Les Nouvelles affaires criminelles politiques

Une profonde ride barre le front du père. Notre projet lui plaît d'autant plus qu'il n'a jamais eu les moyens - ou l'ambition - d'être autre chose qu'un simple maçon de base.
Guy Charmasson - Les Fassetti escrocs & Cie
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Essai - Policier

Les Nouvelles affaires criminelles politiques

Politique - Historique - Faits divers MAJ lundi 09 décembre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 28 €

Vincent Brousse & Philippe Grandcoing
Riom : De Borée, novembre 2013
428 p. ; illustrations en noir & blanc ; 25 x 17 cm
ISBN 978-2-8129-0698-5
Coll. "Histoire et documents"

La haine est notre compagne

Visiblement infatigables, les deux professeurs d'histoire et chercheurs spécialistes des XIXe et XXe siècle ajoutent un nouvel opus à leur déjà importante production pour les éditions De Borée. Ici, ils rééditent leur coup des Affaires criminelles politiques avec un deuxième volume en couverture rigide truffé de documents, de caricatures, de dessins, d'articles, de photos, de cartes et d'une bibliographie, affaire par affaire, claire et complète pour ceux qui veulent en savoir plus. Le tout très bien mis en page et passionnant. A priori, contrairement aux faits divers, les affaires politiques ne sont pas une lecture dite "de distraction". Vincent Brousse et Philippe Grandcoing qui écrivent sur les faits divers à grands coups de novélisation s'en gardent bien car le sérieux des sujets en serait entamé. C'est donc avec une écriture épurée, vive et efficace qu'ils se lancent dans un parcours qui va nous mener de l'exécution de Damien pour attentat contre Louis XV dans les premiers jours de 1757 à la mort de Jean-Antoine Tramoni en 1977, ex-vigile ayant tué Pierre Overney en 1972 - ce dernier étant un personnage important du mouvement de Mai-68.

Après l'horrible exécution de Damien, et les décapitations au couteau de boucher du gouverneur de la Bastille et du prévôt des marchands en 1789 dont les têtes se retrouvèrent sur les fameuses piques, voici l'époque de la Convention puis de la Terreur. Alors que les royalistes "redressent la tête" les Sans-culottes parisiens envahissent la convention en mai 1795 et s'emparent du député Féraud pour le décapiter et ramener là aussi sa tête sur une pique. En 1809, le tout jeune Friedrich Staps tente d'assassiner Napoléon. Celui-ci le rencontre personnellement et est impressionné par sa bravoure et son engagement ce qui ne lui évitera pas la mort devant le peloton. Après la mort du général Malet, exécuté pour conspiration en 1754, et celle du général Ramel, massacré par les Verdets royalistes en 1817, on aborde, après l'attentat à la canne-fusil de Louis Alibaud en 1836 sur Louis-Philippe, la période des bombes politiques. Orsini en 1858 frappe fort (cent cinquante-six victimes et vingt-six chevaux morts ou blessés) "l'impératrice, éjectée de la voiture par le souffle de l'explosion, gisait sur le trottoir, la robe tachée du sang d'autres blessés. Mais le couple impérial était sain et sauf, sans doute grâce à la plaque d'acier renforçant le plancher de la voiture qui avait joué le rôle d'un écran pare-balle". Parmi les nombreuses affaires traitées ensuite, on retiendra la mort du journaliste Victor Noir révolvérisé par le cousin de Bonaparte. Si vous ne connaissez pas l'anecdote, vous apprendrez pourquoi la statue allongée de Noir au Père-Lachaise a la braguette aussi bien astiquée. L'ingénieur Watrin est lynché par ses ouvriers grévistes en 1886. La terrible manifestation de Fourmies le 1er mai 1891 est réprimée par les tirs de soldats (dix morts dont deux enfants et quatre jeunes femmes).

Les gouvernements valsent avec les scandales comme celui de Panama qui attisent à la fois les bombes anarchiques et l'émergence d'une nouvelle pègre dont la Bande à Bonnot est le parfait exemple. À l'approche de la fin du XIXe siècle, c'est l'affrontement des trimards des salines d'Aigues-Mortes dont les Italiens furent les victimes, puis les campagnes de colonisation en Afrique. L'histoire effarante de la "colonne Voulet-Chanoine" qui extermine des villages entiers possède tous les ingrédients pour un formidable film hollywoodien, le capitaine Voulet devenant de plus en plus fou et se rêvant roi d'Afrique. Impossible ici de résumer toutes les affaires suivantes qui impactèrent l'histoire. L'assassin Soleilland parvint à sauver sa tête en 1907 malgré l'horreur de son crime, mais le projet d'abolir la peine de mort passa à la trappe. L'histoire choisie pour illustrer les "fusillés pour l'exemple" dans les tranchées de Verdun est sidérante de cynisme. Dans la période moderne, on retiendra, outre cet attentat de Dreyfus dans le Panthéon lors du transport du corps de Zola, la sinistre montée de l'extrême droite incarnée par de nombreuses ligues et celle des communistes et de la gauche en général se soldant par des affrontements attisés par une presse excitée et partisane. Enfin, voici le chapitre sur le ministre Jean Zay abattu par des miliciens en 1944 et dont les attaques anti-sémites du député Xavier Vallat (futur premier dirigeant du Commissariat aux questions juives de Vichy en 1941) rendent bien compte de la haine qui pouvait régner à cette époque dans l'opinion.
Au final, un travail remarquable et passionnant aux illustrations toujours pertinentes.

Citation

'Pour gouverner cette nation paysanne qu'est la France, il vaut mieux avoir quelqu'un dont les origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol, qu'un talmudiste subtil.' (Xavier Vallat aux députés le 6 juin 1936)

Rédacteur: Michel Amelin lundi 09 décembre 2013
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