la logique, maintenant, c'était de repartir, rester dans sa zone de confort, pour ce qu'il savait, à vingt-six ans, faire de mieux. Que nulle part à Paris, il ne retrouverait le sens, l'adrénaline, le challenge, l'aventure. Que rien ne l'y retenait.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 15 janvier 2019
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