Metropolis - 2

Le silence qui m'effrayait petit à la campagne, le silence des non-dits, le silence de la peur qui dévore, de la mort qui rôde. Le silence précédant le crime, le silence lui succédant. Le silence contenant tout un monde, la terre avant ses premiers frémissements, les voix qui se sont tues, la minute après le dernier soupir. Le silence ne m'effraie plus.
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mardi 19 mars

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Bande dessinée - Noir

Metropolis - 2

Politique - Historique - Terrorisme - Artistique MAJ mercredi 02 septembre 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 15,95 €

Serge Lehman (scénario), Stéphane de Caneva (dessin)
Benjamin Carré (illustrateur de couverture)
Dimitris Martinos (coloriste)
Paris : Delcourt, septembre 2014
96 p. ; illustrations en couleur ; 29 x 19 cm
ISBN 978-2-7560-5402-5
Coll. "Machination"

Les Anges morts

Dans ce deuxième volet d'une série de quatre, le même quatuor artistique nous replonge dans ce que j'avais qualifié d'anti-dystopie. Si je signalais dans ce Berlin des années 1930 l'absence du personnage dictatorial Hitler, elle n'est plus de mise dans ce récit qui propose une plage de respiration après un premier opus qui plantait un décor affolant et aseptisé sur fond de terrorisme, dans la lignée du Metropolis de Fritz Lang. En effet, l'intrigue n'avance que très peu, et le lecteur se laisse agréablement transporter dans un univers fort. Les deux enquêteurs du contrôle, l'inspecteur Faune et le commissaire Lohmann (celui-là même qui porte un gant pour cacher le "M" gravé dans sa main, fruit de sa quête du Maudit) sont chargés de débusquer le(s) coupable(s) d'un triple meurtre et d'un attentat sur la place de la Réconciliation. Mais l'enquête n'est qu'un prétexte à dépeindre une société utopique dans laquelle l'ordre tente de régner envers et contre tout et tous. Un ordre franco-allemand avant l'heure, une anarchie despotique symbolisée par une tour montée de toutes pièces par un architecte qui a trahi ses commanditaires.
Avant tout bande dessinée urbaine qui rend hommage au cinéma, Metropolis semble poser un regard mélancolique sur la fin des années folles comme si les bédéistes avaient voulu faire survivre une décennie de plus l'élan artistique, créatif et scientifique né de l'après Première Guerre mondiale. Dans cet univers où se côtoient Freud, Einstein, Cendrars et Von Braun (sans compter l'ombre planante et omniprésente de Fritz Lang), Hitler est devenu peintre. Seule menace, et de taille, il est l'un des nombreux visiteurs d'un centre spatial qui a eu l'opportunité de voler cinquante kilos d'ergolz, un comburant pour la propulsion des fusées qui a servi pour le fameux attentat qui initie la série. L'histoire est complexe à souhaits avec la découverte du corps pendu de l'architecte de la cathédrale de cette même place qui avait créé une pièce secrète, absente des plans. Pièce dans laquelle ont été retrouvés les trois cadavres de femmes. Lui avait eu le temps d'ouvrir un paquet et de jeter dans ses toilettes les dents qu'il contenait. Les enquêteurs arrivent alors à la conclusion que l'auteur du triple meurtre connaissait dès avant les plans des terroristes. Et si tout ça est bien compliqué pour vous, il l'est encore plus pour les policiers du contrôle qui doivent faire face à un autre service, celui qui contrôle le contrôle. Cette mise en abime hypnotique de l'administration se veut le reflet du cinéma de Fritz Lang et appuie sur la paranoïa sociétale prompte à créer des processus pour tout maîtriser.
À ce scénario haut en couleur, il incombe d'ajouter l'important et impressionnant travail de Stéphane de Caneva. Il insiste moins sur l'héritage "langien" (même s'il propose à un moment le personnage d'un androïde) et sur celui, en général, du cinéma expressionniste allemand, mais propose des planches à la découpe harmonieuse, et surtout s'ingénie à envoûter le lecteur par le biais de changements de styles de page en page qui donnent à l'ensemble un effet particulièrement harmonieux. Chaque page est un plaisir des yeux joliment mis en couleur par Dimitris Martinos.

Citation

La vraie question est : quel genre d'esprit malade a pu concevoir une crypte mortuaire secrète sous un gratte-ciel de 200 mètres ?

Rédacteur: Julien Védrenne samedi 27 septembre 2014
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