Une terre d'ombre

J'ai tué pour vous et vous avez mis ma tête à prix.
Kurt Neumann - Le Kid du Texas
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

samedi 20 avril

Contenu

Roman - Noir

Une terre d'ombre

Historique - Social - Guerre - Évasion MAJ mardi 01 juillet 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Ron Rash
The Cove - 2012
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Reinharez
Paris : Le Seuil, janvier 2014
242 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-108918-9
Coll. "Cadre vert"

Actualités

  • 08/10 Café littéraire: Rencontre avec Ron Rash (75)
  • 19/07 Prix littéraire: Finalistes 2015 des Balais d'or
  • 27/11 Prix littéraire: Les 20 meilleurs livres de 2014 selon Lire
    Mercredi 26 novembre, au Grand Palais, le magazine Lire délivrait son palmarès des ouvrages de l'année selon des genres et des catégories nombreuses, hétérociltes et quelque peu oublieuses. Si l'on peut se réjouir du Meilleur livre attribué au Royaume, d'Emmanuel Carrère, tant le roman a fait parler de lui et tant il a su se faire oublier à son corps défendant des grands prix littéraires, on peut avoir des avis circonspects sur la nomenclature. Pourquoi différencier polar et roman noir, et décerner le premier à un roman noir et le second à un roman qui ne l'est pas ? Pourquoi deux catégories pour la littérature policière et aucune pour les littératures de l'imaginaire ? Et l'on pourra toujours regretter que la jeunesse se trouve restreinte aux romans (quand on voit la quantité de très beaux albums), et que les beaux livres se retrouvent hors compétition. Quoi qu'il en soit, les lauréats et nombre de finalistes sont très k-librés, de la révélation étrangère avec Le Fils, de Philipp Meyer, au récit pour Tristesse de la nuit, d'Éric Vuillard, en passant la biographie (Fouché : les silences de la pieuvre, d'Émmanuel de Waresquiel) et l'enquête (Extra pure : voyage dans l'économie de la cocaïne, de Roberto Saviano).

    Palmarès :

    Meilleur livre :
    Lauréat : Le Royaume, d'Emmanuel Carrère (P.O.L.).

    Meilleur roman étranger :
    Lauréat : Et rien d'autre, de James Salter (L'Olivier).
    Finalistes : Les Réputations, de Juan Gabriel Vásquez (Le Seuil) & Le Chardonneret, de Donna Tartt (Plon).

    Meilleur roman français :
    Lauréats : Réparer les vivants, de Maylis de Kerangal (Vertical) & L'Amour et les forêts, d'Éric Reinhardt (Galimard).
    Finalistes : La Petite communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafon (Actes Sud) & En finir avec Eddy Bellegueule, d'Édouard Louis (Le Seuil).

    Révélation étrangère :
    Lauréat : Le Fils, de Philipp Meyer (Albin Michel).
    Finalistes : Entre les jours, d'Andrew Porter (L'Olivier) & Le Tabac Tresniek, de Robert Seethaler (Sabine Wespieser).

    Révélation française :
    Lauréat : Les Rands, de Sylvain Prudhomme (Gallimard).
    Finalistes : Si le froid est rude, d'Olivier Benyahya & La Condition pavillonnaire, de Sophie Divry (Noir sur Blancc/Notabilia).

    Premier roman français :
    Lauréat : Debout-payé, de Gauz (Le Nouvel Attila).
    Finalistes : Dans le jardin de l'ogre, de Leïla Slimani (Gallimard) et Tram 83, de Fiston Mwanza Mujila (Métailié).

    Premier roman étranger :
    Lauréat : Notre quelque part, de Nii Ayikwei Parkes (Zulma).
    Finalistes : Le Ravissement des innocents, de Taiye Selasi (Gallimard) & Le Complexe d'Éden Bellwether, de Benjamin Wood (Zulma).

