Montagne claire, montagne obscure

Les gens ont toujours bien aimé les histoires de flics. Mais les gens n'aiment pas les flics. Le portrait-robot du flic culturellement conforme, c'est l'emmerdeur institutionnel. Le tortionnaire latent, le sous-prolétaire cogneur de la fonction publique.
Séra - Flic
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Policier

Montagne claire, montagne obscure

Psychologique - Énigme MAJ mardi 28 novembre 2017

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23,8 €

Kaoru Takamura
Maakusu no yama - 1993
Traduit du japonais par Sophie Refle
Arles : Actes Sud, octobre 2017
576 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-330-08460-8
Coll. "Actes Noirs"

Chabrol au mont Fuji

Le titre de ce premier roman traduit en français de la Japonaise Kaoru Takamura fait référence, de manière évidente, à une bivalence, à une parabole entre le côté sombre et lumineux d'une personne, un peu à l'instar d'un des personnages du roman, qui l'incarne de manière claire et précise. En effet, enfant réchappé de la mort après le suicide de ses parents, son cerveau s'est scindé en deux blocs distincts et, parfois, l'un de ses esprits prend le contrôle sur l'autre et le plonge dans des envies de meurtre et de violence. Il faut bien reconnaître que la violence et le meurtre, même s'il fut enfant, il l'a connu avec la mort de ses parents. Surtout qu'en même temps, sur la montagne, un agent d'entretien a avoué le meurtre d'un passant à coup de pelle. Quelques années plus tard, à la faveur d'un éboulement de terrain, c'est un autre cadavre, tué à la même période, qui est découvert et, de nouveau, l'homme s'accuse du meurtre. Quand il est relâché, ses pas rencontrent ceux de l'enfant, devenu jeune homme, qui est en liberté entre deux passages par la prison. Des années plus tard, le même jeune homme manque mourir sous les balles de gangsters tandis que des meurtres touchent des membres de la haute société japonaise. Quelques policiers, chacun dans leurs coins, enquêtent sur différentes affaires, parfois ressassent l'impression d'avoir loupé un indice important lors d'une affaire antérieure. Des multiples pressions de leur hiérarchie et du ministère de la justice les font douter. Ils cherchent des liens, des traces, des témoignages, mais tout reste dans le flou, comme la neige qui tombe sur le mont Fuji ou l'esprit brumeux du jeune homme.
Dans ces décors emplis de brouillard, derrière les flocons de neige qui virevoltent, les chemins de boue où passaient les randonneurs et les squelettes anonymes que personne ne reconnaît, ni n'avait même signalé la disparition, c'est donc une enquête longue, parsemée d'embûches dus aux non-dits de tous : mes suspects bien évidemment, mais aussi les juges qui cachent des choses, les notables qui enterrent leurs vilains petits secrets. Seule une infirmière amoureuse du jeune homme pourrait apparaître comme une personne sympathique, mais elle même a détaché son ami, lui permettant des années auparavant de se venger d'un infirmier maltraitant. Chacun porte sa croix, meurt de manière horrible ou détruit des preuves pour se protéger. Le récit qui, à l'évidence, aurait fait les délices d'un réalisateur comme Claude Chabrol, est une suite de méandres, de passages d'un personnage à l'autre, de dédales administratifs, policiers, de pistes qui se chevauchent (mais où le lecteur attentif et qui suit toutes les versions peut découvrir la vérité très rapidement). C'est un roman policier étrange qui, comme par exemple Le Rivages des Syrtes de Julien Gracq, sera selon le lecteur soit envoûtant à l'extrême, soit trop long et un peu ennuyeux. Mais il a aussi pour lui l'exotisme que confère le Japon.

Citation

L'histoire de cet enfant qui avait attaqué Tobé avec des ciseaux à l'hôpital l'attristait, mais pour être honnête, dépassait tellement son entendement qu'il n'arrivait pas à se représenter la scène.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 28 novembre 2017
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page