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Bande dessinée - Noir

Pigalle 62.27

Vengeance - Urbain - Escroquerie MAJ lundi 10 décembre 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 15 €

Jean-Claude Götting (scénario), Loustal (dessin)
Paris : Casterman, septembre 2012
68 p. ; illustrations en couleur ; 31 x 23 cm
ISBN 978-2-203-04792-1

Assassinat pour mémoire

Quand on connait l'univers de Loustal, on ne peut que comprendre qu'il s'attaque un jour au quartier de Pigalle des années 1950. Ses illustrations en sont le parfait reflet et son style s'accomode du Paris interlope et nocturne. L'intrigue de ce scénario de Götting est à la fois classique et terriblement efficace sur fond de vengeance. Surtout, le talent de ce scénariste est d'arriver à exister tout en s'effaçant derrière des illustrations magnifiques et captivantes. En guise d'introduction, on assiste impuissant au suicide par pendaison d'un homme. Les premières cases sans une parole en disent long. On apprendra plus tard qu'il s'agit du propriétaire d'une entreprise d'Auxerre qui s'est fait escroquer par un triste sire et qui a tout perdu. Son fils monte donc à la capitale dans l'idée de venger son père en tuant son assassin d'un coup de couteau dans le ventre. Il a en sa possession quelques lettres postées dans le IXe arrondissement et un nom : Robert Mondcamp. L'assassin en question habite rue Blanche et son numéro de téléphone c'est Pigalle 62.27. L'indicatif téléphonique sonne presque comme un flingue. Antoine Perchaud s'amuse à jouer les détectives amateurs, et file même une jeune femme qu'il sera amené à retrouver. Mais la chose ne s'annonce pas aisée car il a une fâcheuse tendance à saigner du nez et à ne pas se préparer à répondre aux questions. Il a un couteau dans sa poche et n'a aucun plan. Mais il va s'introduire dans l'entourage de Robert Mondcamp et s'attirer ses bonnes grâces. Très vite, il participe aux petites combines élaborées par un escroc qui ne se mouille jamais et qui aime flirter avec la légalité. Il se surprend peut-être même à le trouver sympathique, voire captivant. C'est que l'escroquerie c'est un métier, et que Robert Mondcamp c'est un cerveau. Mais dans ses pensées, un doute subsiste : Mondcamp a-t-il compris à qui il avait à faire ? On découvre amusé les petites combines de l'époque comme celle consistant à photographier des jeunes femmes en bikini bleu spécial de manière à pouvoir à l'aide d'une pellicule infrarouge et un filtre jaune avoir des photos de nus qui se revendent à la sauvette. De petites combines en moyennes combines, une habitude s'installe. Jusqu'au jour fatidique où il ne lui reste qu'un seul choix à faire alors que sa vie est elle aussi toute prête à basculer. Mais au-delà de cette intrigue joliment ficelée, il y a aussi une histoire d'amour qui vient tout bouleverser. Antoine aime Caroline qui aime Antoine. Et puis il y a Betty, cette chanteuse trans de cabaret qui a bon fond. Comme par un fait exprès, les rencontres avec Caroline explosent en des cases lumineuses alors que celles d'avec Mondcamp sont d'un sombre presque cruel. Caroline n'est pas une mauvaise personne. Mais elle n'est pas totalement honnête non plus. Pourtant, il n'y a qu'elle qui pourra sauver Antoine. Non pas du crime qu'il peut être amené à commettre, mais de la culpabilité qu'il pourrait en retirer. Mais ceci est une autre histoire alors que celle qui s'est déroulée sous nos yeux vient de se finir nous laissant un sentiment lancinant. La touche de Loustal.

Citation

J'ai conscience que plus le temps passe, plus ça devient difficile. Le premier jour, personne ne me connaissait : je pouvais le tuer, disparaître aussitôt et personne n'aurait compris. Aujourd'hui, tout le monde m'a vu avec lui. Et puis, la vie commence à être agréable, avec ces soirées au cabaret, ces gens étranges, Betty, le billard, les dés, les bons restaurants... Mondcamp est même assez gentil avec moi.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 10 décembre 2018
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