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mardi 12 novembre

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Roman - Policier

Méfaits d'hiver

Social - Procédure MAJ vendredi 06 novembre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,5 €

Philippe Georget
Paris : Jigal, septembre 2015
352 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 979-10-92016-51-2
Coll. "Polar"

Peur sur le couple

Le lieutenant Gilles Sebag de la police de Perpignan découvre la veille du réveillon de Noël que sa femme Claire l'a trompé. Vingt ans de mariage, deux enfants, un métier qu'il aime, un bon coéquipier, un patron qu'il l'a à la bonne, de la course à pied pour se maintenir en forme et évacuer le trop plein, et puis tout à coup : crac ! L'incompréhension, le doute, la douleur, la peine, les questions que l'on se pose, les images qui viennent, véritable torture mentale que l'on s'inflige. Et puis l'orgueil. L'orgueil du mâle, du grand flic, qui est mis à mal. Claire lui jure qu'elle l'aime, qu'il est l'homme de sa vie, qu'elle a pris un amant sans savoir pourquoi, peut-être parce que c'était sa dernière chance d'en prendre un avant qu'il ne soit trop tard, qu'elle soit trop veille, ou parce que le bonheur, la tranquillité de son avenir avec Gilles l'effrayait. Et il la croit, il sait qu'elle dit vrai, les menteurs, son métier lui a appris à les repérer, elle a fait un faux pas, s'est excusée, fait tout pour ne pas le perdre... Mais le policier n'arrive pas à encaisser. Il ne dort plus, il picole de plus en plus. Il aimerait tirer un trait, effacer le mal qui le ronge comme on efface des chiffres à la craie sur une ardoise, mais son esprit, qui cherche la souffrance, et son corps, qui demande du whisky, l'en empêchent. Alors il faudrait se jeter dans le boulot, le nez dans le guidon, plus penser, laisser le temps faire le reste. Et du boulot pour un flic, on ne peut pas dire qu'il n'y en a pas ! Seulement voilà, il y a comme une malédiction, comme une taquinerie cruelle qui colle aux basques du lieutenant : toutes les affaires qu'il a à traiter traitent d'adultère ! Une bonne femme est tuée par son mari d'un coup de fusil dans une chambre d'hôtel parce qu'elle le trompait. Un type se défenestre pour la même raison. Et un jeune gars séquestre sa compagne et menace de la brûler vive, toujours parce qu'il vient de découvrir qu'il est le cocu de l'histoire. C'est quand même un monde ça !
Enfin quoi ! Il n'y a quand même pas plus d'histoires de fesses dans les Pyrénées-Orientales qu'ailleurs ? Ça se saurait. Et puis qu'est-ce qu'ils ont tous à péter les plombs au moment des fêtes ? Tu parles d'un cadeau. Il est un tantinet vicelard le père Noël cette année. À se demander si c'est bien lui qui s'occupe de la distribution...
J'ai découvert un auteur : Philippe Georget. Alors je dois sûrement être l'un des derniers qui ne le connaissait pas ce brave homme car il a déjà été récompensé (Prix SNCF du polar/Roman en 2011 pour L'Été tous les chats s'ennuient et Prix de l'Embouchure 2013 pour Les Violents de l'automne, entre autres). Bon ben j'arrive en retard, je m'excuse. Pis comme on m'invite quand même à m'asseoir, je me pose. C'est un vrai écrivain de polar. Il a du style (oh oui ! Le salaud !), son intrigue est salement bonne (le dégueulasse !) et il sait tenir en haleine (le bonbon menthe !). Il a les références, c'est sûr. Qu'elles soient littéraires ou cinématographique, voire séries (anciennes séries, genre Starsky et Hutch). Il n'en fait pas étalage, elles ne sont même pas présentes ces références, mais il a capté un état d'esprit et il le retransmet, le retranscrit à l'encre d'aujourd'hui. Car c'est du présent de l'indicatif. C'est peut-être même le seul défaut, c'est que ça risque peut-être d'être très vite daté (mais j'ai mis deux "peut-être" dans la même phrase donc c'est vraiment pas sûr). Dans l'instant en tout cas c'est formidable car on s'y croirait. Il y a un côté documentaire, notamment dans le quotidien des flics, principalement quand ils sont dans leurs locaux, ou entre eux. On imagine très bien comment ça se passe et ce qu'il se passe. Ça déconne, ça picole, ça parle cul, ça cache ses problèmes privés, ça se tire la bourre, ça essaye de tirer des coups, il y a les potes, les faux amis, les chouchous du boss, les lèche-culs, comme partout vous me direz, sauf que là, la récré se termine quand la rue appelle avec son lot d'emmerdes et de drames face auxquels il faut faire face en méprisant l'état dans lequel on se trouve alors que son propre quotidien n'est peut-être déjà pas rose. Bref, on a vraiment l'impression d'être chez les flics et ça c'est vachement bien. Comme l'est l'évocation intelligente de véritables affaires connues du grand public (enlèvements, meurtres, braquages) au sein même des conversations entre les personnages comme ça doit l'être dans la réalité. Après, ça reste une fiction donc il y a forcément du folklore. Mais pour savoir où se situe la frontière... Tous les flics voulaient le blouson de cuir de Claude Brasseur dans le film La Guerre des polices. Et Brasseur portait un jeans parce qu'il avait un ami flic qui ne portait que ça ! Il y a donc un bon côté cinoche. On pense à la fois à Henri Verneuil et Olivier Marchal. À Clouzot aussi. Michel Audiard car il y a de vraies perles dans les dialogues. D'une manière générale c'est assez cinématographique, y compris dans les images que le récit nous livre, et je ne serais d'ailleurs pas étonné qu'il soit adapté un de ces quatre sur grand écran le père Georget (et s'il fait lui-même les dialogues, ça sera peut être le retour d'un cinéma qui sait causer !). À lire. Ou à découvrir (si vous avez comme moi, une montre arrêtée).

Citation

Il se réveillait tôt avec toujours des idées sombres et des questions sans cesse nouvelles. Elles mûrissaient dans la nuit et l'arrachaient du sommeil. Chaque matin, il lui fallait réinventer sa vie. Quelques étirements, un bon litre de café noir, des bisous à ses enfants, un baiser à sa femme. Et une bonne gorgée de whisky en arrivant au boulot !

Rédacteur: François Legay vendredi 06 novembre 2015
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