Sérénade pour une souris défunte

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Roman - Policier

Sérénade pour une souris défunte

Hard boiled - Pastiche MAJ lundi 05 janvier 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 6,2 €

San-Antonio
Paris : Pocket, mars 2014
214 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-266-24968-3
Coll. "San-Antonio", 10

MySan-Aisrich

Comme le disait l'argument publicitaire : "Il y a toujours une bonne raison de lire San-Antonio." Adage valable, quel que soit le tome de la série, l'époque d'écriture.
Ainsi, il faut lire les tout premiers titres des années 1950, ceux d'avant "l'âge d'or", quand San-Antonio n'était pas encore tout à fait San-Antonio et, justement, les lire parce qu'il était en devenir. C'est toujours passionnant de chercher les germes, les pousses, les repentirs de cette geste unique dans l'histoire de la littérature populaire.
Sérénade pour une souris défunte n'est que la dixième aventure du commissaire. Ce dernier est envoyé à Londres afin d'assister à l'exécution d'un ressortissant français accusé de meurtre. De fil en aiguille, San-A va enquêter afin de prouver, de façon posthume, l'innocence du condamné.
On l'a dit et répété, les premiers San-A sont censés être écrits à la manière de Peter Cheyney. De fait, ils reprennent un bon nombre de composantes du hard boiled second degré : personnage viril, ténébreux et cynique, whisky par tonneaux, petites pépées, cadavres en fin de chapitres calibrés page turner, humour noir, baston, coups de feu et langage fleuri, le tout en flirt permanent avec la parodie.
Mais si le San-Antonio de 1954 n'est pas encore celui qui explosera au nez des critiques et du public, il est quand même intéressant de repérer les frémissements de la bête qui sommeille sous le cliché et l'emprunt à la littérature de genre.
Du point de vue stylistique, l'argot est omniprésent. Il s'agit d'un argot établi, préexistant, et pas encore du langage san-antonien inventé de toutes pièces par Frédéric Dard. Nous sommes donc encore dans l'emprunt, pas encore dans la création. Mais pour autant, on trouve déjà ce sens unique de l'image débridée, de la métaphore hardie, de la comparaison qui-n'a-peur-de-rien-c'est-même-à-ça-qu'-on-la-reconnaît.
Autre germe, le commissaire nous est présenté comme ne parlant pas un mot d'anglais (notons que dans les décennies suivantes, il déclarera parler parfaitement cette langue, de même que l'espagnol et l'italien...) et, pour tout dire, assez frustre intellectuellement, du moins tel qu'il se décrit lui-même. Pour autant, fait rarissime, il se présente déjà comme écrivant ses propres aventures, et fait plus d'une fois référence à son éditeur. Le "je" est donc à la fois auteur, narrateur, personnage, et procède d'une mise en abyme et d'une rupture du contrat de lecture inédite jusqu'alors dans le roman policier.
On le voit, les premières fondations de la problématique san-antonienne sont déjà posées : San-Antonio est-il un flic-écrivain, ou un écrivain qui joue avec un flic ?
Sinon, on peut aussi lire ce roman pour ce qu'il est, à savoir un bon petit polar vintage qui se déguste au coin du feu, un verre de ce que vous voulez à la main.

Citation

C'est une ville industrielle assez noire. Plus triste encore que le reste du pays. Le ciel y est bas, la mer y souffle des nuages que la suie semble souder solidement les uns aux autres.

Rédacteur: Maxime Gillio dimanche 04 janvier 2015
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