Le Dernier jour de juillet

Pour Esther, la loi est toujours noire ou blanche. Il faut que ce soit comme ça. Les nuances de gris qui distinguent les criminels relèvent de la compétence des procureurs qui traitent l'écrasante charge de travail qui leur est confiée chaque jour. Eux seuls ont le pouvoir de décider des nuances. Pas la police.
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samedi 20 avril

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Roman - Policier

Le Dernier jour de juillet

Historique - Guerre - Assassinat MAJ vendredi 31 octobre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,95 €

Bartłomiej Rychter
Ostatni Dzien lipca - 2012
Traduit du polonais par Kamil Barbarski
Gennevilliers : Prisma, juin 2014
320 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-8104-1287-7
Coll. "Noir"

Deux meurtres pour une seule affaire ?

L'armée allemande, qui recule devant les forces russes, arrive à Varsovie. Les Polonais organisent la résistance. Dans ce contexte, le 31 juillet 1944, à la veille de l'insurrection de la ville, deux morts, apparemment accidentelles, interpellent deux enquêteurs amateurs. Un récit en tension mené de main de maître.

Antoni Chlebowski vit dans le passé depuis la mort d'Anna, son épouse, en 1939. Irena, une jeune résistante, s'occupe de cet avocat qui ne peut plus plaider, ayant exercé son activité avec un juif avant la guerre. Dans la mesure de ses moyens, il participe à la résistance en fournissant des textes pour le journal clandestin.
Klaus Enkel est tirailleur-chef dans la Wehrmacht. Il recule depuis le front de l'Est et arrive à Varsovie. Dans sa section, Bommel, un colosse, le menace régulièrement de mort, lui et Herman Frink qui affiche ouvertement ses préférences homosexuelles. Mais, Herman est craint car il est totalement imprévisible, capable des actes les plus fous. C'est lui, cependant, qui est retrouvé pendu à l'issue d'une nuit de corvée.
Parce qu'il faut tout le monde pour déménager le poste émetteur clandestin, Antoni, malgré sa vue faible est promu guetteur dans la rue. Il fait échouer une tentative de localisation et rejoint quelques résistants dans le nouveau local. Alors qu'il sort pour rentrer chez lui, il entend le bruit d'un corps qui s'écrase sur le sol. Il reconnait Zosia, la télégraphiste. Elle vit encore malgré sa colonne vertébrale brisée, s'accroche à sa main et tente, malgré sa souffrance, de lui faire passer un message. Le seul mot qu'il comprend est "Journal". Elle agonise toute la nuit sans lâcher sa main.
Si, pour Klaus le suicide d'Herman est impossible, Antoni, pour sa part, est persuadé que Zosia a été poussée dans le vide.
Deux hommes que tout sépare, dans une ville en insurrection, vont tenter de découvrir la vérité, mais à quel prix...

Enfin un roman qui, dans le Varsovie des années 1940, ne se déroule pas dans le Ghetto, et sort du manichéisme habituel en donnant une autre vision des Polonais et des soldats allemands.
Avec Antoni, le romancier construit un personnage étonnant, attachant, d'une grande empathie. Présenté comme un handicapé de la vie il va, peu à peu, s'affirmer et donner toute sa valeur à l'intrigue et au roman.
Parallèlement, avec Klaus Enkel, Bartłomiej Rychter brosse le portrait d'un homme pris dans une tourmente qui le dépasse. Il a peut-être cru à certaines promesses, mais il a su évoluer et prendre conscience de la réalité : "Le front de l'Est avait guéri leur nazisme."
Autour de ces personnages principaux, l'auteur croise deux intrigues qui se déroulent dans des univers différents et qui semblent avoir des rapports antinomiques. Le cadre de l'insurrection est bien défini et montre que celle-ci n'avait pas pour seul but d'affaiblir les restes de la Wehrmacht, mais de tenter de s'imposer face à un nouvel ennemi. L'auteur ne fait pas l'impasse sur des scènes particulièrement dures, âpres, mettant en avant le caractère difficile de choix cruciaux qu'il faut accepter ou non. Faut-il, par exemple, sacrifier une personne pour en sauver plusieurs ? Faut-il céder aux fanatiques ou s'en débarrasser de façon définitive ?
Parfaitement documenté, le récit agrège nombre de détails de la vie quotidienne, des détails qui ne sont pas calqués artificiellement comme trop souvent, mais intégrés habilement dans le déroulement de l'intrigue.
Le Dernier jour de juillet est un roman que l'on découvre avec beaucoup d'intérêt car il propose une autre vision de Varsovie, une vision différente de celle que l'on nous sert habituellement et qui tient compte de toutes les parties prenantes de cette époque, dans ce lieu. Attractive, cette histoire dans l'Histoire devient addictive jusqu'à une chute remarquable.

Citation

Il vit une forme noire sur fond de ciel bleu, mais trop étendue pour être un pigeon. Il perçut un bref gémissement avant qu'un corps mou ne heurte le pavé avec un bruit de clappement ignoble.

Rédacteur: Serge Perraud lundi 25 août 2014
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