Millénium. 4, Ce qui ne me tue pas

Pourtant, je crois qu'un jour ça changera. Comment ? Je ne sais pas. Quand ? Je le sais encore moins. Alors pourquoi ? Parce qu'il y aura toujours quelqu'un pour se battre.
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jeudi 05 décembre

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Roman - Espionnage

Millénium. 4, Ce qui ne me tue pas

Politique - Médical - Scientifique - Complot MAJ mercredi 02 septembre 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

David Lagercrantz
Traduit du suédois par Hege Roel Rousson
Arles : Actes Sud, août 2015
500 p. ; 24 x 14 cm
ISBN 978-2-330-05390-1
Coll. "Actes Noirs"

Actualités

  • 11/09 Édition: Parutions de la semaine - 11 septembre
  • 05/09 Site Internet: Cercle polar sur Télérama
    À un rythme aléatoire qui oscille entre le mensuel et le bimensuel, sur le site de Télérama, Christine Ferniot et Michel Absecat animent l'émission radiophonique Cercle polar. Le plus souvent, il s'agit pour les deux journalistes littéraires de présenter en une quinzaine de minutes deux romans qui ont suscité leur attention, mais parfois ils laissent la parole à un, voire deux romanciers pour une interview sans limite de temps. Nous allons revenir progressivement sur les émissions passées afin de vous faire (re)découvrir avec le recul, les choix de Cercle polar.

    Liste des émissions Cercle polar :

    #180 (11/06/2016) : L'Enfer est au bout de la nuit, de Malcom Mackay (Liana Lévi), Une offrande à la tempête, de Dolorès Redondo (Mercure de France) & Cat 2.15, d'Antonin Varenne (La Manufacture de livres).
    "Pays basque, Guyane ou Écosse... trois destinations et trois ouvrages au programme de Cercle Polar, l'émission qui voyage dans tous les pays du noir."
    Lien vers l'émission (16:55)

    #179 (28/05/2016) : Entretien avec François Guérif.
    "Il est le créateur de 'Rivages-Noir', qui vient de publier son n° 1000. James Ellroy, Dennis Lehane, Hervé Le Corre... et bien d'autres encore nous on émus, et cela grâce à lui. François Guérif est l'invité de Cercle Polar."
    Lien vers l'émission (36:26)

    #178 (23/04/2016) : Meurtres rituels à Imbaba, de Parker Bilal (Le Seuil), Rural noir, de Benoît Minville (Gallimard) & Les Enfants du Cap, de Michèle Rowe (Albin Michel).
    "Trois ouvrages au programme de Cercle Polar aujourd'hui et trois voyages inhabituels : au Cap avec Michèle Rowe, au Caire avec Parker Bilal, mais aussi à Tamnay-en-Bazois en compagnie de Benoit Minville."
    Lien vers l'émission

    #177 (09/04/2016) : Entretien avec Richard Price pour son nouveau roman The Whites (Presses de la Cité).
    "Cercle Polar reçoit l'un des plus grands écrivains américains contemporains. Avec son dernier roman en noir et blanc, The Whites, Richard Price ne déçoit pas."
    Lien vers l'émission (18:39)

    #176 (04/04/2016) : Le Lagon noir, d'Arnaldur Indridason (Métailié) & Condor, de Caryl Férey (Gallimard).
    "Caryl Férey est un écrivain voyageur qui a choisi le roman noir pour rendre compte de ce qui l'agite. Il parcourt les pays qu'il met en scène, loin des chemins touristiques, en dresse une géographie intime [...] Arnaldur Indridasson aime mener deux intrigues de front et s'appuyer à la fois sur l'histoire de son pays et ses secrets plus intimes. Mais ce qui fait le charme principal de cet excellent roman policier, c'est le plaisir ressenti à accompagner un héros dont nous connaissons en partie l'avenir."
    Lien vers l'émission (20:41)

    #175 (12/03/2016) : Berlin 49, de Joseph Kanon (Le Seuil) & Le Grand jeu, de Percy Kemp (Le Seuil).
    "Deux romans d'espionnage, deux merveilles d'aventure et de réflexion philosophique au passage."
    Lien vers l'émission (18:56)

    #174 (27/02/2016) : Entretien avec Giancarlo De Cataldo.
    "Giancarlo De Cataldo, magistrat, écrivain, auteur du fameux Romanzo criminale qui l'a propulsé à l'avant-scène du roman noir, poursuit son portrait ravageur de Rome en capitale de la mafia avec son nouveau roman, écrit avec le journaliste Carlo Bonini, Suburra. Le roman est passionnant et nous avions mille questions à lui poser. Il est l'invité de Cercle polar."
    Lien vers l'émission (41:00)

