Cette nuit...

Un crayon bien taillé entre de bonnes mains peut se révéler une arme fatale. Au minimum, on peut énucléer quelqu'un, au pire, traverser l'orbite jusqu'au cerveau. J'ai taillé le mien à la perfection. Mais une arme fatale est inutile si elle n'atteint pas sa cible.
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mercredi 24 avril

Contenu

Roman - Thriller

Cette nuit...

Psychologique - Tueur en série - Artistique MAJ mardi 19 mai 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,5 €

François Boulay
Paris : Folio, février 2015
316 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-045588-1
Coll. "Policier", 755

Aller simple au bout de la nuit

Cette nuit..., c'est peut-être la nuit artificielle des casinos où, même en plein jour, on pourrait se croire de nuit afin que rien ne vienne déranger les joueurs de poker qui entament, sous l'œil des caméras des parties éprouvantes. Cette nuit..., c'est peut-être celle où Gus Garson, un as légendaire des cartes, a perdu les pédales lorsqu'il a échoué à un tournoi de poker et qu'à peine retourné à son hôtel est accusé du décès de sa compagne, retrouvée violée et frappée à mort dans un parking souterrain, autre lieu de la nuit éternelle. Cette nuit..., c'est celle de la chance de Pete Rubel, un photographe passionné de poker, qui était justement dans ce parking et a filmé les vrais coupables, sans intervenir, car il espère - entre chantage et journalisme -, tirer un maximum d'argent de ce qu'il a surpris. Cette nuit..., c'est celle où s'enfonce Sozzo Valligia, un simple d'esprit sans doute, mais au cerveau capable de décrypter et d'analyser si finement les parties de poker qu'il est un champion redouté. Pour survivre, il a besoin de retrouver des femmes qu'il enserre dans ses bras jusqu'à l' étouffement final. Cette nuit..., c'est peut-être une autre nuit, il y a longtemps, au cours de laquelle Kurt, psychiatre reconnu et tueur en série, a décidé de mettre le feu à sa maison de repos pour s'enfuir sur les routes et les tournois de poker avec Sozzo. Duo en symbiose : il viole et son ami tue. Cette nuit..., n'est-ce pas celle de Martivel, le policier, qui comprend bien des choses mais est obnubilé par la propre mort programmée de son fils ? Ou celle de Jenny, une spécialiste des troubles mentaux qui aide la police, quitte à faire la chèvre, pour attirer le tueur ?
Le roman de François Boulay décrit de nuit en nuit, de tournois gagnés en casinos flamboyants, d'hôtels quatre étoiles en maisons paumées des déserts américains, les obsessions de l'ensemble de ces personnages. De temps à autre, ils se croisent, s'observent, en déduisent des informations afin de résoudre une énigme ou d'échapper à une arrestation. Le style de François Boulay rend avec minutie ces forces en présence, ce mal aussi douloureux pour les coupables que pour les victimes, ces esprits détruits qui continuent, comme des bêtes blessées, chargeant encore leurs prédateurs, leur trajectoire, sans se préoccuper des désordres périphériques. La pesanteur, le manque d'oxygène, le manque de sommeil (ce n'est pas un hasard si l'un des personnages risque de mourir s'il se couche, c'est-à-dire s'il se repose !) contribuent à cette sensation d'étouffement (qui est d'ailleurs la marque du tueur) que l'on sent palpable lorsque nous regardons un tournoi de poker. Une claustrophobie que l'auteur maintient jusqu'aux dernières lignes, comme une plongée dans des univers mentaux obsessionnels, jusqu'à l'asphyxie.

Citation

Elle a pris un coup, chef, mais pas de chaud. Regardez, quand j'appuie avec mon pied sur sa poitrine, ça s'enfonce tout seul.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 18 mai 2015
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