Je te trouverai

Nous vivons dans un univers de fiction, au point que la fiction prend souvent le pas sur la réalité ou que les deux se confondent. Les personnalités politiques se comportent comme des acteurs et inversement. Les télévisions convertissent les faits réels en anecdotes. L'analyse laisse la place à la narration.
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jeudi 28 mars

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Roman - Thriller

Je te trouverai

Psychologique - Social - Tueur en série MAJ vendredi 29 août 2014

Note accordée au livre: 2 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 7,4 €

A. K. Alexander
Daddy's Home - 2013
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Guillaume Le Pennec
Paris : J'ai lu, juillet 2014
382 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-290-07188-5
Coll. "Pour elle. Romantic suspense", 10794

Papa est en colère

A. K. Alexander est le pseudonyme choisi par la romancière Michele Scott pour ses thrillers féminins. Cette belle brune est une folle des chevaux (elle en possède huit). Elle affiche l'un des plus beaux sourires d'Amazon (ce n'était pas difficile en gros plan entre trois têtes de chevaux faisant la gueule) et est surtout connue pour des romans young adults (sur les chevaux), un thriller hippique et une série de mystères d'œnologue avec une héroïne qui se boissonne au syrah et au chardonnay. Je te trouverai est son premier thriller traduit en France. Ce roman retient l'attention notamment par les motivations du serial killer de service qui constituent une mise en abîme intéressante des motifs premiers de ce genre de littérature. Car notre fou criminel est à la recherche de l'amour conjugal ! Grand, beau et avenant, Gunter hante les aires de jeux et les fast-food pour repérer les femmes sans alliance mais avec enfant. Hélas, il va un peu vite en besogne. Même s'il prépare des dîners aux chandelles en investissant la maison de l'épouse qu'il s'est choisie, la promise en question n'est pas forcément d'accord quand elle rentre chez elle, surtout quand elle apprend que sa fille de huit ans est ligotée au premier étage. Alors, tout se détraque. Dans son délire, le serial killer entend imposer son rôle de père par la force. Le chapitre des meurtres d'une mère et de sa fille est d'ailleurs très impressionnant.
A. K. Alexander entre en empathie avec son héroïne inspectrice (belle et sexy) encore sous le choc de l'explosion de son mari, lui aussi flic, dans un labo clandestin. Le roman commence par son examen d'une première scène de crime mère/fille. L'auteur, comme la plupart de ses consœurs, se montre très compétente dans le récit des procédures et le travail d'équipe policière. Il faut dire que les séries TV sont passées par là pour apporter documentation et ambiance. Dur, dur, d'être inspectrice et mère seule au foyer quand on doit embrayer sur la petite fête scolaire de sa fille. Le lecteur se dit qu'elles vont bientôt se retrouver face à Gunter (gagné !). Mais, entretemps, il y a ce beau vétérinaire, lui aussi seul et chargé de deux filles, qui lui fait du gringe à droite de la scène où se trémoussent les gamines tête à claques (c'est encore pire quand elles sont américaines).
A. K. Alexander débute très bien son roman mais perd les pédales après les meurtres du deuxième couple mère/fille. Une enquête dans un club échangiste oriente notre enquêtrice-taupe (déguisée en playmate assoiffée de sexe) vers un tenancier pédophile et une réceptionniste qui s'avère être la sœur incestueuse du serial killer tandis qu'une autre sœur apparaît comme par magie mais très loin du lieu d'action. Là-dessus Gunter loue un avion (ah bon, il a son permis ?) et coince notre héroïne dans le chalet de vacances de son beau véto où elle passe un week-end avec leurs deux petites filles. Ni une ni deux, elle fait semblant de vouloir l'épouser à Reno, s'embarque dans l'avion, lui fait une fellation complète avant d'avoir l'idée saugrenue de le mordre bien après l'orgasme (pourquoi ne l'a-t-elle pas fait avant ?). Résultat : l'avion s'écrase...
On ne racontera pas plus le scénario de ce livre qui a le mérite premier d'être atypique puisqu'il exploite les situations banales d'une vie monoparentale (des pages et des pages de dialogues domestiques avec l'enfant ce qui est le comble de la banalité) et l'approche difficile d'un nouveau compagnon dans la même situation (des pages et des pages du même tonneau). Tout ceci vient en regard du fantasme de normalité du serial killer (des pages de banalités mais là à lire au second degré) et du déchaînement de violence qui vient après qu'il se soit montré charmant et agréable avec ses petits plats dans les grands. Nous sommes donc bien dans un récit de cellule familiale pervertie avec le personnage de l'Homme vu du côté bénéfique/absent et maléfique/présent. D'ailleurs, le titre anglais (Daddy's Home) est explicite en restant très ouvert. Quel que soit le profil de ce Janus, la mère et l'enfant apparaissent comme aimantes ou victimes mais toujours soumises. Et c'est cela qui peut ravir, par projection, les lectrices qui se reconnaîtront dans ces situations.

Citation

Durant l'heure et demie qui s'ensuivit, elle perdit plusieurs fois connaissance pendant qu'il lui infligeait des tortures cruelles et obscènes auxquelles elle n'aurait jamais imaginé que quelqu'un puisse survivre.
Ce en quoi elle avait raison.

Rédacteur: Michel Amelin mardi 26 août 2014
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