Né sous les coups

Mila est déçue, que croyait-elle ? Que le représentant de leur peuple effectuait sa visite quinzomadaire à son bon ami Cocco ? Qu'un lundi sur deux, il prenait sa pirogue pour ne pas rater la correspondance de 8 h 45 sur les berges de l'Orénoque ? Mais si l'indien n'est pas là, qu'avait Horacio en tête lorsqu'il leur avait proposé cette rencontre ? Il doit avoir un moyen de communiquer avec les Amazoniens. Par téléphone satellitaire ?
Isabelle Bourdial - Chasseur d'esprit
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

mardi 19 mars

Contenu

Roman - Noir

Né sous les coups

Politique - Social - Gang MAJ jeudi 31 octobre 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Martyn Waites
Born under Punches - 2003
Traduit de l'anglais par Alexis G. Nolent
Paris : Rivages, août 2013
464 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2591-7
Coll. "Thriller"

Terrain mineurs

Martyn Waites revient, dans un roman d'investigation journalistique, sur les années sombres du gouvernement de Margaret Thatcher, cette Dame de fer qui a brisé la grève des mineurs du nord de l'Angleterre avec énergie et froideur. Un sujet déjà traité de manière éclatante par David Peace, publié chez le même éditeur, et qui est ici teinté d'horreur, de regrets et de nostalgie. En 1984, à Coldwell, les mineurs font face à des forces de police impressionnantes et à une manipulation d'une opinion qui ne demande qu'à se voiler la face. Le mouvement ouvrier est éreinté, il vit ses dernières heures, ceux qui mènent le combat savent en leur for intérieur que c'est cause perdue, mais ils usent leurs dernières cartouches en un ultime soubresaut qui conduira à une violente course-poursuite dans les rues de Coldwell où la police, un temps, fera preuve d'une sauvagerie que l'on aurait voulu ne plus jamais voir depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Face à cette inhumanité, se dresse en figure chéri-bibienne Larkin, un journaliste freelance idéaliste quant à son métier, témoin actif des faits à l'époque, et qui trouvera bien des années plus tard un témoin puis un allié en la personne de Tony Woodhouse, un ancien footballeur auteur d'un unique but de légende et dont la carrière a été brisée par la pègre locale qui n'avait pas accepté qu'il quitte ses rangs.

Woodhouse et Larkin ne sont pas simplement deux témoins de la petite histoire dans la grande, ils ne sont pas seulement deux hommes déchus de leurs ambitions passés, ils sont les survivants éclopés d'une époque révolue qui tentent de réparer les torts qu'ils pensent avoir commis. Ils continuent à errer dans les rues d'une ville désolée, peuplée de fantômes, cherchant l'absolution dans leurs actes. C'est ainsi que Larkin souhaite écrire la grande enquête de sa vie, à partir des faits dont il a été témoin un jour de charge policière et de passage à tabac. Woodhouse, lui, tient un centre sportif pour junkies et alcooliques. Leurs seules petites victoires à ces hommes se font le week-end quand leur équipe de foot bat celle de la police malgré là aussi de la violence et beaucoup de triche. Dans ce monde très masculin, cohabitent quelques portraits féminins lassés des hommes, pareillement détruits - l'ancienne petite amie de Larkin a trouvé la mort de façon violente, celle de Woodhouse a été battue à mort et violée avant de mener une vie qu'elle abhorre avec un homme amoureux d'elle qu'elle déteste, et deux enfants qu'elle ne comprend pas. Martyn Waites pose un regard froid sur une période noire de l'Angleterre. Il s'offre quelques fulgurances notamment quand il raconte les faits, que l'on vit ainsi de l'intérieur. Son intrigue est empreinte d'un pathos omniprésent, il y a ici et là quelques grosses ficelles, quelques effets larmoyants, mais ce qui impressionne, c'est cette rupture entre les portraits de mêmes personnages à vingt ans d'intervalle. L'auteur diffère de son auguste prédécesseur car il se permet une fin noire mais bien moins noire et désespérante. Mais pour un premier roman, même si l'originalité n'est pas de mise, c'est un beau coup d'essai. Et l'on comprend pourquoi la récente mort de Margaret Thatcher a été fêtée...

Récompenses :
Grand prix du roman noir étranger du Cercle rouge 2014

Nominations :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2014
Prix SNCF du polar/Roman 2014
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2014

Citation

La seule chose qui manquait aux policiers, pensa-t-il, c'était une croix gammée sur leurs bras.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 29 octobre 2013
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page