Que la mort vienne sur moi

Dos à la ville, paumes offertes de chaque côté du corps, les épaules éternellement haussées, la Madone accueillait chaque nouvel arrivant dans une pose qui semblait dire : Bienvenue à Edson. Mais désolée, je n'y suis pour rien.
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vendredi 19 avril

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Roman - Noir

Que la mort vienne sur moi

Social - Disparition - Trafic MAJ mercredi 23 mars 2016

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

James David Osborne
Low Down Death Right Easy - 2013
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Bondil
Paris : Rivages, février 2016
262 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-3502-2
Coll. "Thriller"

Arrière-cours du rêve américain

À côté des brasseurs d'univers, des grands raconteurs qui développent de sagas envoûtantes, il existe une série d'écrivains qui se spécialisent plus dans le minimalisme ou la vignette, dans l'image qui frappe, dans le détail, dans une suite d'éléments qui créent un puzzle à reconstituer. On connaît ainsi les œuvres littéraires de Richard Brautigan et de Raymond Carver, ou celle plus atypiquement policière d'un auteur comme Jim Nisbet. À présent, à côté de ces figures tutélaires, il faut compter avec James David Osborne. Dans le cas qui nous préoccupe, il ne s'agit absolument pas d'un auteur "intellectuel" torturé, hanté par l'image aussi frappante soit-elle, qui fait le charme des auteurs pré-cités. L'une des scènes du roman développe comment les deux frères Arlo et Sepp Clancy se retrouvent pour aller pécher. Une autre met en avant la façon dont l'un d'eux se révolte dans un magasin où il est employé contre les demandes absurdes de certains clients.
James David Osborne s'intéresse aux gens de peu, aux petits qui tentent de survivre et s'embarquent dans des galères dont il est difficile de sortir. Ici, nous suivons en parallèle la vie de ces deux frères qui lors d'une promenade en barque ont eu la mauvaise idée de pécher et de récupérer une tête, seul reste d'un règlement de compte. Comme l'un des frères vient de sortir de prison, ils préfèrent ne rien dire mais cette découverte ne peut que les hanter. En parallèle, Danny Ames est un petit gangster de la ville. Officiellement videur du club, il sert aussi à aplanir, de manière feutrée ou violente, les difficultés que peut rencontrer son patron, un caïd local. Lorsque son frère disparaît, il ne peut s'empêcher d'essayer d'en savoir plus. Par touches successives, les deux intrigues vont forcément se heurter. James David Osborne dresse un portrait impressionniste, par touches successives, qui décrivent un geste, un décor, une ambiance. Tous les éléments confluent pour créer une atmosphère, une angoisse diffuse, un sentiment du noir et du tragique, à hauteur d'homme, dans cette Amérique étrange qui n'est ni les grands espaces ruraux, ni la jungle des grandes villes mais cet entre-deux de petites villes sans passé ni futur et dont le présent est fait de petits boulots, de chômage, de petites arnaques et des rêves grandioses d'aller acheter un meuble chez Ikéa avec une camionnette.
Plus que l'histoire en elle-même, ce sont les variations, le soin du détail, qui constituent l'ambiance du roman et sa pâte humaine. On se drogue, on trafique, on se bat, parce que c'est normal, parce que c'est la vie, parce que c'est l'habitude. À charge pour le lecteur de combler les trous, d'installer s'il le désire des éléments psychologiques ou explicatifs. Que la mort vienne sur moi est un grand roman puzzle constitué de vignettes frappantes.

Citation

Little Sugar, une boite de strip-tease, montait la garde à la lisière de la ville. Juste à la sortie de l'autoroute, en face d'une station-service. Le nom inscrit en lettres d'un rose Miami Vice.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 23 mars 2016
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