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Roman - Policier

Le Condor

Social - Braquage/Cambriolage - Scientifique MAJ vendredi 24 juin 2016

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 13 €

Stig Holmås
Kondoren - 1994
Traduit du par Alain Gnaedig
Paris : Sonatine, juin 2016
254 p. ; 18 x 13 cm
ISBN 978-2-35584-489-8
Coll. "Sonatine +"

Vol au-dessus d'un nid de souffrances

Encore une fois, impossible de qualifier ce roman de policier sans abus de langage. Il y a bien un mort et quelques braquages de banque, mais tout cela nous est conté par le coupable lui-même. Il s'agit donc de la narration d'un crime et non de sa découverte plus ou moins hasardeuse. À ce compte-là, la Bible ou Crime et châtiment seraient des polars – à Dieu ne plaise ! Le récit est en outre présenté sous une forme quasi-circulaire, de cercles concentriques si l'on veut, c'est-à-dire sans fin véritable et avec un début bien difficile à situer ou encore à la manière du vol du condor au-dessus de sa proie. Ajoutons pour faire bonne mesure qu'il a de faux airs d'encyclopédie ornithologique et on comprendra que le lecteur lambda en quête d'une intrigue haletante risque de ne pas y trouver son compte. À bon entendeur... C'est donc le récit à la première personne, par William Openshaw, fils d'une Portugaise et d'un Écossais, d'une existence mouvementée. Circonstance aggravante, il le mène parallèlement sur deux plans : le présent, à Lisbonne, où on l'a contacté (au vu de ses références) pour un travail très simple (conduire une voiture... lors d'un braquage) et un passé qui l'a mené un peu partout dans le monde au contact de toute la misère et la souffrance de celui-ci. C'est d'ailleurs ce mot de souffrance qui résume le mieux sa propre vie et qui est le sujet profond du livre, depuis une enfance auprès de deux alcooliques jusqu'à un âge adulte auprès d'une gitane prostituée et mère de famille, en passant par une jeunesse marquée par une histoire d'amour qui l'a amené à reproduire les offenses et les violences qu'il a lui-même subies jadis. Il est donc coupable à plus d'un titre, mais victime de même. Ce livre très subtil ne se livre que très graduellement et au détour de bien des énigmes longuement entretenues (tel cet "homme de Manchester" dont on s'interroge longtemps sur le rôle exact) et emprunte une bonne partie de sa thématique au monde des oiseaux. Un livre dur à tous égards, à réserver aux lecteurs exigeants et bien préparés, mais qui devrait combler les attentes de ceux-ci.

Citation

Il est difficile de croire que ce sont des charognards, ils sont tellement beaux quand ils volent, et ils sont tellement peu nombreux. Alors que les hommes qui se comportent en vautours se multiplient chaque jour.

Rédacteur: Philippe Bouquet vendredi 24 juin 2016
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