    Récit :
    Lauréat : Tristesse de la terre, d'Éric Vuillard (Actes Sud).
    Finalistes : Le Météorologue, d'Olivier Rolin (Le Seuil) & Amour de pierre, de Grazyna Jagielska (Les Équateurs).

    Polar :
    Lauréat : Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages).
    Finalistes : Ombres et Soleil, de Dominique Sylvain (Viviane Hamy) & Un vent de cendres, de Sandrine Collette (Denoël).

    Roman noir :
    Lauréat : Une terre d'ombre, de Ron Rash (Le Seuil).
    Finalistes : 911, de Shannon Burke (Sonatine) & Ne reste que la violence, de Malcolm Mackay (Liana Levi).

    Enquête :
    Lauréat : Extra pure : voyage dans l'économie de la cocaïne, de Roberto Saviano (Gallimard).
    Finalistes : Smart : enquête sur les Internets, de Frédéric Martel (Stock) & Une si jolie petite fille, de Gitta Sereny (Plein Jour).

    Biographie :
    Lauréat : Fouché : les silences de la pieuvre, d'Émmanuel de Waresquiel (Tallandier/Fayard).
    Finalistes : Jules Ferry, de Mona Ozouf (Gallimard) & Notre Chanel, de Jean Lebrun (Bleu autour).

    Histoire :
    Lauréat : Le Feu aux poudres : qui a déclenché la guerre en 1914 ?, de Gerd Krumeich (Belin).
    Finalistes : La Chute de Rome, de Bryan Ward-Perkins (Alma) & Dictionnaire amoureux de la Résistance, de Gilles Perrault (Plon/Fayard).

    Autobiographie :
    Lauréat : Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas, de Paul Veyne (Albin Michel).
    Finalistes : Un homme amoureux, de Karl Ove Knausgaard (Denoël) & Les Feux de Saint-Elme, de Daniel Cordier (Gallimard).

    Sciences :
    Lauréat : Le Code de la conscience, de Stanislas Dehaene (Odile Jacob).
    Finalistes : Plaidoyer pour la forêt tropicale, de Francis Hallé (Actes Sud) & Pasteur et Koch, de Annick Perrot & Maxime Schwartz (Odile Jacob).

    Voyage :
    Lauréat : Les Oies des neiges, de William Fiennes (Hoëbeke).
    Finalistes : Pô, le roman d'un fleuve, de Paolo Rumiz (Hoëbeke) & L'Oural en plein cœur, d'Astrid Wendlandt (Albin Michel).

    Bande dessinée :
    Lauréat : La Technique du périnée, de Ruppert & Mulot (Dupuis/Aire Libre).
    Finalistes : L'Arabe du futur, de Riad Sattouf (Allary Editions) & Moi, assassin, d'Antonio Altarriba & Keko (Denoël Graphic).

    Jeunesse :
    Lauréat : Adam et Thomas, d'Aharon Appelfeld (L'École des loisirs).
    Finalistes : Humains, de Matt Haig (Hélium) & Le Livre de Perle, de Timothée de Fombelle (Gallimard jeunesse).

    Livre audio :
    Lauréat : Éloge de l'ombre, de Junichirô Tanizaki, lu par Angelin Preljocaj (Naïve).
    Finalistes : L'IInsoutenable légèreté de l'être, de Milan Kundera, lu par Raphaël Enthoven (Gallimard) & Une femme aimée, d'Andreï Makine, lu par Bertrand Suarez-Pazos (Thélème).
    Liens : Moi, assassin |Tristesse de la terre : une histoire de Buffalo Bill Cody |Après la guerre |Le Chardonneret |Un vent de cendres |911 |Une si jolie petite fille : les crimes de Mary Bell |Maylis de Kerangal |Hervé Le Corre |Dominique Sylvain |Ron Rash |Lire

