Le Tour d'abandon

Molinari ouvrit la sacoche qu'il portait en bandoulière. Il en sortit un étui qui contenait des gants en caoutchouc, une pince à prélèvement, des pochettes à scellé et des masques de gaze légère. Ils enfilèrent d'abord les masques. Ils s'approchèrent encore. Un nuage de mouches bourdonnait autour du cadavre.
Gérard Lecas - Le Sang de nos ennemis
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Policier

Le Tour d'abandon

Historique - Vengeance - Assassinat MAJ lundi 26 mai 2014

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Andrea H. Japp
Paris : Flammarion, février 2014
416 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-0812-7837-0

Et le bourreau pleura !

Outre les détectives de métier, les romanciers ont puisé, pour leurs enquêteurs, dans presque toutes les professions. Andrea H. Japp, avec M. Justice de Mortagne, propose une catégorie nouvelle, certainement utilisée pour la première fois. Avec malice, elle met en scène, dans le Moyen Âge classique, un bourreau, un homme dont l'activité principale est loin d'être celle d'un justicier traquant les criminels.

Hardouin cadet-Venelle est le bourreau de Mortagne, un village de la seigneurie de Nogent-le-Rotrou. Parce qu'il est hanté par le remords d'avoir brûlé une innocente, il décide de faire office de justicier dans le pays.
Pour l'heure, il cherche le moyen d'innocenter Mahaut de Vigonrin, la sœur cadette de Marie de Salvin, la femme dont le souvenir le poursuit. Elle est accusée d'avoir enherbé son père, son mari et son fils.
Parallèlement, des nouveau-nés sont enlevés des tours d'abandon de Nogent, ces structures mises en place dès le XIe siècle pour freiner l'infanticide.
Le bailli Guy de Trais est victime des manigances politiques de Charles de Valois, et remplacé par Louis d'Avre, un ancien soldat inféodé au frère du roi.
Quand les meurtres et les disparitions se multiplient, le nouveau bailli demande l'aide d'Hardouin. Afin que la justice soit la même pour tous, il accepte d'enquêter sur la mort de deux jeunes femmes du peuple, sur les enlèvements de jeunes enfants, sur les gamins qui sont retrouvés entravés, les membres brisés...
Dans tout le pays, la grogne monte avec la dévaluation de la monnaie, une manipulation financière qui fait le bonheur de Charles de Valois.
Hardouin cherche, par tous les moyens, à établir l'innocence de Mahaut.

Andrea H. Japp signe une intrigue aux multiples ramifications. Elle entremêle, avec adresse, les complots politiques, la recherche éperdue de richesse, le désir de vengeance, les effets du remords, l'avidité et le désespoir face à des vies gâchées. En tant que romancière ayant une parfaite connaissance de son univers, elle donne un récit maîtrisé, magnifié par son talent à construire des histoires aux ressorts nombreux et complexes.
Elle fait montre d'une culture peu commune quant au fonctionnement de la société médiévale, à l'état d'esprit des diverses couches sociale. Elle sait user du vocabulaire de l'époque, le rendant compréhensible par les lecteurs du XXIe siècle.
Elle décrit de façon réaliste l'existence quotidienne, apportant mille détails piquants sur la vie à cette époque, en milieu rural.
Elle explicite le statut du bourreau, son isolement, sa vie d'exclus. Mais, elle s'attarde peu sur son activité, donnant la priorité à ses états d'âme, à la façon dont il mène l'enquête en louvoyant entre les différentes structures de la justice officielle.

Elle quitte les pas de son héros pour s'attacher à ceux de Guillaume de Nogaret, le conseiller très écouté du roi Philippe le Bel, et fait pénétrer le lecteur dans son intimité, dans son dévouement à la cause royale et les multiples machinations qu'il ourdissait pour maintenir le royaume en état de marche.

Ce troisième volet des enquêtes de M. de Mortagne est un régal par son intrigue organisée de belle manière, par l'empathie de son héros, par sa galerie de personnages et par le juste éclairage donné sur ce début du XIVe siècle.

Citation

- Que n'y ai-je pensé plus tôt ! Ah, quel vieil imbécile ! Pas d'oligurie ! Aucun des trois ![...]
Le mire avait alors expliqué à l'exécuteur des hautes œuvres que l'oligurie désignait une importante raréfaction des urines émises, signe d'une intoxication aiguë au plomb.

Rédacteur: Serge Perraud mardi 06 mai 2014
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page