Une valse pour rien

Les chevaux (pour l'écartèlement de Damien ndlr) ont donné un coup de collier, tirant chacun un membre en droiture, chaque cheval tenu par un exécuteur. Un quart d'heure après, même cérémonie, et enfin, après plusieurs reprises, on a été obligé de faire tirer les chevaux, surtout ceux des bras droits à la tête, ceux des cuisses se retournant du côté des bras, ce qui lui a rompu les membres aux jointures. Ce tiraillement a été répété nombre de fois sans réussite ; il levait la tête et se regardait.
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jeudi 12 décembre

Contenu

Roman - Policier

Une valse pour rien

Social - Assassinat MAJ lundi 25 mai 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Gay, gay, tuons-nous

Une valse pour rien, troisième roman de Catherine Bessonart publié à L'Aube, est l'occasion terrible d'aborder le bilan de l'auteur. Un bilan plus que positif pour celle de Et si Notre-Dame la nuit..., débarrassée de ses influences vargasiennes pour voler de ses propres ailes. L'enquête est des plus classiques, digne d'un "Masque jaune" de la grande époque, menée principalement par des dialogues entre deux introspections du personnage central Chrétien Bompard : une série de meurtres ensanglante la communauté homosexuelle parisienne et fait ressortir les vieux démons de la haine recuite au moment où la loi sur le mariage pour tous avive d'inutiles tensions. D'autant que les assassinats, a priori sans aucun lien entre eux, ont un point en commun qui a rapport avec l'art de la danse... Bompart, "réparateur de destin" comme l'était le commissaire Jules Maigret (à l'exception du sien) va rencontrer une fois de plus une galerie de personnages souvent touchants. Si la résolution douce-amère de l'énigme sur fond de conflit social et d'éthique démocratique est parfaitement satisfaisante, et donne lieu à une scène finale hallucinée digne du meilleur Argento, la vérité est ailleurs. D'abord dans ce personnage de Chrétien Bompard, Pierrot lunaire cherchant fugace Colombine, en l'occurrence la belle Mathilde, son amour perdu, seule remède contre ses angoisses existentialistes. Ensuite, dans cette langue faussement neutre, surréaliste, désormais ponctuée de passages évoquant certains auteurs de littérature dite "Blanche" (Marie Darrieusecq, par exemple), qui donne à tout le roman l'allure d'un rêve éveillé. C'est là que Catherine Bessonart trouve sa voix personnelle, qui désormais ne se compare vraiment à aucune autre, à travers une fausse simplicité cachant une économie de moyens remarquable. L'auteur va-t-elle abandonner son personnage fétiche de Chrétien Bompard ? La fin reste ouverte, mais quel que soit le chemin emprunté, on la suivra avec plaisir...

Citation

Mario Lévi était toujours dans le coma. Bompard, s'il n'allait pas jusqu'à regretter qu'il fût vivant, ne pouvait s'empêcher de penser que mort, il aurait parlé davantage.

Rédacteur: Thomas Bauduret samedi 04 avril 2015
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