Mademoiselle solitude

Il sortit ses lunettes de lecture de sa poche et les chaussa ; c'était le meilleur moyen d'étudier ces lignes magiques qui captivaient le regard du spectateur avec la force d'un aimant.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Noir

Mademoiselle solitude

Social MAJ mardi 03 décembre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,9 €

Bill Pronzini
Blue Lonesome - 1995
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Frédéric Brument
Paris : Denoël, octobre 2013
322 p. ; 22 x 16 cm
ISBN 978-2-207-11598-5
Coll. "Sueurs froides"

Verres de nuit

Lorsque l'on évoque la peinture américaine, l'on pense rapidement à celle d'Edward Hopper avec ses personnages solitaires, accoudés dans des bars au néon, ressassant on ne sait quel péché et tuant l'ennui dans l'observation de longs verres. Et c'est exactement ainsi que s'ouvre le roman de Bill Pronzini. Jim Messanger est un petit comptable qui trompe l'ennui en mangeant dans un petit restaurant, et qui un jour rencontre une femme encore plus solitaire que lui. Elle le repousse mais il la suit, s'intéresse à elle. Aussi, lorsqu'elle se suicide, il veut en savoir plus.
Bill Pronzini, même s'il est moins présent dans les librairies aujourd'hui, est un auteur américain de facture classique qui a publié bon nombre de romans intéressants dans le domaine du polar ou du western. Il allie ici les techniques du roman policier et un décor plus western. Pour découvrir la vérité de Mademoiselle Solitude, il se rend sur les lieux où elle habitait : une petite ville minière et agricole, des habitants soudés et hostiles envers les étrangers, des rumeurs et des rancœurs qui traversent les générations, le casino local où l'on s'assomme d'alcool et de bagarre.
Le roman est centré autour de son personnage qui, confronté à la sœur de la suicidée, va se transformer peu à peu, découvrir que la solitude est une chose bien partagée et devenir un homme nouveau. C'est une variation sur le thème classique de l'étranger qui dévoile les problèmes d'un groupe en venant le titiller. Ce n'est sans doute pas un hasard si Jim Messenger est un amateur de jazz car de subtiles variations autour d'un thème imposé s'insinuent dans le fil de l'intrigue. Stylistiquement, le roman s'ancre dans cette tradition réaliste, cette description d'une Amérique éloignée des paillettes et des grandes cités, où l'on peut essayer de tuer quelqu'un en le jetant au milieu d'un nid de serpents. Une Amérique rurale qui, peu à peu, se réduit comme peau de chagrin, où les éleveurs sont soumis aux administrations tatillonnes, où la vie, même rude, est peut-être, pour quelques années encore, plus exaltante que de traîner sa mélancolie, la nuit, dans des bars vitrés, aux couleurs éclatantes. L'on comprend aisément que Bill Pronzini nous offre avec Mademoiselle Solitude un roman tout en mélancolie.

Citation

Les yeux vacants et douloureux papillotèrent sur lui, constatèrent son existence – avant de la nier à nouveau une ou deux secondes plus tard tandis que son regard se reportait sur son plat.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 02 décembre 2013
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