  • 16/06 Prix littéraire: Sélections 2014 des GPLP

L'homme au pipeau

Fidèle à ses habitudes depuis maintenant quatre romans, l'écrivain américain Ron Rash dresse un portrait flamboyant des Appalaches habitées par des gens ordinaires dépeints magnifiquement. Nous sommes en 1918, et si la Première Guerre mondiale fait rage sur le vieux continent, elle va faire des ravages dramatiques dans un vallon maudit aux abord de Mars Hills. Là vient s'échouer un étrange joueur de flûte muet recueilli par une femme qui les gens accusent de sorcellerie parce qu'elle a une tâche de naissance, et son frère, rescapé des conflits où il y a perdu une main. Walter est un être énigmatique qui n'a qu'un but : rejoindre New York où un grand chef d'orchestre lui a promis de le prendre sous sa coupe. Le lecteur sait qu'il s'est échappé de Hot Springs, une drôle de prison, mais ne comprend pas de quoi il est accusé, ni quelles sont exactement ses motivations. Dans un premier temps, à peine remis d'une attaque d'un essaim d'abeilles, il ne cherche qu'à repartir de l'avant, mais il y a cet avis de recherche avec ses traits sur le quai de la gare. Alors il s'en retourne vivre avec Laurel et Hank. Bientôt, une idylle nait entre lui et la jeune femme. Le respect, cela fait longtemps qu'il l'a gagné auprès de Hank et surtout du voisin Slidell, un vieil homme bourru mais certainement pas aigri. Dans la petite ville, pendant ce temps, un homme est chargé du recrutement des volontaires pour aller participer à la Grande Guerre. Lâche, Chauncey est l'incarnation du planqué haï par les hommes qui ont (sur)vécu au front, et qui va finir par s'octroyer le commandement d'une mission qui doit lui offrir gloire et renommée. Seulement, la gloire et la renommée ne s'acquièrent pas comme cela.

Ron Rash prend le temps d'installer ses différents protagonistes dans un monde de taiseux où les bavards souffrent et font souffrir. Il parsème une intrigue classique et intelligente de faits historiques. S'intéresse au sort des civils américains aux origines germaniques, donne du rêve que ce soit à travers une flûte en argent de Paris ou du Vaterland (rebaptisé Leviathan par les Américains), un grand transatlantique à plusieurs ponts. Ses personnages héritent en droite ligne leurs personnalités des œuvres de Faulkner, Steinbeck et Caldwell. Ils sont ou pleutres, lâches et fainéants ou généreux dans la vie et dans l'effort. Avec son vallon maudit, il fait resurgir toute une mythologie universelle empreinte d'ostracisme. Son roman se teinte alors de jalousie, d'autodafé et de racisme. L'Amérique rurale et rustre se laisse gagner par les pulsions amères de troubles personnages. Dès le début, l'on comprend que l'histoire qui se déroule sous nos yeux est amenée à se conclure tragiquement car un homme recueille dans le sceau d'un puits un crâne aux orbites noirs. Pendant toute la durée de la lecture, on cherche à savoir qui sera la victime. Mais Ron Rash est un romancier fin qui aime à multiplier les chemins d'errance. Il multiplie les fausses pistes et est à l'aise dans les doubles sens. Mais il n'en oublie pas pour autant un lyrisme prononcé qui de roman en roman s'aguerrit et s'offre un fatalisme d'envergure alors même que l'armistice est signé à la fin de ce roman qui se conclue sur une touche douce amère. Et surtout, il ajoute une grande histoire d'amour dramatique, qui amplifie l'aspect romanesque.

Récompenses :
Prix Lucioles des lecteurs 2014
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2014

Nominations :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2015
Trophée 813 Michèle Witta du roman étranger 2015

Citation

Toutes sortes de serpents venimeux et de plantes toxiques prospéraient ici et chaque pas était dangereux. D'immenses grottes remplies d'eau s'étendaient juste sous la surface apparemment ferme du sol. Qui pouvait céder et précipiter un homme trente mètres plus bas dans une eau si noire que les truites qui étaient là étaient aveugles.

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 12 novembre 2014
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page