Corps à l'écart

Ne souris pas, ne sois pas tendre... sois sombre, dur et classe... violence et élégance... il faut de l'esthétisme, même dans le mal... sois cynique et scénique... tiens-toi droit...
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mardi 23 avril

Contenu

Roman - Noir

Corps à l'écart

Social - Trafic MAJ mardi 21 janvier 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Elisabetta Bucciarelli
Corpi di scarto - 2011
Traduit de l'italien par Sarah Guilmault
Paris : Asphalte, janvier 2014
202 p. ; 20 x 15 cm
ISBN 978-2-918767-34-3
Coll. "Fictions"

Décharge sociale

Si vous cherchez de l'évasion, du rêve, de l'exotisme, passez votre chemin. Elisabetta Bucciarelli a choisi de planter son histoire dans une décharge du nord de l'Italie. Mais évitant le misérabilisme, elle y décrit ces petites vies faites de débrouille, de bricolage et de récupération. Ces vies qui se sont installées ici comme dans un ultime refuge, au milieu des détritus et de leurs odeurs. Ses héros n'errent pas, ils s'organisent, ils ont choisi de vivre ici. Enfin, choisi... pour certains d'entre eux qui maîtrisent parfaitement la géographie de la décharge, les endroits où l'on peut découvrir des "merveilles" et ceux où mieux vaut éviter de mettre les pieds : la "putride", cette zone où règne la Chose, innommée car jamais vue. Mais elle rode, elle est là, elle gronde et effraie autant qu'elle attire.

Iac tient le premier rôle. Adolescent amoureux de Silvia, une fille de la Ville, "il lui semblait que l'absence d'horizon maîtrisait ses angoisses, plus que les murs, que les tranchées, que la décharge elle-même". Il y a également Lira son ami dont on ne sait finalement pas grand-chose, si ce n'est que tout comme Iac, il a un autre chez lui où il ne sent pas chez lui. Il y a Sadam et Argos, deux immigrés arrivés là par les hasards de la misère. Et il y a le vieux qui "avait une tête de vieux, et il était seul, aussi".
Cet ordre dans le désordre est troublé par ces hommes qui viennent en dehors des horaires d'ouverture pour se livrer à un trafic de déchets toxiques. Leur apparition viole leur refuge et importe la violence de la ville à l'intérieur de la décharge. "Au fond, si on est habitué à en prendre, peu importe la provenance, les coups restent des coups." Mais ces coups-là symbolisent la fin de la quiétude, la cassure de la frontière entre eux et l'extérieur. Lorenzo, le pompier, est justement le symbole de cette zone tampon entre la Ville et la Décharge, il est celui qui tend une main qu'on hésite à saisir. Parce qu'on ne veut pas partir. La décharge c'est chez nous. Zone tampon parce que Bucciarelli divise son monde en deux, d'un côté les nantis personnifiés par le père de Silvia, chirurgien esthétique réputé, et sa clientèle à l'affût de la moindre ride, et de l'autre celui de la communauté de la décharge vivant d'expédients.

Corps à l'écart surprend par sa capacité à tirer de la poésie au milieu des ordures, par la simplicité de son écriture et de ses personnages qui ne demandent rien, ne revendiquent rien. Bucciarelli en profite pour aborder cette question du trafic des déchets en Italie (la postface mettant en lien la fiction et l'actualité italienne) et mener une critique sévère de la société de consommation.

Citation

- Et tu es qui ?
- Ce que tu es toi aussi Argos. Le déchet de quelqu'un qui n'a plus voulu de toi.

Rédacteur: Gilles Marchand mercredi 15 janvier 2014
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