Lucas d'Amour-Léger

J'aimerais pouvoir parler, mais j'ai la langue bétonnée par des années de silence, la bouche collée par la honte. De temps en temps, du coin de l'œil, elle me regarde pleurer et ne rajoute rien. Le silence est encore plus incisif que ses phrases.
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Roman - Thriller

Lucas d'Amour-Léger

Tueur en série - Enquête littéraire MAJ mercredi 22 juillet 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Thierry Tuborg
Montpellier : Les Éditions Relatives, octobre 2014
238 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-9521790-5-8

Théâtre d'ombres légères

Nul besoin de grandes machineries, de vols intercontinentaux, d'équipes triées sur le volet et de machines pétaradantes qui roulent ou fusillent à tout va pour écrire un bon polar. Emmanuel Nash le sait bien, lui qui est un petit écrivain vivotant de sa plume, et qui espère enfin avoir trouvé le bon sujet. Même si cela le dégoûte un peu, il a été choisi par Lucas d'Amour-Léger pour recueillir ses confessions. Oh ! Ce brave homme n'est pas une star vacillante de la télé-réalité mais un tueur en série qui a toujours refusé de se confesser. Alors que la sortie du livre dans lequel tous les crimes sont dévoilés est imminente, Nash se sent lui aussi léger même sans amour. Mais une surprise kafkaïenne l'attend car des policiers viennent l'arrêter. Pourquoi donc ? Eh bien parce qu'un nouveau meurtre a été commis en s'inspirant du mode opératoire du tueur. Et là où le bât blesse, c'est que les seuls au courant de tous ces petits détails macabres (outre le tueur, bien entendu) sont l'auteur et son éditeur...
Le théâtre de cette intrigue de Thierry Tuborg va donc se "limiter" à quelques lieux et quelques personnages comme cet écrivain qui se débat, ce policier qui flaire du louche, cet éditeur peu franc du collier, et surtout ce tueur qui joue sa diva. Quant aux espaces, ils reflètent ce quotidien flou, mouvant et monotone de nos vies tristes d'Occidentaux - une piscine qui se vide, des bureaux déserts, des locaux policiers sans âme, une station aérienne de métro sous la pluie. L'écrivain pourrait se réfugier dans son appartement, mais les policiers lui ont enlevé ordinateur et connexion, et ce home sweet home est encore plus déprimant qu'une cellule de prison.
Cette intrigue resserrée correspond bien au rétrécissement de l'univers du personnage central : sa vie de gagne-petit de l'édition n'est pas très rose mais lorsque des soupçons pèsent sur lui, tout devient invivable. Cerise sur le gâteau, en attendant d'en savoir plus, la justice bloque la sortie du livre, ce qui, cyniquement, ne permet même pas de surfer sur la vague du scandale et d'en tirer des bénéfices. Mais le cynisme n'en est pas moins là quand même, et il conviendra au lecteur de connaître l'identité du coupable pour s'en convaincre.
Le style, simple et efficace, qui colle à ses personnages et à leur quotidien, ponctué d'une légère dose d'humour et d'ironie (peut-être auto-ironique car malgré une "production" livresque importante et de qualité, l'auteur n'est pas devenu un vendeur en série !) s'accorde bien avec la description de Nash, s'engluant peu à peu dans une sorte de toile d'araignée, se débattant dans un monde qui n'est fait que pour les winners, là où il n'y a surtout que des êtres humains, simples et complexes à la fois.

Citation

Poissard jusqu'au bout des doigts. C'est le supplice de Tantale. Oui. C'est bien ça.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 22 juillet 2015
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