    #173 (13/02/2016) : Les Salauds devront payer, d'Emmanuel Grand (Liana Lévi) & Viens avec moi, de Castle Freeman Jr. (Sonatine).
    "Cette semaine, dans notre émission spéciale polar, deux romans au goût corsé."
    Lien vers l'émission (15:57)

    #172 (23/01/2016) : Il reste la poussière, de Sandrine Collette (Denoël) & Plateau, de Franck Bouysse (La Manufacture de livres).
    "Deux auteurs français pour commencer cette année 2016. Deux romans aux inspirations cousines, les grands espaces sauvages, la rudesse du monde qu'ils mettent en scène, la noirceur de leur vision, l'approche intimiste, au plus près des personnages... Sandrine Collette et Franck Bouysse sont deux valeurs qui montent."
    Lien vers l'émission (17:43)

    #171 (02/01/2016) : Les Portes de l'enfer, de Harry Crews (Sonatine) & Épilogue meurtrier, de Pétros Márkaris (Le Seuil).
    "Un inédit d'Harry Crews qui nous entraîne dans les tréfonds d'une cour des miracles du sud des États-Unis et une suite aux aventures du commissaire Kostas Charitos, flic athénien désabusé aux prises avec la dure réalité grecque."
    Lien vers l'émission (14:43)

    #170 (21/12/2015) : Les Infâmes, de Jax Miller (Flammarion) & Le Fils, de Jo Nesbø (Gallimard).
    "Deux histoires de vengeance et de rédemption, deux textes parfaitement vissés, virtuoses et violents : multiplicité des personnages, sens du rythme, rage et énergie, le roman noir au mieux de sa forme."
    Lien vers l'émission (18:09)

    #169 (21/11/2015) : Ténèbres, ténèbres, de John Harvey (Rivages).
    "Pour dire adieu à Charlie Resnick, le héros de John Harvey, il fallait bien une émission toute entière. Hommage à un personnage courageux, mélancolique et solitaire."
    Lien vers l'émission (12:41)

    #168 (07/11/2015) : La Quête de Wynne, de Aaron Gwyn (Gallmeister) & Le Premier mai tomba la dernière neige, de Jan Costin Wagner (Jacqueline Chambon).
    "Amateurs de textes singuliers, hors des sentiers battus, arrêtez-vous. Voici deux romans subtils, à la poétique sombre, difficilement classables comme tous les livres hors du commun : La Quête de Wynne de l'Américain Aaron Gwyn. Roman noir, roman de guerre, et surtout western bien qu'il se passe dans l'est de l'Afghanistan. Et Le Premier mai tomba la dernière neige, le nouveau roman de l'Allemand Jan Costin Wagner, désespéré et tendre, aussi beau que les précédents."
    Lien vers l'émission (15:37)

    #167 (24/10/2015) : Entretien avec James Grady pour son nouveau roman Les Derniers jours du Condor (Rivages).
    "Invité spécial du Cercle polar, James Grady a accepté de répondre à toutes les questions : espionnage, roman noir, adaptation cinéma. Sans oublier de parler d'une Amérique qu'il ausculte depuis trente-cinq ans à travers son héros, le Condor."
    Lien vers l'émission (18:45)

    #166 (10/10/2015) : Entretien avec Patrick Pécherot pour son nouveau roman Une plaie ouverte (Gallimard).
    "Patrick Pécherot est discret. Il construit patiemment, sans tapage, depuis 1996, une œuvre singulière et attachante, où les coins de rue, les gens, le quotidien, tiennent le premier plan. Il s'intéresse à l'histoire, sociale en particulier, à celle de Paris aussi, à la mémoire et aux traces que laissent les hommes après leur disparition. À l'occasion de son nouveau roman, Une plaie ouverte, qui paraît en 'Série Noire', chez Gallimard, Patrick Pécherot est venu nous rendre visite."
    Lien vers l'émission (30:28)

    #165 (26/09/2015) : Le Contrat Salinger, d'Adam Langer (Super 8) & Le Crime de Julian Wells, de Thomas H. Cook (Le Seuil).
    "Des histoires mettant en scène des auteurs de polar et des journalistes littéraires, c'est tellement tentant ! Et quand la fiction dépasse la réalité, comment résister ? Voici Le Contrat Salinger, d'Adam Langer, et Le Crime de Julian Wells, de Thomas H. Cook."
    Lien vers l'émission (15:51)

