Un tour de passe-passe

Et tu avais peur. Ton souffle résonnait suffisamment fort dans l'obscurité pour te trahir. Du moins, tu le croyais. Je ne sais pas. C'est difficile à expliquer. C'est juste... l'écho noir.
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mardi 19 mars

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Roman - Policier

Un tour de passe-passe

Humoristique - Social - Assassinat MAJ mercredi 09 septembre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 6,6 €

Marco Malvaldi
Il gioco delle tre carte - 2008
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Paris : 10-18, juin 2015
192 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-06398-4
Coll. "Grands détectives", 4939

Défilé pagnolesque au BarLume

Pineta, cette petite ville de Toscane accueille, en ce mois de mai, le XII International Workshop on Macromolecular and Biomacromolecular Chemistry. Massimo, propriétaire et barman du BarLume, assure le service de traiteur pendant les pauses des congressistes. Mais la mort d'un éminent participant entraine la clôture anticipée du congrès. L'illustre commissaire Vinicio Fusco convoque Massimo dont il connait les qualités d'observateur. Sur place, ce dernier aurait-il remarqué quelque chose d'anormal ? Le professeur Kiminobu Asahara est mort d'un arrêt respiratoire après une chute. Cependant, l'autopsie révèle une absorption de Témesta, alors que ce médicament est très dangereux pour lui, atteint de myasthénie. Le lendemain, Massimo est prié, poliment, de se présenter au commissariat pour assister Fusco dans les interrogatoires des compatriotes du mort. Si aucun ne parle italien ils se débrouillent en anglais, langue que Massimo maîtrise. Massimo se retrouve au cœur d'une enquête sur un meurtre dont les mobiles restent difficiles à cerner.

C'est avec un grand plaisir que l'on retrouve l'univers du BarLume, avec son propriétaire-barman et son groupe de vieux gamins. L'auteur utilise ce microcosme pour décrire, avec beaucoup d'humour et d'à-propos, la vie de ce petit coin d'Italie, un lieu représentatif du reste du pays et... de l'Europe occidentale. Après une première enquête menée avec sensibilité et intuition dans La Briscola à cinq (10-18, "Grands détectives" – 2014), Massimo, toujours aidé par son "cœur antique" est engagé par la police, elle-même, à résoudre le mystère d'une mort suspecte. C'est le commissaire qui le mêle et l'intéresse à l'énigme que représente ce décès, avec cet ordinateur portable qui a disparu et des mobiles particulièrement obscurs. Cette fois encore, c'est grâce à son esprit synthétique, à sa capacité d'analyse, que le détective amateur vient à bout du problème.

Cependant, la trame policière, aussi passionnante soit-elle, est reléguée au second plan par le récit du quotidien du bar, par les relations du héros avec Tiziana, qui vient le seconder en extra, et avec le groupe des quatre "papys". Outre les démêlés entre les personnages, les mesquineries, leurs luttes pour la défense de leur place dans ce petit monde, Marco Malvaldi disserte avec un solide bon sens sur nos attitudes, sur l'évolution de la société, des évolutions plus ou moins acceptées, plus ou moins voulues. C'est ainsi qu'il aborde la situation dans les universités, situation qu'il connaît bien les ayant fréquentées longtemps, la place de plus en plus importante qu'il faut laisser à Internet... Il plaide pour que chacun puisse trouver, et tenir, sa place à l'endroit qui lui convient le mieux, se moquant des incapables à la tête d'entreprises "dont la seule capacité se résume à faire des trous dans des bilans aussi profonds que la fosse des Mariannes et à s'allouer des parachutes dorés quand ils sont obligés de démissionner". Il semble entretenir une rancune tenace envers les municipalités qui s'ingénient à concevoir des plans de circulation dont la finalité est de rendre la vie de l'automobiliste difficile, voire impossible. Il fustige une société où "les coupables se déclaraient immanquablement innocents, usant de toutes les stratégies possibles pour justifier leurs actes, jusqu'à la négation de l'évidence". On a également, en France, quelques beaux spécimens de ce type d'individu !
Marco Malvaldi fait revivre, dans une Italie contemporaine, un groupe à "la Pagnol" pour notre plus grand plaisir. Un régal littéraire !

Citation

L'un des aspects les plus désagréables de l'être humain, c'est sa conviction ridicule de ne pas être responsable des conséquences de ses actes, comme en témoigne la désinvolture puérile avec laquelle nous tendons à attribuer aux volontés du Destin l'issue désastreuse de nos conneries.

Rédacteur: Serge Perraud lundi 07 septembre 2015
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