Ennemis publics n°1 : ces Français que le monde entier a traqués

Elle a vraiment le don pour faire monter la pression. Je tente de me composer un visage détendu, mais j'ai peur. Une angoisse sourde, nourrie par le mugissement sinistre du vent dans la toiture et les gouttières, me tord l'estomac. Une fois qu'elle sera repartie, je resterai seul dans cette maison, et la nuit risque de me paraître très longue.
Jean-Christophe Tixier - Dix minutes à perdre
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Essai - Policier

Ennemis publics n°1 : ces Français que le monde entier a traqués

Braquage/Cambriolage - Arnaque - Faits divers MAJ jeudi 21 novembre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,5 €

Patrick Caujolle
Préface de Claude Cancès
Villeveyrac : Papillon rouge, octobre 2013
288 p. ; illustrations en noir & blanc ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-917875-43-8

Actualités

  • 01/11 Édition: Parutions de la semaine - 1er novembre
    Très peu de poches cette semaine, et pourtant c'est bien vers eux que devront se tourner les regards de tous les amateurs de romans noirs puisque les éditions Rivages proposent dans leur collection "Rivages-Noir" deux romans de Jim Thompson dans une nouvelle et complète (donc inédite) traduction. À ces deux romans, s'ajoute une version totalement remaniée de Placard, de Christian Roux, un texte initialement paru au Serpent à plumes en 2003. Mais ceux qui aiment les nouveautés contemporaines pourront se retourner vers le grand format où Albin Michel monopoliserait presque les parutions avec Pieter Aspe, Deborah Crombie et Tom Clancy. Notre préférence va vers Jean-Claude Lattès qui publie le nouveau roman de Megan Abbott, l'une des rares femmes à avoir écrit du hard boiled, aux éditions Rivages qui font paraitre le nouveau (mais très ancien) James Lee Burke, et au Masque qui propose une virée dans l'Arkansas avec John Brandon. Enfin, nous attirons votre attention sur le court roman d'Anouk Langaney, Même pas morte ! (Albiana), que nous avons chroniqué en ces pages.
    Les bandes dessinées sont vampirisées par les comics qui offrent une profusion d'albums sur Thor - cinéma oblige. Dans ces conditions, la vingt-deuxième aventure de Canardo, le privé le plus boiteux, donc le plus canard, dessinée et scénarisée par Benoit Sokal chez Casterman, passerait inaperçue, tout comme cette bande dessinée dont vous êtes le héros, Sherlock Holmes (Makaka). Ce qui serait à n'en pas douter dommage !
    Vous trouverez en jeunesse de la littérature urbaine d'anticipation, une cow-boy particulière, le retour d'Alex Rider et un conte du Pays basque.

    Fictions adulte grand format :
    Vilaines filles, de Megan Abbott (Jean-Claude Lattès)
    13, de Pieter Aspe (Albin Michel, "Romans étrangers")
    Tatouages, de Didier Beau (du Petit véhicule, "Soleil noir")
    Little rock, de John Brandon (Le Masque, "Grands formats")
    Déposer glaive et bouclier, de James Lee Burke (Rivages, "Thriller")
    Cybermenace, de Tom Clancy (Albin Michel, "Thrillers")
    Mort sur la tamise, de Deborah Crombie (Albin Michel, "Spécial suspense")
    Blueberry Hill, de Fredrik Ekelund (Gaïa, "Polar")
    Même pas morte, d'Anouk Langaney (Albiana)
    Les Éperons maudits, de Éric Lefebvre (Riffle noir)
    Mezos, de François Neurrisse (Terriciaë, "Policier")
    Mourir, la belle affaire, d'Alfredo Noriega (Ombres noires)
    Poussière d'anges, de Jean-Pierre Ribat (Thot, "Polar")
    Appelez-moi Jack, de Sabrina Richard (City, "Thriller")
    La Dernière enchère, de Michel Winthrop (Darval)

    Fictions adulte poche :
    Pièce détachée, de Pieter Aspe (Le Livre de poche, "Policier")
    Des croix sur la route, de Jeffery Deaver (Le Livre de poche, "Thriller")
    La Neige qui venait de l'ouest, de Firmin Le Bourhis (du Palémon)
    Les Âmes torses, de Françoise Le Mer (du Palémon)
    Placards, de Christian Roux (Rivages, "Noir")
    Une femme d'enfer, de Jim Thompson (Rivages, "Noir")
    Un meurtre et rien d'autre, de Jim Thompson (Rivages, "Noir")