    #164 (05/09/2015) : Entretien avec David Lagercrantz, l'auteur de Millenium 4. Ce qui ne me tue pas (Actes Sud).
    "Qui est David Lagercrantz, l'auteur du nouveau Millenium ? Comment a-t-il été choisi ? Est-il sensible aux critiques de ceux qui pensent qu'une suite aux aventures de Lisbeth Salander et Mikael Blomkvist était inutile, et même choquante, si l'on considère que l'auteur de la trilogie initiale, Stieg Larsson, est mort prématurément, en 2004, sans avoir eu le temps de voir ses livres imprimés ? Comment David Lagercrantz a-t-il travaillé pour s'approprier les personnages d'un autre ? Autant de questions (et bien d'autres) auxquelles il a bien voulu répondre pour Cercle polar."
    Lien vers l'émission (30:28)

    #163 (11/07/2015) : Fin d'été, de Johan Theorin (Albin Michel) & Du sang sur la glace, de Jo Nesbø (Gallimard).
    "Le polar scandinave a le vent en poupe, les éditeurs surfent sur la vague et les romans sous ce label ne sont pas toujours à la hauteur de sa réputation. Pas de panique, les deux que nous vous proposons valent le détour et leurs auteurs ont largement fait leurs preuves. Fin d'été du Suédois Johan Theorin et Du sang sur la glace du Norvégien Jo Nesbø méritent votre attention. Et peut-être même une petite place dans vos bagages pour les vacances !"
    Lien vers l'émission (16:15)

    #162 (27/06/2015) : Hommage à Jean Vautrin & Prendre Lily, de Marie Neuser (Fleuve).
    "Un au revoir à l'écrivain talentueux et à l'homme engagé que fut Jean Vautrin. Et, cela n'aurait pas été pour lui déplaire, un zoom sur la nouvelle génération du polar avec Prendre Lily, de Marie Neuser. Un thriller lent, très addictif."
    Lien vers l'émission (13:33)

    #161 (13/06/2015) : Pukhtu, de D.O.A. (Gallimard) & Derrière les panneaux, il y a des hommes, de Joseph Incardona (Finitude).
    "Attention chefs-d'œuvre ! Sans vouloir en faire trop (ce n'est pas notre genre), les deux romans que nous vous proposons dans cette émission sont vraiment hors du commun. Écrits par deux auteurs français de la même génération, leur ambition littéraire est vraiment singulière. Et le pari est gagné dans les deux cas. À lire d'urgence !"
    Lien vers l'émission (14:15)

    #160 (04/05/2015) : Toutes les vagues de l'océan, de Víctor del Árbol (Actes Sud) & La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine).
    Lien vers l'émission (15:29)


