Une proie trop facile

Si un Blanc vole, tous les Blancs sont mauvais ? Oui, les Indiens vous ont attaqués, mais ils n'étaient pas seuls. Quand le vieil homme sera guéri, retournez chez vous. Et dites qu'il y a des Indiens qui ne sont pas mauvais et qui veulent la paix.
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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Policier

Une proie trop facile

Social - Religieux - Guerre MAJ vendredi 25 mars 2016

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Yishaï Sarid
Teref kal - 2000
Traduit du hébreu par Laurence Sendrowicz
Arles : Actes Sud, novembre 2015
342 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-330-05662-9
Coll. "Actes Noirs"

Autopsie d'une société malade

Le narrateur, personnage central de cette histoire est trés ambivalent : jeune avocat, il a quitté un cabinet prospère pour fonder sa propre entreprise qui bat de l'aile. Il n'a qu'un seul client régulier qui mène un combat désespéré et suicidaire contre sa propre famille. Quant à sa vie conjugale, il accepte que vive sous son toit une ancienne copine qui squatte chez lui en attendant sans trop chercher le rôle qui la fera décoller. Une copine qui se refuse à lui... Lorsque le roman de Yishaï Sarid s'ouvre, il doit effectuer sa période de réserviste dans l'armée. Comme il a fait des études de droit, il est chargé d'enquêter dans le cadre de la police militaire. L'enquête qu'on lui propose va révéler les mêmes ambivalences que les siennes, et les affres de la société civile. D'un côté un officier, sûr de lui, pris dans ses contradictions, rêvant d'un Israêl immortel et intemporel, revenant aux sources de la tradition biblique. De l'autre une jeune femme d'un petit village du sud d'Israël, mal dans sa peau, contrôlée par ses parents, suicidaire, mélancolique, intravertie, déséquilibrée et qui prétend avoir été violée par le dit officier. Pour l'enquêteur, tout devient complexe car les deux personnages sont pris dans telles contradictions entre la réalité qu'ils vivent et les rêves qu'ils ont qu'ils ne sont pas sûrs de la réalité, et la frontière entre le viol et une relation consentie est parfois fragile. Comme l'avocat vit la même chose dans sa propre vie, les frontières entre la vérité et l'accommodement avec la réalité sont si floues et ténues que cela devient impossible à démêler.
Le roman donne ainsi lieu à un mélange étonnant entre des scènes oniriques - une prière de soldats au petit matin dans le no man's land libanais où l'avant-garde israélienne surveille ses ennemis, une journée que l'enquêteur doit passer dans un bunker à proximité du front et le réalisme de la société civile en arrière : intrigue de bureaux, manœuvres d'avocats, courses après de petits cachets de comédiens qui refont le monde autour d'une cigarette de cannabis. Une proie trop facile montre à travers une enquête sur la vérité et le mensonge, à partir d'un cas complexe, dont la réalité restera floue jusqu'à la fin, toutes les incohérences de la société israélienne. Celle-ci, tournée vers l'Occident, nourrie de principes démocratiques et d'une vie à l'européenne, se base sur un mode de vie ancestrale, des valeurs nées de la Bible, où chacun fait le grand écart entre le désir de recréer une vie héritée des peuples anciens de Palestine et celui de partir tenter l'aventure cinématographique aux États-Unis. L'enquête, ténue, sert surtout de fil conducteur à une description d'une société paranoïaque et schizophrène, en crise, plus complexe que les images que nous nous en faisons peut-être. Rien que pour cet aspect, le roman de Yishaï Sarid est une lecture intelligente et qui répondra aux curiosités d'un lecteur.

Citation

Je ne voyais que du gris autour de moi et soudain j'ai été violemment assailli par un syndrome bien connu : la colère du soldat qui revient du champ de bataille et se trouve confronté à la vanité de la vie à l'arrière.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 25 mars 2016
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