Complot tentaculaire

Passagers. Ma place est à l'avant. La vôtre est à l'arrière. Restez-y.
Joon-ho Bong - Le Transperceneige
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Policier

Complot tentaculaire

Social - Procédure - Finance - Complot MAJ mardi 07 juin 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 11,9 €

Isabelle Letélié
Gudensberg-Gleichen : Wartberg, avril 2016
190 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-3-8313-2938-0
Coll. "Zones noires"

Fragment de la vie d'un flic dans un port de pêche

Le Havre. Une explosion a lieu dans un hôtel. Apparemment un marin Jamaïcain en escale s'amusait avec des explosifs dans sa piaule. Dans quel but ? C'est le début d'une enquête pour la police judiciaire de la sous-préfecture de Seine-Maritime. Il y a plusieurs brigades. À la criminelle c'est Han qui drive. Ce soir-là il est accompagné d'un officier de permanence qui est le brigadier Paul-Émile César. C'est un jeune flic fraîchement débarqué et qui trime à la financière. Une affaire arrive justement sur son bureau : un banquier est suspecté de malhonnêteté (pléonasme) en ayant créé un faux compte pour détourner de l'argent. Très vite le problème se révèle plus complexe. D'une le banquier n'a vraiment pas l'air d'être un aventurier de l'escroquerie, de deux le fameux compte n'est quasiment pas approvisionner et on enregistre aucune transaction le concernant. Alors d'où vient ce compte et à quoi sert-il ?
Futurs lecteurs de Complot tentaculaire je ne vous en dis pas plus sur l'histoire de ce roman. Pour les aficionados de l'intrigue, rassurez-vous il y a à boire et à manger. Pour les autres, vous allez avoir entre les mains un véritable document sur le quotidien d'un officier de police au travail. Le vrai intérêt du livre c'est de nous entraîner dans la vie d'un flic, en l'occurrence Paul-Émile César avec tout ce que cela comporte : ses origines sociales, le pourquoi de sa vocation, ses doutes, ses culpabilités, ses illusions, ses résignations, ses erreurs, ses victoires, ses défaites, ses interrogations, le milieu dans lequel il évolue, comment il perçoit le monde extérieur, comment il perçoit qu'il est lui-même perçu du monde extérieur, son travail, sa vie privée, son trop plein, ses collègues, ses supérieurs, ses amis, ses amours, ses emmerdes. Tout y est. Alors bien sûr, ce n'est pas une généralité. C'est la vie d'un personnage. Mais Isabelle Letélié s'est formidablement bien imprégnée de la réalité, à laquelle elle s'est confrontée, avant de construire sa fiction. Le fil conducteur reste l'enquête. Nous sommes face à la vie d'un policier et de toute une brigade alors qu'ils sont en plein travail. Car ils sont toujours en plein travail. C'est ce qui régit leur existence. Tout tourne autour de ça : l'enquête qu'il faut mener à bien. Seulement, à côté, il y a des enfants à élever, des épouses, des maris, des concubins (des intelligents aussi), des maladies, des drames, des factures à payer, des tas de choses. C'est remarquablement bien rendu. On ne tombe jamais dans le cliché. Ou alors c'est qu'il doit être vrai. On n'est pas dans le flic de cinoche avec des courses poursuites incroyables, des cascades et de l'action à tout rompre. Ni avec le vieux flic alcoolo revenu de tout et qui prend des risques insensés pour choper un pickpocket. Non, on est avec des hommes et des femmes qui doivent faire travailler leurs méninges pour résoudre des problèmes qui peuvent mettre en danger la vie d'autrui ou mettre à mal les institutions. On est avec des êtres humains qui ont besoin de dormir, de manger, de baiser, de passer du temps en famille, de se ressourcer, de se détendre, de régler des tracas personnels et qui, en même temps, ont constamment à l'esprit le boulot, l'enquête (ou les enquêtes), sur laquelle (ou lesquelles) ils sont en train de travailler. Et surtout on assiste à leur façon de travailler. J'adore Dirty Harry mais là, il ne s'agit pas de sortir son flingue et d'aller arrêter le méchant. Non, là, il s'agit d'identifier le méchant (et justement le roman soulève le fait que ce n'est pas toujours facile car il n'y a pas de règles, pas de fiche signalétique pour le reconnaître, la frontière est mince entre le noir et le blanc parce que c'est le gris qui prédomine), ensuite d'apporter la preuve qui peut confondre le criminel, et enfin de lui faire cracher le morceau. Avec en prime des hommes de bureau, des juges d'instruction loin de la réalité du terrain qui demandent un résultat rapide mais sans vague. C'est vraiment écrit de manière à ce que l'on ressente vraiment ce que ressentent les policiers. En ce qui concerne le personnage principal, il a son passé, son passif, son présent. Il est chargé juste ce qu'il faut. On pourrait même penser qu'il existe. Jeune flic, discret sur son homosexualité et sur sa séropositivité, ayant déjà connu une dépression à cause de son job (c'est très courant), mais qui bosse, qui aime ça, qui s'accroche, qui se soigne physiquement et psychiquement, et qui ne cherche finalement qu'à vivre le mieux possible. Bien vivre son métier et bien vivre sa vie. Trouver l'équilibre. Parce que, visiblement, la comptabilité des deux n'est pas simple. Mais l'auteur parvient également très bien à nous rendre cette difficulté. Bref, vous l'avez compris, je me suis complètement laissé embarquer et je vous invite à prendre le prochain exemplaire en partance pour Complot tentaculaire.

Citation

Il avait suffi de quelques heures pour que la situation change du tout au tout. Pendant le trajet en voiture, Paul-Émile repensa à ce dont il avait parlé avec Violette Dragon le matin même, concernant son choix de carrière, et il se dit à nouveau que, quelles qu'en soient les raisons, il avait le sentiment d'avoir fait le bon choix.

Rédacteur: François Legay mardi 07 juin 2016
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page