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Le client est roi

On a eu du Jean Bruce après Jean Bruce, il était fatal que l'on ait du Millénium après Stieg Larsson. Il faut bien donner au public ce qu'il demande, non ? Cette fois, au moins, le nègre est "blanchi" sous son vrai nom. Voici donc de quoi aiguiser l'appétit de ceux qui n'en auraient pas encore.
Frans Balder, chercheur de pointe dans le domaine de l'intelligence artificielle et un dieu pour tous les "geeks" de la planète, revient d'Amérique à Stockholm pour récupérer son fils August, autiste "savant" surdoué en dessin et en mathématiques, dont la mère (Hanna, qui vit maintenant avec Lasse Westman, acteur alcoolique) a pourtant la garde. Et revoici Mikael Blomkvist, qui connait un sérieux coup de blues lors de l'entrée d'un groupe de presse norvégien au capital du magazine. Heureusement, un anonyme lui propose un scoop qui l'amène à tenter de recontacter Lisbeth Salander. Celle-ci est en effet au cœur d'une attaque de son groupe (Hacker Republic) contre le système informatique de la NSA. Parallèlement, le professeur Balder est avisé par le contre-espionnage suédois qu'une menace pèse sur lui et on lui conseille de prendre contact avec Blomkvist. Mais celui-ci n'a même pas le temps d'arriver que le professeur (qui a été trahi par l'un de ses disciples) est expédié ad patres et son programme futuriste dérobé. C'est alors que la "super-héroïne" (c'est dans le texte, p. 358) Lisbeth, qui se fait maintenant appeler Wasp – les initiés comprendront pourquoi –, entre vraiment en scène pour traquer l'assassin sous l'œil discret du contre-espionnage suédois et d'autres, puisque tout le monde surveille tout le monde jusque dans ses toilettes, désormais. L'avantage, avec une telle femme, c'est que l'on n'a pas à se soucier de vraisemblance : rien ne lui est impossible, même pas de garder son ordinateur à portée de la main dans les pires circonstances – il est vrai qu'elle ne peut rien faire sans lui –, elle a l'art de passer inaperçue et rares sont ceux qui la reconnaissent dans la rue, malgré le célèbre "look" qui lui a valu la célébrité. Et surtout, surtout, elle a une sœur jumelle (c'est nouveau, cela vient de sortir) dont il est facile de faire une image inversée d'elle : the bad twin est-il précisé p. 363, en anglais dans le texte pour bien souligner qu'il s'agit d'une marque déposée internationalement. Le principal indice et enjeu de la lutte sanglante qui s'engage est un dessin qu'a exécuté August lors du meurtre de son père (le tueur l'a épargné pour sa "débilité") et qu'il va s'agir de lui faire expliciter. Et le tempo va s'accélérer peu à peu (non sans quelques victimes collatérales) vers un scoop qui fera la fortune de Millénium (la revue ET le livre, sûrement). L'affrontement final entre Superwoman-la-justicière et son double noir, lui, attendra le prochain volume de la série, ou peut-être le vingt-cinquième, déjà conçu et programmé jusque dans son "plan médias" puisque la littérature est maintenant affaire d'intelligence... artificielle, il n'y aura qu'à le "upgrader" – restons dans la note – le moment venu.
Que les lecteurs des épisodes précédents se rassurent, ils retrouvent tous leurs personnages favoris – c'était la condition de la parution et même de l'écriture du livre. Ils auront en plus la bonne surprise de constater que, cette fois, la traduction est digne de ce nom et que le livre a vraiment été relu et corrigé. Il n'en reste pas moins que l'ensemble est assez banal. Le thème de l'assassinat d'une publication dérangeante par la haute finance n'est pas des plus nouveaux. Pour ne parler que de la Suède, Per Wahlöö l'a traité dans Meurtre au 31e étage dès... 1964, même s'il n'est paru en France que vingt-cinq ans plus tard. Ceux de la surveillance totale, de la désinformation d'État et du complot mondial ne sont pas non plus des plus inédits, sans parler du surdoué. Il ne manque même pas les "deux nigauds" de service dans les rangs de la police. Ce n'est pourtant pas ce qui empêchera ce livre de connaître un succès mondial, en vertu du principe que celui-ci va à l'œuvre "qui ressemble le plus à toutes les autres". Plus c'est prévisible jusqu'au moindre tic (comme la pratique du très léger retour en arrière avec changement de point de vue), plus cela marche, car le lecteur est flatté de se dire qu'il avait tout flairé à l'avance. Ici, il est comblé et se procure à bon compte une belle dose d'autosatisfaction, puisque tout était prévisible depuis le début. Et avec, en prime, du manichéisme, du politiquement et "sociétalement" correct, du sadomasochisme et vampirisme, la mafia russe, un gigantesque magot et tutti quanti, c'est gagné d'avance sur le marché mondial.
Le véritable point faible du livre quant au succès est plutôt sa tendance à un encyclopédisme des plus rébarbatifs. Les parties du roman sur l'intelligence artificielle et le piratage informatique sont tellement précises et détaillées qu'elles sont illisibles pour le commun des mortels, qui décroche devant cette avalanche de termes, concepts et sigles cabalistiques (soit en anglais, soit traduits de façon "brute"), ce qui n'est pas bon pour le suspense censé le pousser en avant dans sa lecture et qui y parvient donc un peu trop en l'incitant à sauter des passages entiers. Il en va de même pour les considérations sur l'autisme, qui frôlent parfois le manuel savant, les trous noirs, la mécanique quantique, la superintelligence, la mémoire eidétique, la factorisation des courbes elliptiques, le concept de singularité (technologique et gravitationnelle !), et les répercussions de tout cela sur la technologie de l'avenir. L'auteur semble avoir si peur d'être accusé de "légèreté documentaire" qu'il en fait des tonnes et que le lecteur a des raisons de se demander s'il ne serait pas dans un roman de science-fiction plutôt que dans un polar. C'est dommage, car le reste est écrit d'une plume alerte et parvient à retenir l'intérêt du lecteur de bonne volonté.
Au total, c'est long (près de cinq cents grosses pages) et très "tendance"  (y compris une couverture censée ne pas "décevoir" le lecteur), mais on a aussi de bonnes raisons de penser que c'est une image vraisemblable du monde à venir – très bientôt, sans doute. Qu'on se le dise bien haut.

Citation

Donc, au moment où nous créons une superintelligence, nous en perdons le contrôle [...] on ne va plus oser rien écrire ni rien dire de peur d'être surveillés.

Rédacteur: Le Huron svécomane vendredi 23 décembre 2016
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