    Bandes dessinées :
    Avengers. 4, Cœur de lion d'Avalon, de Chuck Austen & Olivier Coipel (Panini comics, "Marvel. Best comics")
    Mighty Avengers. 1, L'Initiative Ultron, de Brian Michael Bendis, Frank Cho & Mark Bagley (Panini comics, "Marvel Deluxe")
    Sherlock Holmes. 1, de CED (Makaka)
    Thor : vikings, de Garth Ennis & Glenn Fabry (Panini comics, "Marvel. Marvel Dark")
    Thor. 4, La Vengeance des enchanteurs, de Dan Jurgens (Panini comics. "Marvel. Best Comics")
    Thor : the mighty avenger, de Roger Langridge & Chris Samnee (Panini comics, 100 % Marvel")
    Thor : au nom d'Asgard, de Robert Rodi & Simone Bianchi (Panini comics, "Marvel graphic novels")
    Loki, de Robert Rodi & Esad Ribic (Panini comics, "Marvel graphic novels")
    Le Vieux canard et la mer, de Benoit Sokal (Casterman)
    Thor. 1, Renaissance, de J. Michael Straczynski & Olivier Coipel (Panini comics, "Marvel. Marvel Select")
    Thor : season one, de Matthew Surges & Pepe Larraz (Panini comics, "100 % Marvel")
    Bloodshot. À feu et à sang, de Duane Swierczynski, Manuel Garcia & Arturo Lozzi (Panini comics, "100 % Fusion comics")
    Archer & Armstrong. 1, Le Michelangelo code, de Fred Van Lente & Clayton Henry (Panini comics, "100 % Fusion comics")

    Fictions jeunesse :
    Robin des Bois, de Enyd Blyton & Jean-Claude Götting (Gauthier-Languereau)
    Jérémy Couaille, de Valérie Bonenfant & Stéphane Louveau (Nats)
    Jenny la cow-boy, de Jean Gourounas (Atelier du poisson soluble)
    Le Voleur habile : un conte du Pays basque illustré, de Bruno Heitz (Le Genévrier, "Ivoire")
    Alex Rider : roulette russe : spin off, de Anthony Horowitz (Hachette)
    Catacomb city. 1, de Hilary Wagner (Albin Michel jeunesse, "Wizz")

    Criminologie & prisons :
    Les Dossiers d'Interpol : dans le secret des archives, de Pierre Bellemare & Jacques Antoine (J'ai lu, "Littérature générale. Document")
    Les Nouvelles affaires criminelles de Corrèze, de Vincent Brousse & Philippe Grandcoing (De Borée, "Histoire et documents")
    Ennemis publics n°1 : ces Français que le monde entier a traqués, de Patrick Caujolle (Pavillon rouge
    Cultures & conflits. 90, Où sont les murs ? : penser l'enfermement en sciences sociales (L'Harmattan)
    Lucio, maçon, anarchiste et faussaire, de Bernard Thomas (Ravin bleu)
    Profiling : comment le criminel se trahit !, de Danièle Zucker (Racine)

    Problèmes sociaux & séécurité publique :
    Sapeur-pompier volontaire : équipier secours routier : module 3 (Icône graphic)

    Relations internationales
    Le Roman de l'espionnage, de Vladimir Fedorovski (Le Livre de poche)
    Liens : Même pas morte ! |Pièce détachée |Les Nouvelles affaires criminelles de Corrèze |Placards |Déposer glaive et bouclier |Blueberry Hill |Megan Abbott |Pieter Aspe |James Lee Burke |Deborah Crombie |Fredrik Ekelund |Anouk Langaney |Jeffery Deaver |Christian Roux |Jim Thompson | Sokal |Duane Swierczynski |Pierre Bellemare |Patrick Caujolle

