Bondrée

- Jette ton arme, petit, lui enjoignit-il. Ou pose-la par terre si tu ne veux pas qu'on te brise les genoux. - Et si je refusais ? - Tu auras alors choisi la décision la plus bête de ta vie.
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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Thriller

Bondrée

Disparition - Vengeance - Assassinat MAJ mardi 17 janvier 2017

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18,5 €

Andrée A. Michaud
Paris : Rivages, août 2016
362 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-3764-4
Coll. "Thriller"

Jonction de deux mondes

Bondrée, le titre de ce nouveau roman de la Québecoise Andrée A. Michaud, fait référence au nom du village où se situe l'action du récit. Mais ce nom éminemment francophone cache un nom anglophone : "Boundary", qui désigne la frontière. Ce poids du nom influe sur le roman et sur le style de l'écriture, et son étymologie est éclairante. En effet, l'action se déroule justement non pas dans les grandes villes canadiennes, mais dans la campagne la plus reculée, la zone boisée que l'on imagine dans la région des grands lacs ou dans les territoires du Montana américain, à la frontière de plusieurs mondes - le français et l'anglais, la civilisation et la vie sylvestre, le monde traditionnel et le monde moderne. La petite communauté se partage entre anglophones et francophones, à la fin des années 1960, à une époque où il peut régner encore une certaine insouciance, où la vie s'organise autour des travaux des champs, de la pêche et de la chasse. C'est ailleurs autour de ce dernier élément que va surgir le drame : Zaza Mulligan, une jeune fille, est retrouvée morte coincée dans un piège qu'a tendu un des derniers trappeurs de la région. Mais cette mort ne cache-t-elle pas autre chose ? C'est que ce vont penser la police et la population quand une deuxième adolescente disparaitra...
L'intrigue reste dans les limites des conventions avec un tueur, des victimes qui sont des jeunes filles qui ont provoqué son courroux, les suspects habituels et ceux moins identifiables (un coureur des bois, un notable de la petite communauté...) et une police qui tente de cerner les responsabilités de chacun. Ce qui retient plus facilement l'attention du lecteur, c'est le soin apporté aux personnages. Raconté à plusieurs voix, le roman offre, comme dans les anciens textes de Stephen King, une description fine et intelligence de l'adolescence. Ici, ce sont plutôt des filles qui découvrent leurs corps, le pouvoir qu'elles peuvent en tirer, les cigarettes fumées pour faire les grandes en imitant les actrices qu'elles voient sur grand écran. C'est en même temps l'ambiance pesante d'une communauté qui découvre qu'elle nourrit peut-être en son sein un assassin. L'autre aspect très intéressant de ce livre, c'est le style, l'affaire linguistique. En effet le roman vient du Canada, et Andrée A. Michaud mélange avec bonheur des expressions françaises et anglaises, les petits mots de liaison qui alternent et créent une musique, à la fois familière et exotique, transformant un roman que l'on pourrait croire sorti des éditions Gallmeister, dans son évocation d'un monde montagnard et rural, en une œuvre originale résonnant dans l'esprit du lecteur. Une petite musique qui permet à Bondrée de sortir de la "routine" du roman noir pour avoir ce petit plus qui fait toute la différence au moment de refermer le livre.

Citation

Je n'avais jamais vu ma mère soûle mais, au train où elle calait son verre, on aurait bientôt droit à une première, comme quoi les mères sont humaines. Une journée plate.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 17 janvier 2017
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