Le Sourire du diable

Il s'attendait à être démasqué un jour ou l'autre, et il s'y était préparé. Il n'y avait pas l'ombre d'un doute : sa cause était juste, il était convaincu que la fuite en avant serait nécessaire et que ça passerait, comme c'était toujours passé depuis plus de cinq ans.
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vendredi 19 avril

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Roman - Thriller

Le Sourire du diable

Historique - Prison - Assassinat MAJ lundi 22 août 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,8 €

Antonia Hodgson
The Devil in the Marshalsea - 2014
Traduit de l'anglais par Isabelle Maillet
Paris : 10-18, mai 2016
528 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-06790-6
Coll. "Grands détectives", 5072

Mais, qui est le diable ?

Pendant l'assassinat d'un homme, son argent est éparpillé et une piécette ensanglantée échappe aux meurtriers. Dans le même temps, Tom Hawkins est poursuivi par ses créanciers, principalement par son logeur qui, de plus, l'accuse d'avoir séduit son épouse. C'est au jeu qu'il gagne de quoi les désintéresser. Mais, en rentrant chez lui, il tombe dans un piège, se fait rouer de coups et détrousser. Réfugié chez Moll, sa maîtresse quand il est en fonds, il est retrouvé par son logeur, accompagné de Jakes, un policier qui l'enchaîne et l'emmène à Marshalsea. C'est un lieu de sinistre réputation sous la coupe de William Acton, un ancien boucher. Chemin faisant, Jakes évoque le capitaine Roberts et la ressemblance de Tom avec lui. Dès son entrée, il se fait un ennemi mortel en la personne du capitaine des portes qu'il frappe avec ses chaînes. C'est alors qu'il fait la connaissance de Catherine Roberts. Elle aussi est frappée par la ressemblance avec son défunt mari. Elle loue une chambre dans la prison et veut faire arrêter l'assassin de son époux, retrouvé pendu dans la chambre forte, le pire endroit de la prison. Celle-ci est partagée entre le Master's Side, pour ceux qui peuvent payer et le Common Side, véritable mouroir où les prisonniers sans ressources sont entassés dans d'abominables conditions. C'est en écoutant les plaintes qui montent de cet enfer que Tom Hawkins est interpellé par Samuel Fleet, craint par tous. Ceux qui en parlent évoquent le diable. Mais, celui-ci lui sauve la mise en le logeant dans sa chambre... dans le lit qu'occupait Roberts. Le fantôme de ce dernier apparaît à quelques prisonniers et sème la panique. Tom Hawkins mobilise Charles, un ami de longue date devenu le vicaire de Sir Philip, le gestionnaire de la prison pour le sauver de cet enfer. Charles obtient, de son employeur, l'effacement des dettes de Tom, s'il résout le mystère du fantôme et de l'assassinat du capitaine. Cette situation génère une crise bien mauvaise pour les affaires. Mais les assassins, qui sont obligatoirement dans les lieux, veillent à étouffer la vérité. Tom est seul, devant se méfier de tous...

Les prisons pour dettes abondaient en Angleterre depuis des siècles. "Si elles appartenaient de fait à la Couronne, elles étaient administrées à titre privée, pour dégager du profit." Mais, la crise de 1720, la première grande crise économique moderne, amène la ruine de milliers de personnes et remplit ces prisons. En 1727, date où se déroule le présent roman, les effets continuaient à se faire sentir. Cependant, ce ne sont pas les conséquences de la crise qui amène le héros dans Marshalsea, mais une volonté de vivre en toute liberté, refusant la voie que son père, un éminent révérend, lui avait tracée.
Antonia Hudgson décrit avec réalisme un système absurde, une organisation hallucinante, un piège dont il est très difficile de sortir. En effet, comment quelqu'un qui a des dettes, qui a déjà épuisé toutes les possibilités de trouver de l'argent, peut-il rembourser ce qu'il doit et payer pour un lit, les draps, la nourriture, le charbon, l'entretien de ses vêtements ?... Elle montre également les effets d'une "privatisation" du système carcéral où l'optimisation du profit prime sur tout sentiment, sur toute humanité.
Elle appuie son récit sur des documents, des témoignages relatant les conditions de vie à Marshalsea et met en scène une pléiade de personnages dont la plupart sont authentiques comme William Acton. Ses exactions lui valurent un procès qui se termina, cependant, par un non-lieu, mais qui lui coûta sa place.
Les conditions d'enfermements, les tortures comme le fait d'enchaîner des prisonniers à des cadavres en décomposition sont tirés du poème "The Marshalsea or Hell in Epitome" écrit par un prisonnier anonyme en 1718 et du journal de John Grano, un homme ayant séjourné dans les lieux de 1728 à 1729.
Elle base une partie de son intrigue sur le constat que, dans ces lieux, il ne faut faire confiance à personne, et elle en joue toute la gamme dans une suite de renversements de situation, de coups de théâtre et de péripéties brillamment orchestrés.
Avec Le Sourire du diable, son premier roman, Antonia Hodgson signe un thriller historique d'excellente facture, servi par une galerie de personnages étonnants dans un cadre peu commun et peu connu d'un monde carcéral britannique. Un régal dans le genre !

Citation

Mon époux a été assassiné entre ces murs il y a quelques mois à peine. Celui qui l'a tué s'y cache toujours. Je me suis juré de ne partir que le jour où il sera démasqué. Je veux que ce démon soit pendu, dussé-je lui passer moi-même la corde au cou.

Rédacteur: Serge Perraud dimanche 26 juin 2016
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