Hommes de biens

"Notre passion commune du métier de flic, raconte Claude Cancès, ex-directeur de la PJ dans sa préface, nous a amenés à une rencontre fortuite, à l'occasion d'une séance de dédicaces, au cours de laquelle j'ai pu apprécier le talent avec lequel il évoque ces années de prise directe avec la criminalité [...] Avec ce passionné, pas de romance, pas de fioritures ni d'interprétations. Mais des faits, des procès et des dialogues, la réalité puisée aux meilleures sources." Nous voilà donc prévenus !
Et, de fait, Patrick Caujolle n'ennuie à aucun moment. Il faut dire qu'il a matière à écrire, avec toutes les têtes d'affiche qu'il aligne. Le format de quelques pages qu'il adopte pour chaque affaire est aussi le moyen le plus sûr de ne pas se lancer dans les digressions. Cet ouvrage est donc destiné à un public néophyte qui voudrait asseoir ses bases en histoire criminelle. Au programme, les grands assassins : Landru, Petiot, Vacher, Weidmann et Thierry Paulin le tueur de vieilles dames... Mais aussi les grands bandits : Cartouche, Mandrin, Bonnot, les Chauffeurs de la Drôme, Pierrot le Fou, Émile Buisson, le Gang des Lyonnais, Spaggiari, Mesrine...
Avec sa chronologie bouleversée, son écriture alerte, son style rapide, l'auteur remporte le pari de cette nouvelle compilation française. Il n'oublie pas de nous livrer des personnages un peu moins connus comme Charles Jud, le premier tueur en train (1860) dont les méfaits, les déguisements, les fuites terrifièrent l'opinion qui voyait le criminel partout. Condamné à mort par contumace, il ne fut jamais attrapé. Autre figure : Alexandre Jacob né en 1879, ancien mousse, anarchiste, cambrioleur de bijouterie avec sa bande. C'est lui qui perçait les plafonds, y glissait un parapluie et l'ouvrait pour récupérer sans bruit les gravats de l'agrandissement du trou. Il inspira Arsène Lupin d'après l'auteur. Condamné au bagne de Guyane, il fera dix-sept tentatives d'évasion et passera dix-neuf ans sur l'île Saint-Joseph pour finir sa peine en Métropole. Libéré en 1927, il entamera une nouvelle vie militante. Jean Pomarèdes, pourtant riche viticulteur dans les années 1830, incendie ses bâtiments pour escroquer les assurances. "Dès lors, devant les dettes qui s'accumulent, sa décision est prise : il sera viticulteur le jour, bandit de grand chemin la nuit. À compter de décembre 1837, c'est ainsi toute une région qui se trouve plongée dans la violence." Car Pomarèdes va tuer, voler, dévaliser...
Finissons par le "fabuleux baron Ludinghausen" qui monte des coups géniaux avec l'aide de sa vieille mère pour voler tableaux et bijoux. En 1949, il emporte un Goya du musée d'Agen grâce à un subterfuge enfantin. En 1948, c'était un Toulouse-Lautrec et un Marquet qui avaient disparu du musée d'Albi. Il frappe dans toute l'Europe et multiplie, comme sa mère, de ronflantes identités. Hélas, madame mère a l'habitude de voyager avec son ouistiti et un tel animal de compagnie ne passe pas inaperçu. Ils sont arrêtés en Suisse avec le Goya. Ludinghausen, sans sa mère, affronte les juges à Berlin et est condamné à trois ans et demi de prison. Il reprend ses activités dès sa sortie. Après de fabuleux droits de douanes payés en amende pour dissimulation d'un Vermeer sous une croûte, il vend le tableau une fortune en Amérique. Les droits de douanes ont, en fait, servi à "authentifier" le tableau qui était faux... Quel magnifique scénario ! D'une manière étonnante, on ne trouve aucune mention de cet incroyable escroc sur internet. L'auteur a bien voulu nous détailler ses recherches pour combler ce manque : "Pour ce qui est de Ludinghausen, je me suis intéressé à lui dans le cadre d'un livre à sortir en février sur Les Grandes affaires criminelles du Lot et Garonne. Ayant appris qu'un Goya avait été volé en 1949, j'ai donc épluché toutes les coupures de presse des journaux locaux (La Dépêche et Sud-Ouest). Les faits connus, j'ai alors cherché sur le site de la Bibliothèque de Toulouse (ressources... collection rosalis... nos collections) pour 'gratter' sur de vieux journaux numérisés (Le Journal de Toulouse, Le Midi socialiste) lesquels ont un moteur de recherche... C'est là où j'ai eu des précisions sur les fausses identités de l'homme et sur ses précédentes affaires... Le tout lié avec Les Dossiers d'Interpol (le 2 je crois) de Pierre Bellemare où il relate l'histoire du faux Vermeer. Voilà, vous en savez autant que moi."
Une excellente trouvaille au tableau de chasse de Patrick Caujolle.

Citation

Aujourd'hui, plus protégé que jamais, l'autoportrait de Goya attend toujours votre regard au musée d'Agen. Comment Ludinghausen, sa mère et le ouistiti l'auraient-ils écoulé ? L'histoire ne le dit pas.

Rédacteur: Michel Amelin jeudi 31 décembre 2015
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