Rédemption fatale

Par une soirée de printemps à l'hôtel Caiette, en 2005, l'agent d'entretien balayait le hall quand une cliente lui adressa la parole. 'Vous avez oublié une tache, là.' lui dit-elle. Paul eut un semblant de sourire forcé et détesta sa vie. »
Emily St. John Mandel - L'Hôtel de verre
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 18 avril

Contenu

Roman - Policier

Rédemption fatale

Assassinat - Terrorisme MAJ jeudi 18 février 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 14 €

Emmanuel Varle
Saint-Estève : Les Presses littéraires, juin 2015
448 p. ; 17 x 12 cm
ISBN 979-10-310-0013-8
Coll. "Crimes et châtiments"

Terrorisme français des années 1970

Vieux, déglingué et seul, mais avec un calibre 7.65 dans une boîte à biscuits. Nous nous trouvons dans le Val-d'Oise et Goubier, un ex-gaucho radical, la soixantaine, se rappelle les années 1970. À l'époque, il cherchait des cibles à exécuter. Les mouvements radicaux étaient déjà en perdition. Il restait bien en Ardèche quelques communautés violentes au pouvoir de nuisance bien réel, mais les NAPAP se consumaient en agonies féroces. Goubier a payé ses années de folie meurtrière. Il est passé durablement par la case prison. Pendant ce temps, Pascal et Donatien, né en 1968, s'inventent à leur tour de bien dérisoires révoltes et vivent de petites arnaques minables. Remontées de souvenirs pour eux aussi, comme une remontée gastrique. Goubier, lui, se rappelle un braquage tragique. Une balle perdue avait tué un môme de dix ans. Six mois plus tôt, il en a fait la confession publique lors d'une émission télé-réalité ayant pour thème "La rédemption chez les criminels".
Les NAPAP... Le terrorisme français des années 1970, dérisoire, meurtrier, fantoche. L'occasion pour Emmanuel Varle de rouvrir cette plaie, béante en ce qui concerne Goubier, rattrapé par la manche sous les traits d'un homme cagoulé qui le force à se mettre à genoux pour le descendre. Qui est le meurtrier ? Quelle est la vraie raison du crime ? On verra qu'elle est minable, consumée dans cet ordre que les NAPAP refusaient...
Enzo Verdier, lieutenant au sein du groupe 4 de la Brigade Criminelle, enquête. Flic cultivé, Robert Desnos en mémoire. On plonge avec lui dans le bourbier des attentats de cette époque grise, traînée de la comète 68. Les NAPAP, la GP des Maos, les barons de l'industrie française, leurs cibles privilégiées... C'est tout le portrait sombre de la société française que l'auteur glisse au passage. Une société d'accumulation d'espoirs déçus, qu'articule de belles peintures de caractère.
Ce qui frappe et séduit le plus dans ce roman, c'est son refus de céder aux sirènes du thriller, de la thrillarisation du polar français. Pas de rebonds compulsifs : l'enquête est le vrai sujet du roman. Ses difficultés, ses approximations, son intelligence aussi, vent debout, minutieuse, besogneuse, chaotique, basculant d'espoir de résolution en amertume dans l'épreuve du cul-de-sac. Et s'il y a rédemption, au fond, c'est celle de l'enquête, tant son épreuve est profonde. Une expérience romanesque délivrée ici de ces artifices qui habituellement irriguent le tout venant des romans policiers adossés à l'impératif de l'intrigue. Qu'importe l'intrigue, ce bibelot usé ! Emmanuel Varle fait vivre ses personnages, prend le temps de les installer, tout comme les lieux, les faits, renouant avec le plaisir d'écrire, tout simplement, une histoire vraie, au sens où toute fiction ne peut être que le récit du plus intime de nos survies.

Citation

Le pauvre, même dans la mort, reste un paria.

Rédacteur: Joël Jégouzo vendredi 12 février 2016
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page