Le Vide

L'humanité qui se roule dans la boue et se complaît dans la fange. L'humanité qui s'avilit pour mieux se repentir. L'humanité qui rampe et qui enfante les monstres qui la dévorent. Celle qui supplie les dieux, puis qui crache sur les cieux.
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jeudi 28 mars

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Roman - Thriller

Le Vide

Complot - Artistique MAJ mardi 19 janvier 2016

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Patrick Senécal
Paris : Fleuve, novembre 2015
728 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-265-09917-3
Coll. "Fleuve noir. Thriller"

Télé-réalité obsolète

Diane Nadeau, une Québecoise sans histoire, assassine sa famille et son ex avant de tenir des discours délirants quand elle est abattue en pleine rue par un véritable commando. Un commando dont certains membres avaient postulé pour Vivre au max, une émission de téléréalité aussi idiote que populaire animée par Max Lavoie. Il s'agit avant tout d'un animateur à l'étrange parcours, puisqu'il a dans un premier temps hérité d'une multinationale avant de démissionner de son poste de PDG. Malgré son succès, l'émission — où chacun peut réaliser son rêve le plus fou — reste majoritairement déficitaire et grignote peu à peu sa fortune. Quel est son but s'il méprise aussi bien l'argent que les honneurs ? Sa rencontre avec Frédéric Ferland, un psychologue psychopathe en quête de sensations, ne fera que hâter un plan machiavélique...
Le plus grand tort de ce roman de Patrick Senécal, le plus connu des écrivains québecois — mais honteusement ignoré chez nous à part la publication de Sur le seuil par Bragelonne, alors même que des adaptations cinématographiques de son œuvre, comme le plutôt réussi 5150 rue des Ormes, sont disponibles — est certainement son timing. Comme le dit la préface, en 2007, le thème de la téléréalité (oxymore en soi, puisque cette excroissance voyeuriste n'a pas grand-chose à voir avec la réalité) restait un sujet relativement neuf, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui... On se rattache sur la véracité psychologique des personnages, marque de fabrique de l'auteur : loin d'un banal thriller industriel, Patrick Senécal a le courage d'appuyer là où ça fait mal et, loin de la moraline lénifiante pour séries téloche, ses questions restent pertinentes à travers le personnage de cet énigmatique animateur dont l'itinéraire atypique intrigue. On n'est véritablement pas loin d'un Thomas Harris faisant accepter au lecteur que la folie tel que le décrit le monde des gens "normaux" est au fond un mécanisme de défense. Le tout à travers une narration éclatée, achronologique, même si la numérotation des chapitres permet de recréer ladite chronologie quitte à atténuer le suspense : un point que l'on appréciera ou non, mais que l'auteur a le mérite d'oser. Que du bon ? Non ! Là où le bât blesse, c'est une fois de plus ce besoin de noircir des pages. Sept cent trente pages bien tassées (!), c'est beaucoup trop pour le sujet proposé, et l'intérêt finit par se diluer, d'autant que, conformément à la doxa actuelle, le tout se déroule dans un univers dépourvu de décors ou de la moindre description campant une atmosphère. On en vient à regretter le style tiré au cordeau des spécialistes du thriller industriel genre Maxime Chattam ! Il faut donc s'accrocher pour tirer la substantifique moelle de ce roman qui, au final, s'avère très ambitieux, d'où un bilan mitigé. Attention, certaines scènes sont assez dures et, selon la formule consacrée, l'ensemble est à déconseiller aux plus jeunes ou aux âmes sensibles. La bonne nouvelle, en revanche, c'est que le Fleuve semble (enfin) vouloir continuer la publication des nombreux romans de Patrick Senécal, souvent nettement meilleurs. Rendez-vous en 2016 pour la sortie de Hell.com.

Citation

L'ivresse que ressentait Fournier deux secondes plus tôt n'existe plus. Elle n'existera plus jamais. D'ailleurs, dans cinq mois, lorsqu'il se sera remis de sa dépression nerveuse, il donnera sa démission et se cherchera un travail tranquille et monotone, du genre pompiste ou commis de vidéo-club. Son couple éclatera enfin et sa conjointe le quittera, le laissant seul pour les vingt-huit années qui lui resteront à vivre, à se rappeler que ce soir-là, le soir où il avait cru que sa vie prendrait enfin un sens, il était arrivé trop tard.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 19 janvier 2016
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